L'actualité mondiale Un regard humain

Haïti : les opérations de la MINUSTAH ne constituent pas un «changement d'attitude», estime l'Envoyé de l'ONU

Haïti : les opérations de la MINUSTAH ne constituent pas un «changement d'attitude», estime l'Envoyé de l'ONU

media:entermedia_image:8ffb9ac0-fe80-47f6-aeea-175d92edd9a4
La Mission de l'ONU applique son mandat en décidant de déloger par la force les bandes armées qui occupent des commissariats en Haïti et qui s'en prennent aux populations, a estimé aujourd'hui son chef, Juan Gabriel Valdés, rappelant que depuis décembre elle menait régulièrement des opérations et qu'elle continuerait si les négociations de désarmement volontaire échouaient.

« Ce n'est pas un soulèvement de violence que nous observons en Haïti, mais les conséquences de la décision de la MINUSTAH de libérer les commissariats occupés par des éléments armés qui n'appartenaient pas l'ancienne armée mais qui fonctionnent à leurs côtés », a déclaré aujourd'hui le Représentant spécial du Secrétaire général pour Haïti, Juan Gabriel Valdés lors d'une conférence de presse qui s'est tenue au Siège de l'ONU à New York.

Le Représentant spécial et chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) présentait les activités de la Mission alors que deux Casques bleus ont trouvé la mort, dimanche, lors de deux opérations contre des groupes armés (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

Ce dernier a comparé ce mouvement à la démobilisation de plusieurs éléments armés au Cap haïtiens lançant ainsi un mouvement en ce sens. « Nous voyons donc deux attitudes différentes parmi les groupes armés ».

« La décision de libérer ces postes de police est fondée sur notre mandat, dans la perspective des élections, afin que la population ne soit pas menacée par les gangs armés », a précisé le Représentant spécial.

« Dans les bidonvilles, nous avons aussi offert aux gangs la possibilité de rendre les armes et de retourner à la vie civile. Si ces offres ne sont pas acceptées, et qu'il n'est pas possible de suivre un cours pacifique, nous suivrons la même procédure de fermeté adoptée la semaine dernière », a précisé Juan Gabriel Valdes.

Ce dernier a précisé que les commissariats encore entre les mains d'éléments de l'ex-armée ne posaient plus de menace majeure à la population, mais qu'ils devraient être démobilisés ou expulsés à un moment donné.

Dans les situations dimanche, à Terre-Rouge, le groupe représentait une menace à la population et en particulier à la route, où ils attaquaient les convois, tuaient des policiers et s'en prenaient à la population.

Interrogé sur le « changement d'attitude » de la Mission, accusée de « passivité » et sur le risque que les éléments armés décident de riposter, le Représentant spécial a indiqué « qu'il comprenait parfaitement la perception du changement d'attitude », mais que sur le terrain cela n'était pas perceptible.

« Nos forces sont totalement déployées sur le terrain depuis décembre », et dès ce moment nous avons lancé deux opérations importantes, d'abord à Tabarre ((voir notre dépêche du 20 décembre 2004), dans l'ancienne résidence du Président Aristide, puis à Cité Soleil, au cours de laquelle près de 900 soldats de la Jordanie et du Brésil ont forcé les chefs de gang à fuir (voir notre dépêche du 14 décembre 2004).

« Depuis, c'est près d'une opération par semaine qui a été menée. Mais nous devons mener nos opérations dans les bidonvilles avec une assistance, en termes d'acheminement de l'eau, de nourriture, et nettoyer ces endroits ». « La force seule n'est pas viable », a-t-il affirmé, saluant l'approbation par les pays donateurs, cette semaine, à Cayenne, de plus de 300 projets notamment à destination de Cité Soleil.

« Si nous n'avons pas lancé les opérations plus tôt, c'est parce que le Gouvernement avait mené des négociations », qui ont échoué, a-t-il précisé.

Interrogé sur la « légitimité des gangs auprès de la population », Juan Gabriel Valdés a indiqué qu'à Port-au-Prince, ces gangs ne représentent pas plus de 200 personnes, dont 50 personnes parmi le noyau. « Les dirigeants ont une loyauté idéologique envers les ex-dirigeants, mais le niveau de contrôle et de peur qu'ils peuvent imprimer sur la population leur offre une grande mobilité, de bidonville à bidonville ». Et cette difficulté est bien connue en Amérique du Sud, où il est très difficile de confronter ces gangs dans des bidonvilles, a-t-il précisé.

« Nous avons prouvé à la population que nous sommes en mesure de la protéger et de protéger son droit à manifester, mais nous allons préparer soigneusement nos opérations contre les groupes armés restants », a indiqué le chef de la MINUSTAH.

Le Représentant spécial a par ailleurs indiqué avoir fait circuler auprès de tous les Casques bleus la politique de « tolérance zéro » du Secrétaire général à l'égard des abus sexuels commis par les forces de l'ONU.

image• Retransmission de la conférence de presse de Juan Gabriel Valdés