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Commémoration du massacre de Srebrenica : Kofi Annan plaide pour « la responsabilité de protéger »

Commémoration du massacre de Srebrenica : Kofi Annan plaide pour « la responsabilité de protéger »

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A l'occasion du 10e anniversaire du massacre de Srebrenica, « crime le plus grave commis sur le sol européen depuis la seconde guerre mondiale », le Secrétaire général a rappelé aujourd'hui les trois devoirs qui incombaient, selon lui, à la communauté internationale : découvrir toute la vérité, rendre la justice pour permettre la réconciliation et empêcher que de tels massacres ne se reproduisent en endossant le concept émergent de « la responsabilité de protéger ».

« Aujourd'hui, nous rendons hommage aux victimes d'un terrible crime – le pire crime commis sur le sol européen depuis la seconde guerre mondiale », a déclaré aujourd'hui Kofi Annan, dans une allocution prononcée par son chef de Cabinet, Mark Malloch Brown, lors des cérémonies du 10e anniversaire du massacre de près de 8 000 musulmans par les forces serbes, à Srebrenica, en Bosnie orientale.

« Notre premier devoir est de découvrir et d'affronter l'entière vérité sur ce qui s'est passé », a affirmé le Secrétaire général.

« Pour nous qui servons les Nations Unies, il est dur de faire face à cette réalité », a-t-il fait remarquer.

« Nous pouvons nous dire – et c'est vrai – que les grandes nations n'ont pas répondu de manière adéquate. Nous pouvons nous dire – et c'est vrai aussi – qu'il y aurait dû avoir des forces militaires plus puissantes et une volonté politique plus forte. Nous pouvons nous dire aussi – et c'est indéniable – que la responsabilité revient principalement à ceux qui ont planifié et exécuté ce massacre », a-t-il rappelé.

« Mais nous ne pouvons pas éluder notre part de responsabilité », a reconnu Kofi Annan.

« Nous avons fait de sérieuses erreurs de jugement, enracinées dans une philosophie d'impartialité et de non-violence qui, quoique admirable, était mal adaptée au conflit en Bosnie ». « C'est pourquoi, […] la tragédie de Srebrenica hantera notre histoire pour toujours ».

« Notre second devoir, a-t-il continué, est d'aider à reconstruire la confiance parmi les populations de cette région. Ce qui ne pourra être fait qu'en continuant à se battre pour la justice. Sans justice, il ne pourra pas y avoir de réconciliation ».

« Notre quête pour la justice demeure incomplète. Les juridictions pénales internationales des Nations Unies ont travaillé dur et des coupables importants ont été arrêtés. Mais ceux qui ont été accusés d'être les principaux architectes du massacre – Ratko Mladic et Radovan Karadzic – sont toujours en fuite. Tant qu'ils n'auront pas répondu à leurs chefs d'inculpation, nous ne pourrons pas dire que nous avons vaincu l'impunité », a souligné le Secrétaire général.

Notre troisième et plus important devoir, a poursuivi Kofi Annan, est de prévenir de tels massacres systématiques. « Le monde doit s'équiper lui-même pour être capable d'agir collectivement contre les génocides, nettoyages ethniques et crimes contre l'humanité. Il faut donner au concept de la 'responsabilité de protéger' les moyens significatifs d'exister et pas seulement un soutien rhétorique », a-t-il rappelé.

Le Secrétaire général avait plaidé, dans son rapport intitulé « Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et droits de l'homme pour tous », pour l'adoption en tant que concept du droit international de la « responsabilité de protéger ».

Il avait récemment réitéré cet appel lors d'une réunion de l'Union africaine (voir notre dépêche du 5 juillet 2005).