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Alors que le Moyen-Orient se trouve à un moment critique, l’envoyée de l’ONU en Iraq appelle à la retenue

Dans la vieille ville de Mossoul, en Iraq, Noor, 15 ans (à gauche) et sa cousine Rahaf marchent ensemble jusqu'à l'école.
© UNICEF/Diego Ibarra Sánchez
Dans la vieille ville de Mossoul, en Iraq, Noor, 15 ans (à gauche) et sa cousine Rahaf marchent ensemble jusqu'à l'école.

Alors que le Moyen-Orient se trouve à un moment critique, l’envoyée de l’ONU en Iraq appelle à la retenue

Paix et sécurité

Les attaques provenant à la fois de l'intérieur et de l'extérieur de l'Iraq peuvent potentiellement anéantir les acquis en matière de stabilité ainsi que d'autres acquis récents, a averti mardi la cheffe de la mission des Nations Unies dans ce pays, la MANUI.

« Avec le conflit qui fait rage à Gaza et les actions armées ailleurs, le Moyen-Orient se trouve à un moment critique, et il en va de même pour l'Iraq », a déclaré la Représentante spéciale de l'ONU, Jeanine Hennis-Plasschaert, qui a appelé à la retenue.

« Alors que l’Iraq est confronté à un ensemble déjà complexe de défis, il est de la plus haute importance que toutes les attaques cessent », a ajouté l'envoyée de l'ONU lors d'une réunion du Conseil de sécurité.

Jeanine Hennis-Plasschaert, Représentante spéciale du Secrétaire général et chef de la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq, informe le Conseil de sécurité de la situation dans le pays.
UN Photo/Loey Felipe
Jeanine Hennis-Plasschaert, Représentante spéciale du Secrétaire général et chef de la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq, informe le Conseil de sécurité de la situation dans le pays.

Un « environnement favorable » est crucial

Mme Hennis-Plasschaert a estimé qu'« un environnement favorable » est essentiel pour que l'Iraq continue sur la voie de la stabilité, ce qui exige de la retenue de la part de toutes les parties.

Outre les acteurs armés iraquiens, « la retenue de la part des voisins de l’Iraq et d’autres pays est tout aussi cruciale », a-t-elle déclaré.

L’envoyée de l'ONU a rappelé qu’elle avait souligné à plusieurs reprises que « les messages par le biais de frappes ne servent qu’à accroître les tensions de manière imprudente, à tuer ou à blesser des personnes et à détruire des biens ».

À titre d’exemple, elle a cité l’attaque du 28 janvier qui a tué trois militaires américains et en a blessé plusieurs autres, parallèlement aux frappes de représailles qui en ont résulté.

« Plutôt que des démonstrations de force, tous les efforts devraient être centrés sur la protection de l'Iraq contre toute participation à un conflit plus large », a-t-elle déclaré, notant que l'Iran a également mené une attaque meurtrière de missiles sur Erbil il y a quelques semaines alors que les opérations militaires turques se poursuivent dans le nord.

Concernant « le potentiel incendiaire des frappes de représailles », elle a salué le récent lancement de pourparlers entre responsables militaires américains et iraquiens, notant que « la définition d’objectifs communs ne pouvait être qu’une évolution positive dans un contexte de tensions croissantes ».

Succès et défis

Mme Hennis-Plasschaert a également fait état d'évolutions positives. En décembre dernier, l'Iraq a organisé des élections locales pour la première fois depuis une décennie, qui marquaient également le premier vote dans le gouvernorat de Kirkouk depuis 2005.

« Ce processus électoral s’est déroulé de manière globalement pacifique et techniquement solide. Il s’agit d’une nouvelle étape dans les efforts déployés par le gouvernement pour rompre avec les cycles de dysfonctionnement passés. Et nous espérons sincèrement que le rétablissement des instances représentatives locales, inactives depuis 2019, constituera une nouvelle avancée majeure », a-t-elle dit.

Toutefois, des défis subsistent pour les élections à venir, à savoir garantir une participation électorale plus élevée et encourager les personnes éligibles à s'inscrire, ce qui nécessite un travail plus important pour renforcer la confiance du public.

Elle a évoqué également devant le Conseil de sécurité de l'ONU d’autres évolutions positives, telles que les efforts déployés par le gouvernement iraquien pour renforcer les secteurs financier et bancaire. Des « projets de construction ambitieux » se poursuivent également, notamment de grands complexes de logements et l'engagement de construire un millier de nouvelles écoles d'ici la fin de l'année, a indiqué Mme Hennis-Plasschaert.

Pourtant, l’Iraq se heurte à des obstacles, notamment « des sentiments d’exclusion et de marginalisation » qui conduisent souvent à des cycles de conflits récurrents.

Par ailleurs, les élections législatives dans la région autonome du Kurdistan, au nord, ont également été reportées à plusieurs reprises depuis octobre 2022, une nouvelle date devant être fixée. De plus, « les querelles entre Bagdad et Erbil sur les questions financières et budgétaires se poursuivent », a-t-elle souligné.

Fermeture de tous les camps

Concernant d’autres questions, elle a indiqué que le Conseil des ministres iraquien a fixé au 30 juillet la date de fermeture de tous les camps de personnes déplacées dans tout le pays, y compris dans la région du Kurdistan, dont certains accueillent des personnes ayant des liens présumés avec l’Etat islamique d'Iraq et du Levant (EIIL), appelé aussi Daech.

Tout en saluant cette décision, l'ONU a souligné qu'elle devrait être accompagnée de solutions pour les personnes déplacées en dehors des camps et que tous les retours devraient être sûrs, volontaires, dignes et inclusifs.

Mme Hennis-Plasschaert a conclu son exposé en soulignant que cela pourrait être la dernière fois qu'elle s'adresserait au Conseil, car elle devrait quitter ses fonctions en mai après cinq ans de service.

Elle a exprimé l’espoir qu’un jour, les gens du monde entier connaîtront le véritable Iraq – « un pays d’une riche diversité et culture, où il existe de nombreuses opportunités à saisir ».