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Syrie : l’ONU lance une vaste campagne de vaccination contre le choléra

Un enfant est vacciné contre le choléra à Alep, au nord-ouest de la Syrie (archives)
© UNICEF/Rami Nader
Un enfant est vacciné contre le choléra à Alep, au nord-ouest de la Syrie (archives)

Syrie : l’ONU lance une vaste campagne de vaccination contre le choléra

Santé

Les autorités sanitaires syriennes et des agences des Nations Unies ont donné, mercredi, le coup d’envoi d’une campagne de vaccination contre le choléra dans les zones du nord-ouest de la Syrie touchées par le tremblement de terre.

Au cours de la campagne, 1,7 million de doses de vaccin anticholérique seront utilisées pour protéger les Syriens âgés de plus d’un an. Il s’agit notamment des populations vivant dans les zones les plus gravement touchées par le tremblement de terre et les plus exposées au risque de choléra, notamment les districts d’Idleb, ainsi que le district d’A ‘Zaz dans le nord d’Alep.

En coordination avec les autorités sanitaires, cette vaste campagne est menée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), le Groupe d’immunisation de la Syrie (SIG) et l’Alliance mondiale pour les vaccins (GAVI). Ce programme intervient alors que les agences sanitaires redoutent une hausse des maladies d’origine hydrique pour plus de 2,1 millions de Syriens vivant dans le nord-ouest de la Syrie.

« Ce risque augmente considérablement à la suite du tremblement de terre dévastateur, en particulier dans les camps surpeuplés et les centres collectifs », a déclaré le Dr Richard Brennan, Directeur régional des urgences du Bureau de l’OMS en Méditerranée orientale, ajoutant qu’il faut « agir maintenant pour éviter d’autres maladies et d’autres décès ».

Le petit Amer a appris à se laver soigneusement les mains grâce à une équipe mobile de santé et de nutrition soutenue par l'UNICEF. Ces activités font partie de l'intervention de l'UNICEF contre le choléra à Deir-ez-Zor, en Syrie.
© UNICEF Syrie
Le petit Amer a appris à se laver soigneusement les mains grâce à une équipe mobile de santé et de nutrition soutenue par l'UNICEF. Ces activités font partie de l'intervention de l'UNICEF contre le choléra à Deir-ez-Zor, en Syrie.

L’impact du séisme sur l’accès à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène

Depuis que l’épidémie de choléra a été déclarée pour la première fois en Syrie le 10 septembre 2022, plus de 50.000 cas suspects ont été signalés dans les gouvernorats d’Idlib et d’Alep, dont 18 % dans les camps de personnes déplacées internes. Au cours de la semaine du tremblement de terre, les cas signalés ont diminué de 63 %, reflétant la baisse des présentations et des signalements.

Depuis, la surveillance a repris et le dernier décompte a fait état de 1.784 nouveaux cas. Dans ces conditions, les agences humanitaires soulignent l’urgence d’intensifier la surveillance et la réponse aux maladies à tendance épidémique après le tremblement de terre. « La catastrophe a perturbé l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène, exposant la population à un risque accru de maladies transmises par l’eau, notamment le choléra », ont mis en garde les agences onusiennes.

Il s’agit ainsi de se concentrer particulièrement sur la saison printanière qui verra un changement dans les agents pathogènes circulants. « Après des années de conflit et deux tremblements de terre catastrophiques, les dangers que représentent les conditions insalubres et l’eau non potable pour les enfants peuvent sembler insignifiants, mais nous savons que si les maladies d’origine hydrique s’installent, les effets peuvent être désastreux », a fait valoir Maddalena Bertolotti, Directrice régionale adjointe de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Une famille de la région de Rumaila, dans le district de Jableh, dans le nord-ouest de la Syrie, se tient près de sa maison détruite.
© UNICEF/Hasan Belal
Une famille de la région de Rumaila, dans le district de Jableh, dans le nord-ouest de la Syrie, se tient près de sa maison détruite.

Une course contre la montre avant le début du mois de Ramadan

Les vaccins contre le choléra étant administrés par voie orale, il est essentiel de veiller à ce que les populations ciblées soient atteintes avant le début du mois sacré du Ramadan, car la plupart des adultes jeûneront pendant cette période. 1400 équipes d’agents de santé et de volontaires communautaires mettront en œuvre la campagne de dix jours en utilisant une stratégie de porte-à-porte et en atteignant les personnes déplacées vivant dans les camps, les marchés et les sites scolaires.

Sur le terrain, l’UNICEF continue de diriger l’achat des vaccins, la chaîne du froid et la gestion des vaccins pour en assurer la sécurité. L’OMS, pour sa part, continue de diriger la réponse opérationnelle au choléra, en établissant un groupe de travail sur la réponse au choléra et en coordonnant la réponse à travers les différents piliers, y compris la surveillance, la gestion des cas, la prévention et le contrôle des infections, la chaîne d’approvisionnement, la communication sur les risques et l’engagement communautaire.

A noter que le séisme dévastateur qui a frappé le 6 février le nord de la Syrie a fait plus de 4.540 morts et près de 9.000 blessés. Environ 90.000 Syriens ont été déplacés dans le nord-ouest et beaucoup ont trouvé refuge dans des camps surpeuplés et des centres d’accueil collectifs.