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Un homme tenant dans ses bras un enfant de un an débarque du navire de l'ONG Sea Watch, à Malte (photo d'archives).

L’ONU s’alarme de l’escalade de la crise des migrants en Méditerranée centrale

© UNHCR/Federico Scoppa
Un homme tenant dans ses bras un enfant de un an débarque du navire de l'ONG Sea Watch, à Malte (photo d'archives).

L’ONU s’alarme de l’escalade de la crise des migrants en Méditerranée centrale

Migrants et réfugiés

Le chef des droits de l’homme de l’ONU s’est alarmé jeudi de l'escalade de la crise et la situation précaire des demandeurs d’asile et des migrants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale.

Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, appelé à des efforts concertés pour assurer leur sauvetage rapide et un traitement digne, efficace et approfondi dans un lieu sûr. Il a également exhorté les États à ouvrir des voies de migration plus régulières, à renforcer le partage des responsabilités, à prendre des dispositions pour le débarquement sûr et rapide de toutes les personnes secourues en mer et à assurer un suivi et un contrôle indépendants des politiques et des pratiques liées à la migration.

Selon les services du Haut-commissaire, depuis 2014, plus de 26.000 personnes sont mortes ou portées disparues en traversant la Méditerranée, dont plus de 20.000 le long de la route de la Méditerranée centrale, considérée comme « l’une des routes migratoires les plus meurtrières au monde. »

400 migrants attendent d’être sauvés en mer

« Nous constatons une forte augmentation du nombre de personnes désespérées qui mettent leur vie en danger », a déclaré dans un communiqué, Volker Türk. « Nous ne pouvons pas nous permettre de tergiverser et de nous enliser dans un nouveau débat sur les responsabilités. Des vies humaines sont en jeu ». 

Par ailleurs, le Haut-Commissaire a salué les efforts des garde-côtes italiens qui ont secouru quelques 2.000 personnes depuis vendredi.

Au moins quatre personnes sont mortes et plus de 20 autres sont toujours portées disparues après le naufrage de deux bateaux de migrants au large de la Tunisie samedi.

L’ONU estime à 400 le nombre de personnes qui attendent de l’aide en mer.

L’Italie signale qu’environ 31.300 migrants sont arrivés dans le pays, depuis le début de l’année, contre environ 7.900 au cours de la même période l’année dernière. Les sauveteurs affirment que la plupart des migrants sont partis de Libye et de Tunisie et sont originaires de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Bangladesh, de Tunisie et du Pakistan.

Volker Türk demande à Rome de renoncer à sa nouvelle une loi restrictive

Face à cet afflux, Rome a décidé mardi d’imposer l’état d’urgence pour gérer la situation. 

Le Haut-Commissaire a exhorté le gouvernement italien à s’abstenir de criminaliser ceux qui participent à la fourniture d’une assistance vitale

« Toute nouvelle politique dans le cadre de l’état d’urgence doit être conforme aux obligations de l’Italie en matière de droits de l’homme », a rappelé M. Türk, relevant que « le droit à la vie et l’interdiction du refoulement ne peuvent faire l’objet d’aucune dérogation, même dans de telles circonstances ».

Le Haut-Commissaire a d’ailleurs exhorté le gouvernement italien à renoncer à sa nouvelle loi sévère adoptée au début de l’année, qui restreint les opérations civiles de recherche et de sauvetage, et à s’abstenir de criminaliser ceux qui participent à la fourniture d’une assistance vitale.

« L’expérience nous apprend que l’adoption d’une ligne plus dure pour freiner l’immigration irrégulière n’empêchera pas les départs, mais entraînera au contraire davantage de souffrances humaines et de morts en mer », a conclu le chef des droits de l’homme de l’ONU, rappelant qu’il serait bien plus judicieux aux pays d’offrir « des voies d’accès sûres et régulières pour les migrations afin d’éviter des décès inutiles ».