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Liban : le chef de la Commission d'enquête pénale sur l'assassinat de Rafic Hariri se rend à Beyrouth

Liban : le chef de la Commission d'enquête pénale sur l'assassinat de Rafic Hariri se rend à Beyrouth

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A la veille de son départ pour Beyrouth, le magistrat nommé à la tête de la Commission d'enquête internationale sur l'attentat qui a causé la mort de l'ex-Premier ministre libanais, Rafic Hariri, a présenté le mandat de son enquête pénale, précisant qu'il mènerait une véritable enquête criminelle sur le terrain et soulignant qu'il anticipait une coopération de toutes les parties.

« Je me rendrai demain à Beyrouth avec une équipe réduite afin d'examiner les preuves déjà collectées et de mettre en place la Commission d'enquête créée par le Conseil de sécurité », car « tout d'abord je veux voir de mes yeux ce qui s'est passé », a affirmé aujourd'hui à l'ONU Detlev Mehlis, Procureur allemand chargé de l'enquête sur l'attentat à la bombe qui a coûté la vie à l'ex-Premier ministre libanais, Rafic Hariri et vingt autres personnes, le 14 février dernier à Beyrouth (voir sur la nomination du Procureur, notre dépêche du 13 mai 2005).

« La Commission travaillera avec la grande impartialité et le plus grand professionnalisme », a-t-il déclaré, ajoutant : « Nous ferons de notre mieux pour savoir qui a planifié, mis en oeuvre et facilité ce crime terrible contre des personnes totalement innocentes ».

Une fois que la Commission sera opérationnelle, elle mènera son enquête pendant trois mois, après quoi elle remettra un rapport au Conseil de sécurité, qui pourra la reconduire pour trois mois supplémentaires. « La Commission n'est pas encore opérationnelle, et le but du voyage est justement de la mettre en place », a informé Detlev Mehlis.

Plusieurs pays, dont l'Allemagne, ont déjà promis un certain nombre d'enquêteurs, le total pouvant s'étendre entre 25 et 40, a-t-il précisé.

Au lendemain de l'attentat du 14 février à Beyrouth, le Conseil de sécurité avait prié le Secrétaire général de lui faire rapport d'urgence sur les circonstances, les causes et les conséquences de l'attentat (voir notre dépêche du 15 février 2005).

La mission d'établissement des faits envoyée sur place à la suite de cette demande et conduite par Peter FitzGerald, Commissaire adjoint de la Force de police irlandaise, avait rendu ses conclusions le 24 mars. Dans son rapport (S/2005/203), elle considérait que les services de sécurité libanais et les services de renseignement militaires syriens étaient les premiers responsables de l'absence de protection des citoyens et de maintien de l'ordre au Liban.

Elle estimait par ailleurs que l'enquête menée par les autorités libanaises souffrait de graves insuffisances et que, par manque de moyens ou manque de volonté, elle avait peu de chance d'aboutir.

Peter FitzGerald et son équipe concluaient donc qu'une enquête internationale indépendante était nécessaire, conclusion faite sienne par le Conseil de sécurité, qui avait créé la Commission d'enquête le 7 avril dernier (voir notre dépêche du 7 avril 2005).

Présentant son mandat, Detlev Mehlis a précisé aujourd'hui que sa Commission d'enquête serait indépendante, et qu'elle n'aurait pas de lien avec l'équipe de vérification sur le terrain sur le retrait des forces syriennes et la présence d'éléments armés palestiniens. Il a estimé par ailleurs que l'éventualité d'une enquête auprès des autorités syriennes était pour l'instant une question hypothétique.

Interrogé sur les chances d'arriver à un résultat concret, compte tenu de la disparition des preuves, Detlev Mehlis a souligné qu'après avoir travaillé notamment sur l'attentat du consulat de France à Berlin, l'enquête avait pris 10 ans mais avait conduit à des résultats. « Cela dépend donc des circonstances », a-t-il affirmé, soulignant qu'il était « prudemment optimiste ».

Par rapport aux équipes de l'ONU qui se sont rendues avant lui sur le terrain, le Procureur a estimé qu'il apportait « plus de temps, ce qui est crucial » et, a-t-il ironisé, « son expérience ».

Le rapport de Peter FitzGerald a bien sûr été pris en compte, a-t-il souligné. « Nous verrons comment ce rapport pourra être inclus dans nos recherches », mais il s'agissait plutôt d'une évaluation, dans un « calendrier limité ». « Nous mènerons une véritable enquête pénale », a-t-il affirmé.

Interrogé sur le droit applicable à l'enquête, Detlev Mehlis a souligné que des règles internationales existaient, mais que l'objet de l'enquête était de remettre le résultat de l'enquête aux autorités libanaises. « S'agissant de la procédure, nous suivrons donc les règles de procédure libanaises », a-t-il conclu.

image• Retransmission de la conférence de presse [29 mins]