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Près de 500.000 personnes ont fui les combats au Soudan, selon l'ONU

Des personnes déplacées par le conflit au Soudan font la queue pour recevoir de l'aide à leur arrivée au Tchad.
© UNHCR/Colin Delfosse
Des personnes déplacées par le conflit au Soudan font la queue pour recevoir de l'aide à leur arrivée au Tchad.

Près de 500.000 personnes ont fui les combats au Soudan, selon l'ONU

Aide humanitaire

Les combats meurtriers au Soudan ont forcé près d’un demi-million de personnes à fuir leur foyer, 334.000 ayant été déplacées à l’intérieur du pays et 114.000 personnes s’étant réfugiées dans les pays voisins, ont indiqué mardi des agences des Nations Unies.

Alors que les passages aux postes frontaliers depuis le Soudan augmentent, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) estime à près de 114.000 le nombre de réfugiés ayant fui le Soudan vers les pays voisins, y compris des réfugiés soudanais, des Sud-Soudanais rentrés prématurément chez eux et d’autres personnes qui étaient elles-mêmes réfugiées au Soudan.

Le nombre le plus important a pris la direction de l’Egypte avec près de 42.000 réfugiés. Suivent le Tchad avec 30.000 personnes déplacées de force, le Soudan du Sud avec 27.000 réfugiés dont 21.000 Sud-soudanais de retour dans leur pays, l’Ethiopie (9.000), la République centrafricaine (6.000) et la Libye (550).

Le HCR procède actuellement à l’enregistrement des réfugiés et devrait avoir une meilleure vue de la situation dans les prochaines semaines. Mais les affrontements entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti, pourraient pousser à la fuite « plus de 800.000 personnes », a d’ailleurs alerté l’Agence de l’ONU pour les réfugiés.

Ces chiffres sont des projections utilisées pour la planification financière et opérationnelle. Sur ce total, environ 600.000 seraient des réfugiés soudanais, ainsi que des réfugiés accueillis par le Soudan en quête de sécurité. En outre, plus de 200.000 Sud-Soudanais et autres réfugiés accueillis par le Soudan pourraient rentrer chez eux prématurément.

Un homme qui a fui la violence au Soudan arrive au Tchad.
© UNHCR/Colin Delfosse
Un homme qui a fui la violence au Soudan arrive au Tchad.

La plupart des réfugiés sont des femmes et des enfants

D’une manière générale, le HCR note qu’il est « très difficile de prédire ce qui va se passer ». En fait, « cela va dépendre de ce qui se passe au Soudan », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Olga Sarrado Mur, porte-parole du HCR.

En attendant, la plupart des nouveaux arrivants au Tchad et au Soudan du Sud sont des femmes et des enfants.  Au Tchad, certains nouveaux arrivants restent encore en plein air ou sous les arbres, tandis que d’autres dorment dans des abris de fortune près de la frontière. 

Au Soudan du Sud, les personnes arrivant à la frontière comprennent des personnes âgées, des personnes handicapées, des femmes enceintes, des femmes cheffes de famille avec de jeunes enfants et des familles nombreuses. Le HCR a mis en place un centre de transit où les nouveaux arrivants peuvent bénéficier de services de protection essentiels.

En République centrafricaine, le HCR a immédiatement déployé une équipe d’urgence. Des évaluations de relocalisation sont en cours pour éloigner les personnes de la frontière et les placer dans des lieux plus sûrs. En Ethiopie, la plupart des arrivées sont le fait de ressortissants de pays tiers et de quelques réfugiés. Le HCR a déployé des équipes aux deux principaux postes frontières dans les régions d’Amhara et de Benishangul Gumuz. 

Plus de 334.000 déplacés internes

En Égypte, le HCR et d’autres agences des Nations Unies ont entrepris une mission pour évaluer les besoins des personnes arrivant du Soudan et explorer les meilleurs moyens de répondre à leurs besoins et d’informer la planification pour d’éventuelles arrivées futures. L’aide est fournie par les Nations Unies et distribuée par le Croissant-Rouge égyptien.

C’est dans ce contexte d’afflux des réfugiés que le HCR lancera un plan régional interagences de réponse aux réfugiés qui inclura les besoins financiers. « Nous discutons des détails avec nos partenaires dans chaque pays et prévoyons de publier l’appel dès que possible », a ajouté Mme Sarrado Mur, relevant que la plupart des pays voisins manquent cruellement de fonds.

A l’intérieur du Soudan, plus de 60.000 réfugiés ont fui Khartoum pour se réfugier dans les camps de réfugiés des États du Nil blanc, de Gedaref et de Kassala depuis que la crise a commencé à se développer il y a deux semaines.

De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime que les combats, ont forcé plus de 334.000 personnes à fuir à l’intérieur du pays. « Le nombre de personnes déplacées au cours des deux dernières semaines dépasse tous les déplacements liés au conflit au Soudan en 2022 », a affirmé Paul Dillon, porte-parole de l’OIM.

Un déficit de 1,5 milliard de dollars de fonds pour l’aide humanitaire

Par ailleurs, l’aide humanitaire pour le Soudan manque cruellement de financement. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), le Plan de réponse humanitaire de cette année pour ce pays n’est financé qu’à 14% actuellement.

En d’autres termes, les agences humanitaires de l’ONU et leurs partenaires sont confrontés à un déficit de financement de 1,5 milliard de dollars alors que la crise humanitaire est aggravée par les combats en cours. Un porte-parole d’OCHA, Jens Laerke, a appelé la communauté internationale à soutenir les humanitaires.

« Sans cela, ils ne peuvent tout simplement pas opérer », a-t-il insisté, relevant que les agences humanitaires manquaient déjà de fonds pour financer leurs opérations humanitaires au Soudan avant même l’escalade actuelle.

A noter que le chef d’OCHA, Martin Griffiths, a été dépêché dans la région et rencontre des interlocuteurs clés au sujet de la situation au Soudan. Lundi, il a notamment rencontré le Président kenyan William Ruto. « Le message de M. Griffiths est clair : nous devons trouver des moyens d’acheminer l’aide dans le pays et de la distribuer à ceux qui en ont besoin. Le message qu’il adresse aux parties au conflit est tout aussi clair : protéger les civils et les infrastructures civiles », a conclu M. Laerke.