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Des crises liées à l’eau menacent la vie de 190 millions d’enfants dans 10 pays africains

190 millions d’enfants vivant dans 10 pays africains courent des risques extrêmement élevés en raison de la convergence de trois menaces liées à l’eau.
© UNICEF/Frank Dejongh
190 millions d’enfants vivant dans 10 pays africains courent des risques extrêmement élevés en raison de la convergence de trois menaces liées à l’eau.

Des crises liées à l’eau menacent la vie de 190 millions d’enfants dans 10 pays africains

Santé

A la veille de la Conférence de l’ONU sur l’eau, du 22 au 24 mars, une nouvelle analyse de l’UNICEF indique que 190 millions d’enfants vivant dans 10 pays africains courent des risques extrêmement élevés en raison de la convergence de trois menaces liées à l’eau. 

Ces menaces sont l’inadéquation des services d'approvisionnement en eau, d'assainissement et d’hygiène (EAH) ; les maladies résultant de cette situation ; et les aléas climatiques. 

C’est au Bénin, au Burkina Faso, au Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Mali, au Niger, au Nigéria, en Somalie et au Tchad que cette triple menace s’avère la plus grave, l’Afrique de l’Ouest et centrale étant l’une des régions du monde les plus marquées par l’insécurité hydrique et les changements climatiques. La plupart des pays les plus durement touchés, en particulier ceux se trouvant au Sahel, sont également confrontés à l’instabilité et aux conflits armés, qui entravent davantage l’accès des enfants à l’eau potable et à l’assainissement. 

Des personnes font la queue pendant plusieurs heures pour obtenir de l'eau dans le quartier de Kaharey à Doolo, en Somalie.
OCHA
Des personnes font la queue pendant plusieurs heures pour obtenir de l'eau dans le quartier de Kaharey à Doolo, en Somalie.

Catastrophe hydrique

« L’Afrique fait face à une catastrophe hydrique. Si les chocs liés à l’eau et aux changements climatiques se multiplient à l’échelle mondiale, aucun autre continent ne présente une conjugaison de risques aussi dangereuse pour les enfants », déclare Sanjay Wijesekera, Directeur des programmes au Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF). 

« Les tempêtes et les inondations dévastatrices, ainsi que les sécheresses sans précédent, détruisent les installations et les habitations, contaminent les ressources en eau, génèrent des crises alimentaires et propagent les maladies. Alors que les conditions actuelles sont déjà extrêmement difficiles, si nous n’agissons pas de toute urgence, l’avenir pourrait être bien plus sombre encore », ajoute-t-il. 

Dans le cadre de cette analyse mondiale, l’examen de l’accès des ménages aux services EAH, du nombre de décès chez les enfants de moins de 5 ans imputables à l’inadéquation de ces services, et de l’exposition aux aléas climatiques et environnementaux indique les pays où les enfants sont les plus gravement menacés et où il est absolument indispensable d’investir dans des solutions permettant de prévenir les décès évitables. 

Dans ces 10 pays à haut risque, près d’un tiers des enfants n’ont pas accès au moins à des installations de base d’approvisionnement en eau dans leur foyer, et les deux tiers ne disposent pas de services de base en matière d’assainissement. Un quart des enfants n’ont pas d’autre choix que de pratiquer la défécation à l’air libre. L’hygiène des mains est également limitée, les trois quarts des enfants n’étant pas en mesure de se les laver en raison de l’absence d’eau et de savon dans leur foyer. 

Mortalité infantile

En conséquence, ces pays enregistrent le taux le plus élevé de mortalité infantile due à des maladies provoquées par des services EAH inadéquats, telles que la diarrhée. Ainsi, sur les dix pays concernés, six ont connu des épidémies de choléra l’année dernière. À l’échelle mondiale, plus de 1.000 enfants de moins de 5 ans, dont environ deux sur cinq vivent dans l’un de ces 10 pays, meurent quotidiennement d’une maladie liée à l’EAH. 

De surcroît, ces pays comptent parmi les 25% les plus exposés aux menaces climatiques et environnementales (sur 163 pays). Dans certaines parties d’Afrique de l’Ouest et centrale, la hausse des températures, qui accélère la réplication des agents pathogènes, est 1,5 fois plus rapide que la moyenne mondiale. En outre, le niveau des nappes phréatiques diminue, obligeant certaines communautés à creuser des puits deux fois plus profondément qu’il y a une dizaine d’années seulement. Parallèlement, les précipitations deviennent plus irrégulières et intenses, et provoquent des inondations qui contaminent des ressources en eau déjà rares. 

Ces 10 pays à haut risque sont également classés par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) comme fragiles ou extrêmement fragiles, et dans certains d’entre eux, les tensions générées par les conflits armés menacent d’anéantir les progrès réalisés en matière d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. 

Ainsi, le Burkina Faso connaît une intensification des attaques perpétrées contre les installations d’approvisionnement en eau, lesquelles constituent une tactique visant à déplacer les communautés. En 2022, 58 points d’eau ont été attaqués, contre 21 en 2021 et trois en 2020. En conséquence, plus de 830.000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, ont été privées d’accès à l’eau potable l’année dernière.