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Des enfants attendent de recevoir des suppléments nutritionnels dans une clinique de la ville de Nampo, en République populaire démocratique de Corée. (archives)

La Corée du Nord doit cesser de s’isoler comme jamais auparavant (experte)

© UNICEF/Olga Basurmanova
Des enfants attendent de recevoir des suppléments nutritionnels dans une clinique de la ville de Nampo, en République populaire démocratique de Corée. (archives)

La Corée du Nord doit cesser de s’isoler comme jamais auparavant (experte)

Droits de l'homme

L’isolement sans précédent imposé par la République populaire démocratique de Corée (RPDC) depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19 a encore aggravé les souffrances de son peuple, a averti mardi une experte indépendante de l’ONU.

Dans un rapport présenté à la 52e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, Elizabeth Salmón, a exhorté la communauté internationale à accorder une attention urgente à la détérioration de l’accès de la population à la nourriture, aux médicaments et aux soins de santé dans le pays.

Selon l’experte indépendante onusienne, des gens sont morts de froid pendant la vague de froid de janvier de cette année.

« Les gens n’avaient pas d’argent pour chauffer leur maison ou étaient même forcés de vivre dans la rue parce qu’ils avaient vendu leur maison en dernier recours », a informé la professeure péruvienne de droit.

L’experte de l’ONU a rappelé qu’en réponse à la pandémie de Covid-19, Pyongyang a ainsi introduit des mesures de contrôle des frontières internationales en janvier 2020. Depuis lors, la plupart du personnel international de l’ONU, des agences humanitaires et des missions diplomatiques n’ont pas pu retourner dans le pays.

L’experte a ainsi exhorté le gouvernement nord-coréen à prendre des mesures pour fournir de la nourriture à ceux qui en ont le plus besoin et à demander l’aide de la communauté internationale pour réaliser le droit fondamental de tous les peuples à être à l’abri de la faim.

Redoubler d’efforts pour engager le dialogue avec Pyongyang

Plus largement, elle s’est inquiétée de l’impact de trois années de fermeture des frontières sur la population de la RPDC, en particulier sur les femmes travaillant sur les marchés informels, les personnes vivant dans la pauvreté, les personnes âgées, les sans-abris et les kkotjebi (enfants sans-abri).

Mme Salmón a également noté que le nombre d’évadés arrivant en République de Corée avait diminué de manière significative. De plus,  en raison de ces fermetures de frontières, plus d’un millier de Nord-coréens ayant tout de même fui le pays sont détenus pour une durée indéterminée en Chine, a fait observer la Rapporteure spéciale.

En outre, a-t-elle ajouté, les personnes rapatriées par la force courent le risque d’être envoyées dans des camps-prisons politiques (kwanliso) et leur punition dépend de si les autorités estiment ou non qu’elles aient l’intention de fuir vers la République de Corée. 

Il est indispensable que le rapatriement forcé par des pays tiers cesse, conformément au principe de non-refoulement, ce qui relève du droit coutumier international et s’applique également aux migrants économiques irréguliers, indépendamment du statut de réfugié, a souligné Mme Salmón.

En conclusion, elle a prévenu que l’impasse actuelle en termes de dialogue et de diplomatie favorise non seulement la détérioration de la situation des droits de l’homme, mais aussi la mise au point du programme d’armement, notamment nucléaire.

« La communauté internationale ne peut pas fermer les yeux sur la situation simplement parce qu’elle n’y a pas accès », a-t-elle affirmé, appelant à redoubler d’efforts pour engager le dialogue avec les dirigeants de la RPDC.

NOTE

Les Rapporteurs spéciaux font partie de ce que l’on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme. Les procédures spéciales, le plus grand corps d’experts indépendants du système des droits de l’homme des Nations Unies, est le nom général donné aux mécanismes indépendants d’établissement des faits et de suivi du Conseil qui traitent soit de situations spécifiques à des pays, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire; ils ne font pas partie du personnel de l’ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et siègent à titre individuel.