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Darfour : Jan Pronk plaide pour le déploiement d'une force "beaucoup plus importante"

Darfour : Jan Pronk plaide pour le déploiement d'une force "beaucoup plus importante"

Jan Pronk
Reconnaissant que « notre stratégie de paix a échoué au Darfour », le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan a plaidé aujourd'hui pour le déploiement d'une force « beaucoup plus importante » dans la région, qui serait « en mesure de prévenir les attaques contre les civils et de désarmer les milices janjaouites », responsables des pires atrocités.

« Il n'y a toujours pas de paix au Darfour. La poursuite de la violence, des assassinats, des viols et des violations des droits de l'homme ne constituent pas seulement une tragédie pour le peuple du Darfour mais une violation des exigences contenues dans les résolutions du Conseil de sécurité », a déclaré aujourd'hui Jan Pronk, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan et Chef de la Mission préparatoire des Nations Unies au Soudan (MINUS), lors d'une séance publique au Conseil de sécurité sur la situation au Soudan.

« Les parties au Darfour ont échoué et le délai fixé au 31 décembre pour parvenir à un accord de paix est passé sans que personne n'y prête attention. Il semble que les parties ont perdu le sens de l'urgence », a-t-il fait.

« Elles parlent mais n'obtiennent pas de résultats et l'on se demande si elles se préoccupent vraiment du sort de plus de deux millions de personnes vivant dans les camps de réfugiés », a-t-il ajouté.

Le Représentant spécial a souhaité que les parties au Darfour s'inspirent du processus qui a conduit à la signature de l'Accord de paix global entre le Sud et le Nord, dont le point de départ a été la mise en place du cessez-le-feu.

Il a estimé par ailleurs que l'Union africaine (UA) avait accompli un travail remarquable mais qu'elle a subi un manque de ressources et de moyens considérables pour prévenir les attaques.

La situation dans le Darfour est chaotique, a-t-il poursuivi, la terreur continue de régner et les réfugiés ne font plus confiance à personne.

En conséquence, Jan Pronk a estimé qu'il fallait déployer une force « beaucoup plus importante » sur le terrain.

« Un telle force ne doit pas être en attente mais intervenir là où les individus sont menacés. Cette force doit être solide et en mesure de se défendre et prévenir les attaques contre les civils et de désarmer les milices janjaouites qui auraient dû être désarmées par le gouvernement soudanais », a-t-il expliqué.

« Ceci n'a pas été fait malgré les demandes contenues dans les résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il relevé.

« Cette force élargie devrait rester sur le terrain suffisamment longtemps pour instaurer la confiance, au moins trois à quatre ans après la conclusion d'un accord de paix », a encore dit Jan Pronk.

Trois années de violence et de « nettoyage » dans le Darfour montrent clairement que « notre stratégie de paix a échoué », a-t-il conclu. « La responsabilité ultime revient aux auteurs de ces crimes mais nous devons faire plus pour les arrêter et mettre un terme à l'impunité ».

Hier, le Secrétaire général avait annoncé que les Nations Unies envisageaient le déploiement d'une force de réaction rapide sur le terrain, qui serait plus puissante que celle de l'UA. Elle disposerait « d'équipements sophistiqués » et « d'un soutien aérien » (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

Dans sa résolution 1593, adoptée le 31 mars dernier, le Conseil de sécurité avait décidé de déférer au Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) la question du Darfour depuis le 1er juillet 2002 (voir notre dépêche du 1er avril 2005)..

Dans des résolutions précédentes, le Conseil de sécurité avait exigé du gouvernement du Soudan qu'il désarme des milices arabes Janjaouites et qu'il mette fin à l'impunité. Il avait aussi imposé au Soudan un embargo sur les armes et imposer des sanctions individuelles – gel des avoirs et interdiction de voyager – aux belligérants.

Le conflit, qui rage au Darfour depuis février 2003, a déjà provoqué la mort de plus de 70.000 civils et le déplacement de près de deux millions de personnes.

Voir l'intégralité de la déclaration de Jan Pronk dans le communiqué de l'ONU ainsi que les autres interventions de la séance et le dernier rapport du Secrétaire général sur le Darfour et celui sur le Soudan.

image• Retransmission de la conférence de presse donnée par Jan Pronk à l'issue de la séance du Conseil de sécurité [52mins]