L'actualité mondiale Un regard humain

Beijing + 10 : les ministres témoignent de l'impact de la guerre et de la violence sur les femmes de leur pays

Beijing + 10 : les ministres témoignent de l'impact de la guerre et de la violence sur les femmes de leur pays

media:entermedia_image:0d646976-2927-4626-9a1d-9c6ea3cae2c9
Les Ministres présentes à New York pour dresser le bilan des engagements pris en faveur des femmes en 1995 à Beijing ont réaffirmé tout au long de la semaine leur détermination à promouvoir l'égalité entre les sexes et la dignité des femmes. Certaines ont mis l'accent sur l'impact du despotisme et de la guerre sur la vie quotidienne de milliers de femmes et d'enfants qui en ont payé un lourd tribut.

« L'histoire des Afghanes est un exemple vivant de la pire situation que peuvent connaître les femmes victimes d'un régime despotique et d'un conflit armé », a affirmé Masooda Jalâl, Ministre des femmes de l'Afghanistan, à l'occasion de la Conférence internationale sur le droit des femmes, baptisée « Beijing + 10 » qui se tient au Siège des Nations Unies à New York du 28 février au 11 mars et qui a pour objectif de dresser le bilan des engagements pris en faveur des femmes en 1995 à Beijing, notamment à travers la Déclaration et le Programme d'action de Beijing.

Trois ans après la chute des Taliban, les indicateurs sociaux sont toujours au plus bas, a rappelé la Ministre afghane. Les femmes, qui représentent 48,2% de la population, ont une espérance de vie de 44 ans, soit un an de moins que celle des hommes. Le taux de mortalité maternelle est de 1 600 pour 100 000 naissances, tandis que le taux de mortalité infantile est de 115 décès pour 1 000 naissances vivantes et le taux de fécondité de 6,8. Masooda Jalâl a également souligné qu'un million de filles n'allaient toujours pas à l'école dans son pays.

Pour sa part, la femme iraquienne qui, elle aussi, a connu la guerre et la violence, doit maintenant lutter contre la pauvreté dans tous les aspects de sa vie quotidienne. Aujourd'hui, 15% des femmes sont veuves et un nombre croissant d'entre elles sont chef de famille. Le taux d'alphabétisation des femmes demeure inférieur à celui des hommes tandis que l'accès aux soins de santé s'est considérablement détérioré au cours des dernières années, a expliqué Narmin Barzingy, Ministre des questions de la femme de l'Iraq.

La Ministre iraquienne a mis en garde contre une vision primitive de l'Islam qui ne fait que servir les objectifs des groupes extrémistes en Iraq et remettre en question les valeurs humaines.

De son côté, la Ministre de la condition de la femme de la République démocratique du Congo, Faida Mwangilwa, s'est élevée contre les milliers de cas de violences sexuelles contre des femmes congolaises, « le viol étant utilisé comme arme de guerre par les parties au conflit dans son pays ».

« Les violences sexuelles perpétrées sur les femmes pendant les conflits armés ont eu curieusement comme auteurs tant les belligérants que les éléments des Nations Unies et leur personnel associé déployés pourtant pour les protéger », a-t-elle rappelé, ajoutant que « les femmes se mobilisaient aujourd'hui pour demander réparation et traduire les auteurs de ces crimes en justice ».

Limor Livnat, Ministre de l'éducation, de la culture et des sports d'Israël, a appelé le Président de l'Autorité palestinienne a démontrer, à l'instar des dirigeants israéliens, son engagement en faveur de la paix. La paix pourrait avoir plus de chances si elle dépendait des femmes, a-t-elle estimé en déclarant la disposition de son Gouvernement à encourager un dialogue entre les femmes israéliennes et palestiniennes.

La Ministre israélienne a appelé son homologue palestinienne à la rejoindre dans la recherche d'une voie de coopération. Le féminisme est une des révolutions les plus profondes de l'histoire, a-t-elle encore dit. Elle est intimement liée à la liberté, à la démocratie et à la paix. L'humanité tout entière peut bénéficier du féminisme.

Zahira Kamal, Ministre des femmes de l'Autorité palestinienne, a évoqué pour sa part la lutte des femmes palestiniennes contre l'occupation. Après les Accords d'Oslo, a-t-elle précisé, un collectif d'associations de femmes a élaboré un document stratégique pour promouvoir les droits des femmes. En raison de la politique d'Israël, ce plan n'a pas pu être totalement mis en œuvre, a-t-elle regretté, ajoutant que la politique de démolition et de déracinement constitue une des pires pratiques d'Israël. Il existe 220 barrages et tranchées empêchant la libre circulation des biens et des personnes. Le mur de séparation n'a fait qu'ajouter à ces difficultés, a-t-elle ajouté.

Il existe un lien fondamental entre les femmes et la lutte pour l'indépendance, a encore déclaré la Ministre palestinienne qui a demandé à la délégation israélienne de tenir compte de la contribution des femmes dans les négociations de paix. La vraie sécurité ne pourra pas être réalisée par la force armée.

La Déclaration et le Programme d'action de Beijing, adoptés par consensus le 15 septembre 1995, ont invité la communauté internationale à s'engager pour la promotion de la femme et l'égalité des sexes. La déclaration, signée par 189 Etats, les exhorte à mettre en œuvre tous les moyens vers une réelle égalité homme/femme, une politique de développement et un engagement vers la paix.

Voir les déclarations des autres Ministres dans le communiqué de presse daté du 2 mars 2005 et le communiqué de presse daté du 1er mars 2005).