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Dans un rapport « alarmant », l'ONU dénonce les destructions des bidonvilles au Zimbabwe

Dans un rapport « alarmant », l'ONU dénonce les destructions des bidonvilles au Zimbabwe

Dans un rapport qualifié de « profondément alarmant » par le Secrétaire général, l'Envoyée de l'ONU au Zimbabwe a dénoncé aujourd'hui les destructions de bidonvilles par les autorités du pays qui ont laissé 700 000 personnes sans abri ou sans travail, provoquant une grave crise humanitaire. « Une tragédie » pour le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires.

Anna Tibaijuka, Directrice de l'Agence des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), nommée le 20 juin dernier Envoyée spéciale de l'ONU au Zimbabwe, a présenté aujourd'hui, lors d'une conférence de presse donnée au siège de l'ONU à New York, son rapport sur l'impact humanitaire des destructions de quartiers entiers de bidonvilles, opérées par les autorités du pays « sans discernement et de manière injustifiée, dans l'indifférence à la souffrance humaine », et en violation du droit international.

image• Retransmission de la conférence de presse [48mins]

Le rapport note que les démolitions ont eu des conséquences « désastreuses » pour la population.

De son côté, Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, a déclaré, lors d'une conférence de presse donnée au Palais des Nations à Genève, que l'absence de perspectives pour les anciens résidents de logements détruits était « une tragédie ».

« Tout en prétendant cibler des habitations et structures illégales et réprimer des activités illicites présumées, l'opération a été conduite d'une manière indiscriminée et injustifiée, avec indifférence à l'égard de la souffrance humaine », souligne le rapport de l'Envoyée spéciale.

Lancée le 19 mai, l'opération, baptisée « Se débarrasser des ordures » pour « Restaurer l'ordre », entreprise par les autorités du pays, a entraîné la destruction de milliers de logements de fortune.

« Même si elle est motivée par le désir d'assurer un semblant d'ordre dans les manifestations chaotiques d'une urbanisation rapide (...), l'opération (...) s'est avérée une entreprise désastreuse », fait remarquer le rapport.

Soulignant que les conséquences humanitaires de l'opération étaient « énormes », Anna Tibaijuka a appelé à une forte mobilisation de la communauté internationale pour venir en aide aux Zimbabwéens privés de toit et de travail.

« En accord avec les recommandations de mon Envoyée spéciale, les Nations Unies vont rechercher de toute urgence un accord avec le gouvernement du Zimbabwe afin de mobiliser immédiatement une assistance humanitaire de l'ampleur nécessaire pour éviter plus de souffrances. J'exhorte la communauté internationale à répondre généreusement à cet appel », a déclaré le Secrétaire général dans un message transmis aujourd'hui par son porte-parole.

Le Secrétaire général qui a qualifié le rapport de « profondément alarmant » a aussi appelé le gouvernement du Zimbabwe à cesser immédiatement les « expulsions forcées » et les « démolitions » massives des bidonvilles (voir notre dépêche d'aujourd'hui sur la question).

Voir également nos dépêches du 7 juillet 2005, du 5 juillet 2005, du 1er juillet 2005, du 29 juin 2005 et du 20 juin 2005.