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Conférence sur le TNP : le Maire d'Hiroshima plaide pour l'abolition de toutes les armes nucléaires d'ici à 2020

Conférence sur le TNP : le Maire d'Hiroshima plaide pour l'abolition de toutes les armes nucléaires d'ici à 2020

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A l'occasion de l'ouverture de la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le Maire d'Hiroshima est venu plaider, au siège de l'ONU à New York, pour la signature d'une Convention mondiale sur l'abolition des armes nucléaires d'ici à 2010 et l'abolition de toutes les armes nucléaires d'ici à 2020. Hier, le Secrétaire général avait exhorté les Parties à renforcer le Traité.

A l'occasion de la Conférence des Parties chargée d'examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires en 2005, qui se déroule au siège de l'ONU du 2 au 27 mai, Tadatoshi Akiba, Maire d'Hiroshima, a expliqué aujourd'hui, lors d'une conférence de presse, qu'il était venu à New York pour promouvoir une « Campagne d'urgence pour l'abolition de l'arme nucléaire », entamée en août 2004, à travers les 688 villes membres de l'association mondiale des « Maires pour la paix ».

Dans le cadre de cette Campagne pour faire pression sur les gouvernements et dans le but d'abolir des armes nucléaires, plus de 100 maires sont venus participer à la Conférence de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a indiqué le maire d'Hiroshima.

« Notre but est l'abolition de toutes les armes nucléaires d'ici à 2020. Notre objectif intermédiaire est la signature d'ici à 2010 d'une Convention mondiale sur l'abolition des armes nucléaires », a déclaré Tadatoshi Akiba.

Kazunaga Itoh, Maire de Nagasaki, Flippo Penati, Maire de Milan et Iftekhar Ahmed Chowdhury, Représentant permanent du Bangladesh auprès des Nations Unies, participaient également à cette conférence de presse donnée au siège de l'ONU à New York.

image• Retransmission de la conference de presse [38mins].

Le Maire d'Hiroshima a espéré que les négociations pour cette Convention puissent s'achever en 2010 afin de pouvoir lancer un programme de démantèlement et de destruction de toutes les armes nucléaires et de voir le monde en paix et totalement à l'abri de cette menace d'ici à 2020.

« Nous voulons créer une culture de la paix et non une culture de la guerre », a insisté Tadatoshi Akiba.

Le Maire d'Hiroshima a par ailleurs fait remarquer qu'il avait été très impressionné par le discours du Secrétaire général prononcé à l'ouverture de la Conférence de révision du TNP, dans il lequel il déclarait que « le problème des armes nucléaires n'était pas limité à un seul ou à plusieurs pays mais au monde entier ».

« Par conséquent, a poursuivi Tadatoshi Akiba, la race humaine dans son ensemble doit travailler à résoudre ce problème. Résoudre ce problème signifie éliminer l'arme nucléaire ».

Flippo Penati, Maire de Milan, a pour sa part voulu souligner le fait qu'en Italie comme dans beaucoup de pays, les gens avaient tendance à penser qu'avec la fin de la guerre froide et la chute du mur de Berlin, il n'y avait plus besoin de s'engager dans la lutte pour le désarmement nucléaire.

« Au contraire, a-t-il affirmé, nous pensons que les organisations non gouvernementales et les gouvernements doivent travailler pour sensibiliser les gens à un désarmement total. Il reste encore beaucoup à faire pour que Hiroshima et Nagasaki ne se reproduisent plus jamais ».

Selon les derniers chiffres, a-t-il indiqué, le nombre d'ogives nucléaires existantes représente une tonne de TNT par habitant sur la planète.

La Conférence des parties chargée d'examiner le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) s'est ouverte hier sur un avertissement lancé par le Secrétaire général, indiquait un communiqué de presse de l'ONU.

« Le régime de non-prolifération n'a pas suivi le rythme des progrès technologiques tandis que la mondialisation et des développements de toutes sortes l'ont placé en situation de vulnérabilité », a déclaré Kofi Annan dans son discours.

Cinq ans après la dernière Conférence d'examen qui avait été marquée par l'engagement sans équivoque des États nucléaires de procéder à l'élimination de leurs arsenaux nucléaires, Kofi Annan a cette année mis les États, dotés ou non de l'arme nucléaire, devant leurs responsabilités.

« Les régimes internationaux n'échouent pas à la suite d'une seule violation grave et inacceptable mais de l'accumulation de violations à un point où il n'est plus possible de combler le fossé qui s'est creusé. Vous avez la tâche urgente de combler ce fossé », les a-t-il exhortés.

À cette fin, le Secrétaire général a engagé les États à accélérer la conclusion d'accords permettant de mettre en place des mesures incitatives pour ceux qui renoncent à développer des installations pour la combustion de matériel nucléaire. Il les a également engagés à lancer rapidement des négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles et à observer un moratoire sur les essais nucléaires. Il leur a demandé en outre d'adhérer rapidement au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), de mettre les armes hors d'état d'alerte et de fournir aux Etats non nucléaires des assurances négatives de sécurité (voir notre dépêche du 2 mai 2005).

De son côté, Mohamed El Baradei, directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a souligné que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires devait s'adapter aux nouveaux défis pour préserver son efficacité et son intégrité. L'Agence, a-t-il souligné, ne sera tolérante à l'égard d'aucun État qui développera un programme d'armement nucléaire. En revanche, elle garantira que tous les pays peuvent exercer leur droit à une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire.

Le désarmement nucléaire ne pourra être un succès que s'il est universel, a-t-il encore dit. Dans ce cadre, il importe que le Traité de non-prolifération et l'AIEA soient soutenus par le Conseil de sécurité qui doit être en mesure d'apprécier les implications des violations ou du retrait du Traité par un État sur la paix et la sécurité internationales.

Le Président de la Conférence d'examen, l'Ambassadeur brésilien Sergio de Queiroz Duarte, a rappelé que cette Conférence avait un double objectif : l'évaluation de la mise en œuvre des engagements pris par les États parties au Traité et la garantie de leur mise en œuvre dans le futur (voir notre première dépêche et notre seconde dépêche du 29 avril 2005 sur la question).

Un grand nombre de maires membres de l'association « Maires pour la paix » avait manifesté dimanche devant le siège de l'ONU à New York, à la veille de l'ouverture de la Conférence de révision du TNP et portaient des pancartes proclamant « Plus jamais d'Hiroshima, plus jamais de Nagasaki ».

Le bombardement par les Etats-Unis des villes japonaises d'Hiroshima, le 6 août 1945, et de Nagasaki, le 9 août 1945 aurait fait près de 400.000 victimes immédiates ou différées.

Une exposition sur les Hibakushas, les survivants des premières attaques nucléaires, a été ouverte en parallèle à l’ONU.

Voir les déclarations de la journée à la Conférence de révision du TNP dans le communiqué de l'ONU.