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A Addis-Abeba, Kofi Annan appelle à soutenir la Mission de l'Union africaine au Darfour

A Addis-Abeba, Kofi Annan appelle à soutenir la Mission de l'Union africaine au Darfour

Kofi Annan
Le Secrétaire général a lancé aujourd'hui un appel à soutenir financièrement et matériellement l'extension de la Mission de l'Union africaine au Soudan, qui a besoin d'un total de 7 500 hommes, pour un coût de 465 millions de dollars par an, afin de protéger les populations du Darfour. Il a prévenu que sans pressions diplomatiques il n'y aurait pas de règlement politique au Darfour et que sans cela, c'est l'Accord global signé avec le Sud qui serait mis en danger, compromettant alors des efforts pour mettre fin à 20 ans de guerre civile au Soudan.

« Alors que nous envisageons la situation humanitaire catastrophique au Darfour, nous devons rester conscients des implications politiques plus larges de ce conflit. La signature, le 9 janvier 2005, de l'Accord global de paix a mis fin à plus de vingt ans de guerre civile au Soudan. Si la stabilité n'est pas réalisée au Darfour, alors la promesse de Naivasha – la promesse de l'établissement d'un pays juste et démocratique, capable de réaliser son plein potentiel – sera gravement mise en péril », a prévenu aujourd'hui le Secrétaire général, Kofi Annan, lors d'une allocution à la conférence des donateurs convoquée à Addis-Abeba, capitale de l'Ethiopie, pour appeler au soutien à la Mission de l'Union africaine au Darfour (MUAS).

Le Secrétaire général présidait cette conférence aux côtés du Président de la Commission africaine, Alpha Oumar Konaré.

« En définitive, les parties ont l'obligation suprême de mettre fin au conflit au Darfour. Le Gouvernement, les leaders et le peuple soudanais ont la responsabilité de s'assurer qu'une paix viable et durable est réalisée. C'est aussi notre responsabilité de faire tout ce qui est possible pour les aider », a souligné le Secrétaire général.

« Le processus de paix d'Abuja est indispensable », a-t-il réaffirmé, « mais il ne peut réussir que si nous concentrons notre soutien diplomatique, politique et autre sur les efforts cruciaux de médiation de l'Union africaine ».

Hier, le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l'ONU, Jean-Marie Guéhenno, avait expliqué qu'il existe « un grand nombre de sensibilités à ménager au Soudan et que l'Union africaine a réussi à convaincre tous les acteurs qu'elle mérite leur confiance ». « C'est pourquoi elle est la mieux placée », avait-il estimé (voir notre dépêche du 25 mai 2005).

« La conférence d'aujourd'hui est une preuve supplémentaire du partenariat international qui nous a mené jusqu'ici », a souligné le Secrétaire général, en référence aux consultations menées constamment entre son Représentant spécial pour le Soudan, Jan Pronk, le Représentant pour le Soudan du Président de la Commission de l'Union africaine, l'Ambassadeur Baba Gana Kingibe, outre la récente visite de son Conseiller spécial, Lakhdar Brahimi et du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l'ONU, Jean-Marie Guéhenno (voir notre dépêche du 12 mai 2005).

Kofi Annan a expliqué que « l'expansion de la Mission de l'Union africaine au Darfour était fondée sur une évaluation conduite par l'Union africaine, avec la participation de nombreux pays et organisations présents à la Conférence ».

« La Mission renforcée comprendra plus de 6 000 soldats et 1 500 policiers, pour un coût de 465 millions de dollars par an », a-t-il rappelé.

« Là où est déployée la MUAS », les exactions n'ont pas lieu. « L'expansion de la MUAS, à pleine capacité, signifiera que la grande majorité des populations civiles vulnérables du Darfour seront protégées de la violence », a rappelé Kofi Annan, comme il l'a fait aujourd'hui de façon approfondie dans une tribune publiée dans le Journal « Le Figaro » (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

« Soyons clairs toutefois, l'expansion de la MUAS est nécessaire pour accroître la stabilité, mais n'est pas suffisante pour réaliser la paix. Elle ne pourra aboutir qu'à travers un règlement négocié ».

Le Secrétaire général s'est dit en conséquence encouragé par le fait que les parties, c'est-à-dire le Gouvernement soudanais et les mouvements rebelles du Darfour, qui n'étaient pas parties à l'Accord global de paix signé à Naivasha, « soient prêtes à reprendre les pourparlers d'Abuja à la fin du mois », grâce à la médiation du Président du Nigeria, Olusegun Obasanjo.

« Ils doivent s'y atteler pleinement et nous devons leur rappeler sans cesse que le processus d'Abuja, mené sous les auspices de l'Union africaine, est la seule alternative », a affirmé Kofi Annan, qui a appelé également le futur Gouvernement d'unité nationale soudanais, issu de l'Accord global entre le Gouvernement soudanais et les rebelles du Sud, menés par John Garang, à jouer son rôle (voir notre dépêche du 10 janvier 2005).

Le Secrétaire général a rappelé qu'à l'issue de la conférence des donateurs il se rendrait au Soudan, où il rencontrera à Khartoum le Président du Soudan, Omar Hassan Al-Bashir et le Vice-Président Ali Osman Taha, puis le Président de l'Armée populaire de libération du Soudan, John Garang, à Rumbek (carte).

Kofi Annan se rendra ensuite au Darfour, afin de « constater de première main le bon travail accompli par les forces de l'UA ».

Lors de ces rencontres, un message sera réitéré à tous : « l'Union africaine et la communauté internationale travaillera de concert avec le gouvernement et les leaders soudanais pour établir la paix au Darfour et aider les personnes déplacées et les réfugiés à rentrer chez eux et à reconstruire leurs vies en sécurité et dans la dignité ».

- Dossier Soudan du site de l'ONU