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Darfour : le Conseil de sécurité condamne les nombreuses attaques meurtrières

Darfour : le Conseil de sécurité condamne les nombreuses attaques meurtrières

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Dans une déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité a condamné aujourd'hui les attaques intervenues dernièrement au Darfour, rappelé au gouvernement du Soudan son engagement de désarmer les milices et exigé des autorités et des rebelles qu'ils coopèrent avec les forces de l'Union africaine, déployées dans la région pour protéger la population.

Dans une déclaration présidentielle, le Conseil de sécurité a condamné aujourd'hui les dernières attaques intervenues au Darfour, rappelé au gouvernement du Soudan son engagement de désarmer les milices et exigé des autorités et des rebelles qu'ils coopèrent avec les forces de l'Union africaine, déployées dans la région pour protéger la population.

« Le Conseil de sécurité se dit gravement préoccupé par les récentes informations faisant état d'une recrudescence de la violence au Darfour imputable à toutes les parties et insiste pour que celles-ci respectent rigoureusement les obligations que leur impose l'Accord de cessez-le-feu de N'djamena et les engagements qu'elles y ont pris, ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité et les protocoles d'Abuja », a déclaré le président du Conseil de sécurité pour le mois d'octobre, le Représentant de la Roumanie Mihnea Ioan Motoc.

« Le Conseil condamne fermement l'attentat qui aurait été perpétré par le Mouvement/Armée de libération du Soudan, le 8 octobre, contre le personnel de la Mission de l'Union africaine au Soudan (MUAS), au cours duquel quatre Casques bleus nigérians et deux entrepreneurs civils ont été tués, et trois autres personnes blessées près de Menawasha », a indiqué le président du Conseil.

Il condamne également « une attaque qui aurait été menée le 9 octobre par le Mouvement pour la justice et l'égalité à Tine dans le Nord-Darfour, au cours de laquelle ont été pris dans une embuscade et placés en détention près de 35 membres du personnel de la MUAS », a ajouté Mihnea Ioan Motoc.

Il condamne aussi « l'attaque menée, le 25 septembre, à Modaina (Tchad) par des groupes armés venant du Soudan, au cours de laquelle ont été tuées 75 personnes, des civils pour la plupart ».

Il s'associe à l'Union africaine pour dire « toute son indignation après l'attaque menée le 19 septembre par des rebelles au Darfour contre la ville de Sheiara et celle menée par les milices Janjaouites contre le camp de déplacés d'Aro Sharow, le 28 septembre, durant laquelle 29 personnes ont été tuées et un bien plus grand nombre encore blessées, et l'attaque menée par les Forces gouvernementales soudanaises contre le village de Tawilla le 29 septembre ».

Le Conseil se déclare « profondément préoccupé » par « l'impact de ces attaques sur la situation humanitaire et par les restrictions imposées aux opérations humanitaires au Darfour ».

Il exige que « ces restrictions soient immédiatement levées et demande instamment à toutes les parties d'assurer aux organismes humanitaires un accès sans entrave au Darfour ».

Il se dit en outre « préoccupé » de ce que, dans son rapport en date du 20 septembre, le Secrétaire général indique que « le gouvernement [soudanais] n'a pas entrepris d'action notable pour désarmer les milices ou exiger qu'elles répondent de leurs actes conformément aux accords antérieurs, notamment l'Accord de N'djamena et les protocoles d'Abuja, et aux résolutions du Conseil de sécurité ».

Il rappelle que « le gouvernement soudanais s'est engagé à désarmer et contrôler les milices et exige que le Mouvement/Armée de libération du Soudan, le Mouvement pour la justice et l'égalité et le gouvernement soudanais mettent immédiatement fin à la violence, se conforment à l'Accord de cessez-le feu de N'djamena, lèvent les obstacles qui freinent le processus de paix et coopèrent pleinement avec la Mission de l'Union africaine ».

Le Conseil insiste à nouveau sur la nécessité de traduire en justice les auteurs d'actes de violence.

Il rappelle les dispositions de sa résolution 1591 (2005) concernant le Soudan.

Il engage l'Union africaine à lui faire connaître les résultats des enquêtes sur les récentes attaques, pour qu'il en saisisse éventuellement le Comité des sanctions contre le Soudan afin d'aider à l'application des dispositions de ses résolutions pertinentes.

Il rappelle que « le gouvernement soudanais et les mouvements rebelles au Darfour doivent faire le nécessaire pour faciliter le déploiement de la MUAS et accroître l'efficacité de son action ».

Par ailleurs, la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) a indiqué que la situation sur le plan de la sécurité restait « très tendue » dans la région du Darfour, avec des actes de banditisme continuels, obligeant des milliers de civils à fuir leurs villages pour aller se réfugier dans des camps de personnes déplacées, a rapporté aujourd'hui le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, lors de son point avec la presse, au siège de l'ONU.

Le 11 octobre, Juan Mendez, Conseiller spécial du Haut Commissariat aux droits de l'homme pour la prévention des génocides, avait rendu compte à la presse de sa dernière visite au Darfour où il a constaté que la situation s'était gravement détériorée depuis l'année passée et que les populations n'étaient toujours pas à l'abri d'un génocide ou « d'un deuxième génocide ».

Le même jour, plusieurs membres du Conseil de sécurité - Etats-Unis, Russie, Chine et Algérie – avaient refusé d'entendre le témoignage de Juan Mendez qui a remis un rapport au Secrétaire général proposant des recommandations pour empêcher que la situation ne se détériore.

Dans son rapport, le Conseiller spécial recommande notamment de renforcer la présence de l'Union africaine (UA) en lui donnant véritablement les moyens d'agir, à savoir les hommes, le matériel et l'argent nécessaire pour opérer sur le terrain.

Il faut aussi, selon lui, renforcer la pression sur le gouvernement du Soudan pour qu'il cesse de restreindre la liberté de mouvement des troupes de l'UA (voir notre dépêche du 11 octobre 2005).