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Un enfant se promène dans le quartier de Rosalinda de la capitale hondurienne Tegucigalpa.

Le Honduras doit agir concrètement contre les disparitions forcées (experts)

© UNHCR/Daniel Dreifuss
Un enfant se promène dans le quartier de Rosalinda de la capitale hondurienne Tegucigalpa.

Le Honduras doit agir concrètement contre les disparitions forcées (experts)

Droits de l'homme

La volonté politique du gouvernement de s’attaquer au problème des disparitions forcées au Honduras doit se traduire par des actions concrètes, ont déclaré jeudi des experts de l’ONU, à l’issue d’une visite officielle dans le pays.

Selon le Groupe de travail des Nations Unies sur les disparitions forcées, Tegucigalpa doit intensifier ses efforts pour garantir les droits des victimes de disparitions forcées dans les domaines de la vérité, de la justice, de la réparation et de la mémoire.

Tout en prenant acte des déclarations des autorités reconnaissant les lacunes et les défis existants en matière de droits de l’homme et les mesures prises pour y remédier, les experts ont souligné la méfiance des victimes dans un contexte d’absence systémique et de longue date de reddition des comptes pour les violations des droits de l’homme.

« Parmi les proches des disparus que nous avons rencontrés dans de nombreuses régions du pays, bien qu’il y ait un certain espoir de changement, le sentiment commun est la méfiance, le désespoir et la peur », ont déclaré les experts. 

Vue sur les toits de la capitale hondurienne, Tegucigalpa.
HCR/Tito Herrera
Vue sur les toits de la capitale hondurienne, Tegucigalpa.

Impunité presque totale dans les cas de disparitions forcées

Les experts sont particulièrement préoccupés par l’impunité presque totale dans les cas de disparitions forcées, tant pour les événements passés - notamment les disparitions forcées des années 1980 et 1990 commises dans le contexte de la doctrine de sécurité nationale - que pour les cas actuels. Ils ont également ajouté que l’absence de progrès semble être une combinaison d’un cadre législatif inadéquat, « d’une faiblesse institutionnelle et d’un manque de coordination, de compétences et de ressources adéquates, associés à l’insécurité, à la collusion et à la corruption ».

« Nous avons également rencontré des parents de personnes disparues en tant que victimes du crime organisé, dans le cadre de conflits fonciers ou de migrations, et nous avons été témoins de leur angoisse et de leur souffrance en l’absence de toute réponse ou enquête de la part des autorités de l’État », a fait valoir le groupe de travail.

Rappelant la disparition emblématique en 2020 de quatre membres de la communauté Garifuna à Triunfo de la Cruz, non résolue à ce jour, les experts ont déclaré qu’il était essentiel d’enquêter de manière indépendante sur tous les éléments de ces crimes, y compris l’implication éventuelle d’agents publics.

Face à ces manquements, le groupe de travail a exhorté le gouvernement hondurien à reconnaître les disparitions forcées comme un crime autonome en dehors du contexte des crimes contre l’humanité. Il s’agit de mettre en place des unités spécialisées dans la recherche, l’enquête, les poursuites et le jugement de ce crime.

Pour la création d’une base de données sur les disparitions forcées

« Pour briser le cycle de l’impunité, il est essentiel que ces mesures s’appuient sur un engagement ferme et coordonné de tous les acteurs étatiques concernés, notamment les autorités exécutives, législatives, judiciaires et les procureurs, et sur une tolérance zéro à l’égard de la corruption », ont insisté les experts, relevant que la reddition des comptes des auteurs et intellectuels de disparitions forcées est non seulement essentielle pour satisfaire le droit des victimes à la justice, mais aussi pour garantir la non-récurrence de ce crime odieux ».

Dans ces conditions, chaque plainte relative à une disparition forcée doit faire l’objet d’une enquête en bonne et due forme et efficace dès le début, et les proches doivent être informés rapidement des progrès réalisés. D’autant que la grande majorité des victimes rencontrées au cours de la visite des experts ont fait état « d’une attention et d’une réponse insuffisantes de la part des autorités compétentes ».

Plus largement, le groupe de travail a exhorté les autorités à créer un registre pour toutes les victimes de disparitions forcées et une base de données contenant les données génétiques de leurs proches.

A noter que le Groupe de travail présentera, en septembre 2023 au Conseil des droits de l’homme, ses observations finales sur la visite au Honduras.