L'actualité mondiale Un regard humain

L'ONU condamne le meurtre "lâche" de deux démineurs au Sud-Soudan

L'ONU condamne le meurtre "lâche" de deux démineurs au Sud-Soudan

media:entermedia_image:44943922-1322-43bc-9f79-25933a814d94
La Mission des Nations Unies au Soudan a condamné aujourd'hui le meurtre de deux démineurs qui travaillaient pour le programme alimentaire de l'ONU par la LRA, groupe armé du Nord de l'Ouganda qui entretient des bases au Sud-Soudan.

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, Jan Pronk, a condamné le meurtre de deux démineurs de l'organisation non gouvernementale (ONG) de la Fondation suisse pour la lutte contre les mines (FSD), lors d'une ambuscade de la l'Armée de résistance du Seigneur (Lord's Resistance Army, LRA), groupe armé connu pour ses activités sanguinaires dans le nord de l'Ouganda, indique un communiqué de la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS selon son acronyme anglais) publié aujourd'hui à Khartoum.

Selon les premières informations, les démineurs, qui assistaient le Programme alimentaire mondial (PAM), faisaient partie d'un convoi de trois véhicules sur la route entre Juba et Nimule, lorsque les occupants du premier véhicule ont été stoppés par des combattants, extraits du camion et exécutés.

Les deux autres véhicules sont parvenus à faire demi-tour et à se réfugier dans un camps des forces armées soudanaises dans le Sud du pays. Deux soldats soudanais ont aussi été blessés lors de l'attaque.

Le Représentant spécial exprime son indignation face à cet acte lâche, qui met en danger les efforts des Nations Unies et de ses partenaires pour nettoyer les routes indispensables à la sécurité des retours et à ouvrir la voie à la reconstruction économique du Sud-Soudan, souligne le communiqué.

Jan Pronk a appelé à la mise en place d'une enquête pour élucider les circonstances de l'attaque et pour identifier les auteurs et les traduire en justice.

Il a aussi appelé le gouvernement soudanais à assurer la sécurité de tout le personnel humanitaire et à accélérer ses efforts contre les groupes armés encore actifs au Sud-Soudan notamment la LRA.

Le 19 octobre, la Mission des Nations Unies au Soudan s'était déclarée très préoccupée par la situation sur le plan de la sécurité et sur le plan humanitaire dans la région du Darfour et au Sud Soudan où les actes de violence et de banditisme continuent et empêchent le personnel humanitaire de travailler (voir notre dépêche du 19 octobre 2005).

Le 27 octobre dernier, c'est en Ouganda que la LRA a mis en œuvre une tactique similaire visant le personnel humanitaire, lors de trois attaques menées séparément qui ont causé la mort de deux personnes et en blessant quatre autres (voir notre dépêche du 27 octobre 2005).

L'Armée de résistance du Seigneur (Lord's Resistance Army, LRA), dirigée par Joseph Kony depuis 1992, s'est constituée à partir de camps installés au Sud du Soudan avec pour mission d'appliquer les préceptes du « Mouvement du Saint Esprit » - mouvement chrétien fondamentaliste qui prétend instaurer un gouvernement sur la base des dix commandements, fondé par Alice Lakwena.

La LRA s'est illustrée par sa cruauté en menant des attaques contre sa propre population des Acholi du Nord de l'Ouganda, afin de « discréditer le gouvernement », en adoptant pour tactique de kidnapper des enfants, garçons et filles, afin d'en faire des travailleurs, des esclaves sexuels et des combattants, et de maintenir sa férule par des mutilations, coupant oreilles et lèvres et posant des cadenas sur les lèvres des enfants pour qu'ils ne puissent pas parler.

Elle a bénéficié à partir de 1994 du soutien notamment financier du gouvernement soudanais, en représailles au soutien apporté par le gouvernement ougandais au mouvement rebelle de l'Armée de libération populaire du Soudan.

La signature officielle de l'Accord global de paix entre le gouvernement du Soudan et les rebelles du Sud, dont l'Armée de libération populaire du Soudan, le 9 janvier 2005 à Nairobi, ont mis fin à un guerre civile de 21 ans, qui a fait deux millions de morts et causé le déplacement de quatre millions de Soudanais (voir notre dépêche du 10 janvier 2005).