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Face au regain de violence au Darfour, Jan Egeland prévient que l'aide humanitaire pourrait s'arrêter

Face au regain de violence au Darfour, Jan Egeland prévient que l'aide humanitaire pourrait s'arrêter

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Si la violence continue à s'intensifier au Darfour, les 11 000 travailleurs humanitaires qui portent secours à plus de 2,5 millions de personnes ne pourront pas maintenir leurs opérations, a prévenu aujourd'hui le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, qui déplore que la pression de la communauté internationale sur le gouvernement du Soudan se soit relâchée.

Si la violence continue à s'intensifier au Darfour, les 11 000 travailleurs humanitaires qui portent secours à plus de 2,5 millions de personnes ne pourront pas maintenir leurs opérations, a prévenu aujourd'hui le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, qui regrette que la pression de la communauté internationale sur le gouvernement du Soudan se soit relâchée.

« A la fin du mois de septembre, le niveau de violence a terriblement augmenté. S'il continue à s'intensifier, si cela continue à être aussi dangereux pour les travailleurs humanitaires qui ne sont pas armés, les opérations qui permettent d'apporter une aide à plus de 2,5 millions de personnes au Darfour pourraient s'arrêter », a prévenu Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, dans une conférence de presse donnée aujourd'hui à Genève.

« Au cours des derniers jours, mes collègues humanitaires ont été harcelés, attaqués, cambriolés et enlevés. Cela ne peut pas continuer », a insisté le Secrétaire général adjoint.

« Je me demande si l'on est pas en train d'assister une nouvelle fois au scénario des prétendues zones de sécurité de Bosnie. On maintient les gens en vie, on les nourrit, on leur donne des médicaments, mais on ne les protège pas, on ne se protège pas nous-mêmes dans la mesure où nous ne sommes pas armés. Et c'est là que les massacres interviennent », s'est-il indigné.

Jan Egeland a par ailleurs exhorté la communauté internationale à faire pression sur les parties « de la même manière que nous l'avions fait l'été dernier », « lorsque les leaders ont réellement fait pression sur le gouvernement de Khartoum ».

« Chaque jour, des civils sont tués et violés en toute impunité dans la région du Darfour », a fait savoir le Secrétaire général adjoint.

« Les chauffeurs de camion refusent maintenant de délivrer l'aide humanitaire, ce qui menace les opérations humanitaires et les vies de dizaines milliers de personnes déplacées », a-t-il indiqué.

« A l'heure où nous parlons, nous sommes obligés de stopper les actions humanitaires dans plusieurs endroits du Darfour, des dizaines de milliers de personnes ne recevront pas d'aide aujourd'hui parce que la situation est trop dangereuse, et cela pourrait empirer », a-t-il précisé.

Répondant à une question, Jan Egeland a affirmé que les forces de l'Union africaine déployées sur le terrain – 5 000 soldats – devraient avoir des effectifs trois foisplus nombreux. Un accord politique est par ailleurs nécessaire, a-t-il insisté. « C'est un conflit créé par les hommes. Les hommes qui sont à Abuja pourraient y mettre fin ».

Suite à la Déclaration de principes pour le règlement du conflit au Darfour, signée le 5 juillet dernier, la 6e série de pourparlers de paix d'Abuja, a repris le 15 septembre, pour tenter de trouver une issue au conflit qui fait rage au Darfour depuis presque trois ans et qui a déjà affecté près de 3,4 millions de personnes et provoqué le déplacement de plus de 2 millions de civils (voir notre dépêche du 21 septembre 2005 sur le dernier exposé au Conseil de sécurité de de l'Envoyé de l'ONU au Darfour).

Le Secrétaire général adjoint a précisé que les attaques venaient à la fois de la guérilla, d'une faction du mouvement rebelle de l'Armée de libération du Soudan (SLA), des milices Janjaouites, des forces gouvernementales, de milices ethniques et des bandits armés.

« La communauté internationale a cette fausse impression que la situation s'est améliorée au Darfour et l'attention se porte maintenant ailleurs », a-t-il conclu.

« Manifestement l'impunité continue à prévaloir au Darfour », avait affirmé lundi dernier Juan Mendez, Conseiller spécial du Haut Commissariat aux droits de l'homme pour la prévention des génocides, à l'issue d'une visite de cinq jours au Soudan (voir notre dépêche du 26 septembre 2005).

Voir une exposition de photos sur le Darfour organisée par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

Voir le communiqué de l'ONU sur l'exposition.