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De l'argent et des troupes pour la paix au Soudan, demande une nouvelle fois le Secrétaire général

De l'argent et des troupes pour la paix au Soudan, demande une nouvelle fois le Secrétaire général

Dans son dernier rapport au Conseil de sécurité, le Secrétaire général a réitéré son appel à la communauté internationale pour qu'elle apporte des ressources financières afin d'aider la population à reconstruire le pays et qu'elle appuie les activités de la Mission de l'ONU en fournissant des contingents afin de faire aboutir le processus de paix.

« Jusqu'ici, le gouvernement et le SPLM/A ont démontré qu'ils pouvaient collaborer, notamment lors des pourparlers et pendant la période de prétransition. Ils doivent maintenant montrer qu'ils peuvent œuvrer ensemble pour instaurer un nouveau système de gouvernance fondé sur le plein respect de la loi, politiquement ouvert, fonctionnant dans la transparence et tenant compte des intérêts et des aspirations du peuple », indique le Secrétaire général dans son dernier rapport sur le Soudan, adressé au Conseil de sécurité en vertu de la résolution 1590 (2005).

« Les parties ont été engagées dans une guerre civile pendant plus d'une vingtaine d'années. Elles doivent maintenant enterrer les vestiges de ces années-là et devenir des partenaires qui, en tant que membres du même gouvernement, devront affronter une tâche redoutable ».

« Avec l'arrivée des Casques bleus, l'espoir est grand de voir la situation s'améliorer de façon notable. Toutefois, cet espoir ne peut se concrétiser sans attention particulière, surtout de la part des acteurs extérieurs », a rappelé Kofi Annan.

Ce dernier a souligné que « la communauté des donateurs, qui a tant contribué à la réussite du processus de paix mené sous l'égide de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et a réaffirmé avec force, à Oslo, qu'elle était prête à appuyer la mise en œuvre de l'Accord de paix global, doit maintenant faire preuve de sa détermination en mettant à disposition, de manière coordonnée et efficace, les ressources et les compétences nécessaires à l'aboutissement du processus de paix ainsi qu'au redressement, à la reconstruction et au développement du Soudan ».

L'appel à la communauté internationale concerne donc tant l'aspect financier qu'en termes de ressources, notamment à la nouvelle Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS, selon son acronyme anglais).

Sur le plan financier, le 24 juin dernier, le Secrétaire général avait adressé au président du Conseil de sécurité une lettre dans laquelle il alertait sur les grands risques encourus par le processus de paix si l'aide promise pour le Soudan n'était pas débloquée, rappelant que les besoins pour le reste de l'année se chiffraient à plus d'un milliard de dollars pour venir en aide à 6 millions de personnes menacées de famine (voir notre dépêche du 24 juin 2005, voir déjà notre dépêche du 14 avril 2005).

S'agissant des ressources, le Secrétaire général estime que la présence l'UNMIS, dont le déploiement est prévu dans de nombreuses régions du pays, devra permettre d'accélérer le progrès.

« Cela est particulièrement important dans le domaine de la sécurité générale, le respect de l'Accord sur le cessez-le-feu permanent étant primordial. L'UNMIS s'attachera également à aider les parties dans le sens d'une paix durable et de la stabilité, en commençant par faciliter le retour de millions de personnes déplacées et de réfugiés ».

Or, explique-t-il, « le succès de la mise en œuvre de l'Accord de paix global dans la première moitié de la période de transition dépend en grande partie du respect des arrangements de sécurité et du cessez-le-feu permanent, dans lequel l'UNMIS aura un rôle essentiel à jouer ».

« C'est pourquoi je m'inquiète des retards survenus dans le déploiement de certains éléments de la composante militaire de l'UNMIS. Soigneusement établis, les plans de déploiement reposaient sur une évaluation pratique des impératifs liés à la mise en œuvre de l'Accord de paix global ainsi que des conditions environnementales et de sécurité. Il est capital que l'UNMIS dispose des capacités lui permettant de remplir la mission qui lui a été confiée par le Conseil de sécurité et de répondre aux attentes des parties à l'Accord de paix. J'exhorte donc les pays qui se sont engagés à fournir des contingents à l'UNMIS à déployer leurs forces sans délai », indique le Secrétaire général.

Par ailleurs, alors que les parties concernées commencent à mettre en œuvre l'Accord de paix global, il faut noter que les progrès réalisés dans les questions politiques et la surveillance du cessez-le-feu auront peu d'impact si les conditions d'existence de la majorité des Soudanais ne s'améliorent pas.

Le conflit a mis à bas l'économie, les infrastructures et les services dans tout le pays, surtout le sud. Six mois ont passé depuis le début de l'année et l'aide tant espérée promise à Oslo ne s'est toujours pas matérialisée de façon sérieuse.

S'ils sont louables, les travaux préparatoires effectués à ce jour dans les domaines du retour des réfugiés, de l'état de droit et de la mise en place d'institutions doivent être rapidement consolidés par des contributions massives en faveur de l'ONU et de ses partenaires afin de dégager les dividendes de la paix. Dans le cas contraire, la dynamique créée par l'Accord de paix global pourrait être compromise.

Parallèlement, les efforts devront être réorientés, par l'intermédiaire d'une stratégie coordonnée, de l'aide humanitaire vers les activités de redressement et de développement. À cet égard, les programmes de renforcement des capacités, y compris ceux que la mission d'évaluation conjointe menée sous la conduite de l'Union africaine en mars 2005 a évoqués, devront également être prioritaires.

En attendant, indique le Secrétaire général, « les parties au conflit du Darfour doivent tout mettre en œuvre pour dégager un accord à l'issue des négociations qui se tiennent actuellement à Abuja. Les partenaires internationaux doivent également continuer d'appuyer sans réserve la médiation de l'Union africaine tout en faisant entendre clairement aux parties que le conflit ne trouvera d'issue que par un règlement politique et que les négociations d'Abuja constituent le seul cadre acceptable permettant d'y parvenir. L'ONU continuera, en collaboration avec les partenaires associés à son action, d'aider la Commission de l'Union africaine à assurer le suivi de la Conférence d'annonce de contributions en faveur de la Mission de l'Union africaine au Soudan (MUAS) qui s'est tenue le 26 mai dernier ».

Enfin, indique le rapport, « les responsables des atrocités perpétrées au Darfour seront tenus responsables de leurs actes et ne bénéficieront d'aucune impunité. En jugeant ces individus conformément aux principes du droit, le Soudan signifiera de façon claire et appuyée qu'il aura commencé à réaliser la promesse véhiculée par l'Accord de paix global, reposant sur l'idée d'un État légitime, prospère et démocratique dans lequel tous les Soudanais vivraient en sécurité et dans la dignité et auraient foi en l'avenir ».