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Les moyens accordés à la lutte contre le sida ne sont pas à la hauteur de l'épidémie, alerte Kofi Annan

Les moyens accordés à la lutte contre le sida ne sont pas à la hauteur de l'épidémie, alerte Kofi Annan

Kofi Annan (g) et Jean Ping (d)
Le Secrétaire général de l'ONU a appelé aujourd'hui les Etats membres de l'Assemblée générale à renforcer les moyens accordés à la lutte contre le VIH/sida, alors que la maladie a progressé davantage en 2004 que jamais auparavant. « Cette crise sans précédent appelle de notre part une réponse sans précédent », a-t-il rappelé.

Quatre ans après la session de l'Assemblée générale consacrée au sida et la Déclaration d'engagement adoptée, « la réponse a été significative mais elle a été insuffisante », a déclaré aujourd'hui Secrétaire général, lors d'une allocution devant l'Assemblée générale réunie pour une session extraordinaire d'évaluation des progrès accomplis.

Rappelant les conclusions de son récent rapport à l'Assemblée générale, le Secrétaire général a souligné que la réponse ne n'était pas montrée à la hauteur de l'épidémie. Pourtant en 2004, il y a plus de nouvelles infections et plus de décès liés au VIH/sida que jamais auparavant, a-t-il fait remarquer

Le VIH et le sida se propagent à un rythme accéléré sur tous les continents et les efforts de prévention et de traitement sont loin d'être à la hauteur, a-t-il souligné.

« Dans les pays à faible ou moyen revenu, seulement 12% des personnes qui ont besoin d'un traitement y ont accès » et la prévention n'est toujours pas dirigée de façon adaptée vers les jeunes alors qu'ils comptent parmi la moitié des nouvelles infections, en particulier chez les femmes.

« L'épidémie continue de dépasser nos efforts pour la combattre. Si nous voulons réaliser l'Objectif du Millénaire pour le développement (OMD) qui vise à renverser, d'ici à 2015, la diffusion du VIH/sida, il nous faudra faire bien plus d'efforts », a déclaré Kofi Annan.

Ce dernier a cité les programmes couronnés de succès, notamment au Brésil, au Cambodge et en Thaïlande. « Certains sont parvenus à arrêter l'épidémie à son début ; d'autres à renverser son cours ».

Il a rappelé par ailleurs que l'accès au traitement avait connu une amélioration, alors qu'à la fin 2004, 700.000 personnes bénéficiaient d'un traitement antirétroviral dans les pays à faible ou moyen revenu, notamment grâce aux initiatives combinées du programme "3 x 5" de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), qui vise à apporter un traitement à 3 millions de personnes d'ici à 2005.

Le Secrétaire général a aussi cité les travaux du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, du plan d'urgence contre le sida du Président des Etats-Unis, et du Programme multipays de la Banque mondiale.

Kofi Annan a donc appelé à l'accroissement des ressources, en particulier le financement total du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et des organisations qui fournissent directement des services à ceux qui en ont besoin.

Le Secrétaire général a aussi plaidé pour que chaque pays dispose des "Trois Uns" : un plan d'action contre le sida, une autorité nationale contre le sida et un système d'évaluation et de suivi national.

La lutte contre le sida passera également par un leadership accru pour lutter contre la discrimination et la stigmatisation, et pour donner plus de moyens aux femmes, qui représentent désormais la moitié des victimes de la maladie dans le monde.

Kofi Annan a rappelé que le sommet de septembre, qui doit se tenir à New York pour évaluer les progrès accomplis dans la Déclaration du Millénaire, aura la difficile tâche de décider comment les Etats entendent mettre en oeuvre ces objectifs.

Pour sa part, le Président de l'Assemblée générale, Jean Ping, a rappelé qu'en 2004, le nombre de personnes atteintes du sida s'était accru de 5 millions, et que le nombre de décès s'était élevé à 3,1 millions. Autre fait marquant, 95% des personnes infectées se trouvent dans les pays à bas et à revenu intermédiaire, a rappelé le Président de l'Assemblée générale.

ONUSIDA informe que le nombre total de personnes touchées s'élevait désormais en 2004 à 39,4 millions.

image• Retransmission de la séance d'ouverture [26 mins]