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"Tous les recours ne sont pas épuisés", estime Kofi Annan sur le dossier iranien

"Tous les recours ne sont pas épuisés", estime Kofi Annan sur le dossier iranien

Kofi Annan
Réagissant à l'adoption par l'AIEA d'une résolution demandant le transfert du dossier nucléaire iranien au Conseil de sécurité, le Secrétaire général a estimé aujourd'hui que « tous les recours n'étaient pas épuisés » et espéré que l'Iran prendrait « des mesures susceptibles de ramener les parties à la table des négociations ».

Lors d'une rencontre avec la presse, à Dubaï où il est actuellement en visite, le Secrétaire général a rappelé aujourd'hui que le directeur général de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, était en train d'établir un rapport sur le dossier nucléaire iranien qu'il devrait soumettre au Conseil des gouverneurs de l'Agence à la fin du mois.

Kofi Annan a aussi espéré que pendant cette période, l'Iran prendrait des mesures susceptibles de ramener les parties à la table des négociations.

Après l'annonce faite par l'Iran de sa décision de reprendre ses activités liées à l'enrichissement de l'uranium, l'UE-3 - France, Allemagne et Royaume-Uni - avait décidé de cesser les négociations avec l'Iran.

Dans une déclaration commune adoptée le 13 janvier dernier, les trois pays avaient également demandé une saisine du Conseil de sécurité pour donner plus de poids aux résolutions de l'AIEA.

A l'issue d'une réunion extraordinaire, le Conseil des gouverneurs a adopté samedi une résolution qui demande à son directeur général de transférer le dossier nucléaire iranien au Conseil de sécurité.

Le Conseil des gouverneurs a estimé « nécessaire » que l'Iran rétablisse la suspension de « toutes activités liées à enrichissement et au retraitement » et que Téhéran « ratifie immédiatement et mette en oeuvre pleinement le Protocole additionnel » au Traité de non prolifération nucléaire (TNP) qui constitue le principal outil international de surveillance d'un programme nucléaire.

Le texte demande également à l'Iran de « rétablir pleinement et rapidement sa coopération avec l'Agence » pour « clarifier les possibles activités qui pourraient avoir une dimension nucléaire militaire ».

L'AIEA demande aussi à son directeur de « continuer ses efforts pour mettre en oeuvre avec l'Iran l'Accord de garanties » qui permet à l'Agence de renforcer ses moyens de contrôle et de détection d'activités nucléaires clandestines (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

Réagissant également à la résolution de l'AIEA, lors d'une réunion informelle avec les membres du Conseil de sécurité au siège de l'ONU, le républicain Richard Lugar, président du comité des relations extérieures du Sénat des Etats-Unis, a appelé le Conseil à prendre des sanctions contre l'Iran et plaidé pour le renforcement des mesures de lutte contre la non-prolifération nucléaire.

Interrogé par la presse, à l'issue de la réunion, sur la différence d'approche de son pays et de celle de la Chine, qui a fait savoir qu'elle privilégiait une approche strictement diplomatique, Richard Lugar a indiqué que « les Etats-Unis appuyaient une solution diplomatique ferme aux côtés des Européens ».

« Comme l'a dit l'ambassadeur chinois, la diplomatie doit se poursuivre. Si la diplomatie ne fonctionne pas, si les inspecteurs de l'AIEA sont expulsés et qu'il y a une volonté manifeste de poursuivre un programme militaire, il faudra imposer des sanctions », a-t-il estimé.

image•Retransmission de la rencontre avec la presse du sénateur américain Richard Lugar [18mins]

“La résolution adoptée “est un succès. La communauté internationale a véritablement fait preuve d'unité. Les P5 [les cinq membres permanents du Conseil de sécurité] ainsi que de nombreux autres pays ont voté en faveur de cette résolution. J'espère à présent que l'Iran entendra le message qui lui a été envoyé », a déclaré pour sa part l'ambassadeur de la France à l'ONU, Jean-Marc de la Sablière, lors d'un point avec la presse à New York.

« Trois ou quatre semaines s'écouleront avant que les discussions ne commencent au Conseil de sécurité. Dans l'intervalle nous espérons que l'Iran comprendra qu'il est dans son intérêt de suspendre de nouveau toutes ses activités liées à l'enrichissement [de l'uranium] », a précisé le représentant de la France.

Voir la page de l'AIEA sur le dossier iranien.