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Une Envoyée spéciale de l'ONU dépêchée au Zimbabwe pour enquêter sur les expulsions massives des bidonvilles

Une Envoyée spéciale de l'ONU dépêchée au Zimbabwe pour enquêter sur les expulsions massives des bidonvilles

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Faisant suite aux préoccupations exprimées début juin par le Haut Commissariat aux droits de l'homme, le Secrétaire général a chargé aujourd'hui la directrice de l'agence de des Nations Unies pour l'habitat d'une mission au Zimbabwe, afin examiner les récentes évictions d'habitants des bidonvilles à travers le pays, en violation des droits fondamentaux à l'habitat.

« Le Secrétaire général a nommé la Directrice exécutive de l'agence des Nations Unies pour les établissements humains, (ONU-HABITAT), Anna Kajumulo Tibaijuka, au poste d'Envoyée spéciale pour les questions relatives établissements humains au Zimbabwe », indique un message transmis aujourd'hui par son porte-parole.

« Le Président zimbabwéen, Robert Mugabe, a accepté l'idée que l'Envoyée spéciale visite le pays aussitôt que possible pour étudier l'ampleur de la récente éviction des habitants illégaux, des squatters et des agents informels ainsi que l'impact humanitaire que cela a eu sur la population concernée ».

Le message précise qu'Anna Tibaijuka se rendra bientôt au Zimbabwe et préparera un rapport exhaustif sur la situation.

Selon les informations parues dans la presse, les autorités du Zimbabwe se sont lancées, dans le cadre d'opérations « Clean Sweep et Restore Order » [Nettoyage et rétablissement de l'ordre], dans un vaste mouvement de destruction des bidonvilles. Ce mouvement a déjà fait des milliers de sans abris à travers le pays, qui se voient par ailleurs interdit de poursuivre dans la rue les activités commerciales grâce auxquelles ils survivaient.

Le 3 juin dernier, le Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme des Nations Unies sur le droit à un logement convenable en tant qu'élément du droit à un niveau de vie suffisant, Miloon Kothari, avait adressé un « appel urgent au Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe afin qu'il exhorte le gouvernement à mettre un terme immédiatement aux expulsions forcées massives » menées dans le pays.

Rappelant « les obligations qui incombent aux autorités zimbabwéennes en vertu du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ratifié par le pays en 1991 », Miloon Kothari avait attiré en particulier l'attention sur les observations du Comité des droits économiques, sociaux et culturels.

Ces dernières soulignent que « les expulsions forcées sont de prime abord incompatibles avec les dispositions du Pacte et ne peuvent être exécutées que dans certaines circonstances particulières, en respectant un certain nombre d'exigences ».

Les Etats doivent notamment s'assurer « que toutes les alternatives possibles ont été explorées en consultation avec les personnes concernées; faire en sorte que des procédures ou recours juridiques, ainsi qu'une indemnisation adéquate pour toute propriété affectée, soient mis à disposition des personnes affectées par l'ordre d'expulsion; s'assurer que, dans les cas où elles sont considérées comme justifiées, les expulsions soient réalisées dans le strict respect des dispositions pertinentes du droit international relatif aux droits de l'homme et conservent un caractère raisonnable et proportionnel ».

En outre, une expulsion ne doit jamais aboutir à rendre une personne sans abri ou vulnérable à des violations de ses droits de l'homme. Avant d'exécuter un ordre d'expulsion, les gouvernements doivent donc s'assurer qu'un logement de substitution adéquat ou une réinstallation sont proposés à toutes les personnes concernées, soulignait Miloon Khotari.

Le Rapporteur spécial rappelait en outre au Gouvernement du Zimbabwe que les résolutions de la Commission des droits de l'homme (notamment la résolution 1993/77, adoptée à l'unanimité) ont clairement souligné que la pratique des expulsions forcées constitue une violation massive des droits de l'homme. Il soulignait en outre que le Zimbabwe est membre de la Commission.