L'actualité mondiale Un regard humain
Bâtiments résidentiels détruits par des frappes aériennes dans la banlieue de Kyiv de Borodyanka.

La guerre en Ukraine est littéralement toxique, avertit le PNUE

© UNOCHA/Matteo Minasi
Bâtiments résidentiels détruits par des frappes aériennes dans la banlieue de Kyiv de Borodyanka.

La guerre en Ukraine est littéralement toxique, avertit le PNUE

Climat et environnement

La guerre en Ukraine risque de laisser un héritage toxique pour les générations à venir, a affirmé jeudi le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), s’appuyant sur les données d’un suivi préliminaire du conflit entrepris l'année dernière.

« La cartographie et l'examen initial des risques environnementaux ne font que confirmer que la guerre est littéralement toxique », a déclaré la Directrice exécutive du PNUE, Inger Andersen, dans un communiqué publié à la veille du 24 février, date à laquelle la Fédération de Russie a envahi l’Ukraine il y a un an.

Le PNUE compte passer en revue et évaluer l'éventail complet et la gravité des conséquences, « bien que des milliers d'incidents possibles, comprenant des cas de pollution de l'air, de l'eau et du sol et de dégradation des écosystèmes, y compris des risques pour les pays voisins, aient déjà été identifiés ».

« La première priorité est que cette destruction insensée prenne fin maintenant. L'environnement concerne les gens : il s'agit des moyens de subsistance, de la santé publique, de la pureté de l'air et de l'eau, et des systèmes alimentaires de base. Il s'agit d'un avenir sûr pour les Ukrainiens et leurs voisins, et il ne faut pas que de nouveaux dégâts soient causés », a plaidé Mme Andersen.

Les habitants retournent dans leur immeuble, qui a été touché par un missile, pour récupérer leurs affaires.
© UNOCHA/Dmytro Smolienko
Les habitants retournent dans leur immeuble, qui a été touché par un missile, pour récupérer leurs affaires.

Besoin d'un environnement sûr et sain

Le PNUE a effectué une première visite de cadrage en Ukraine en 2022, en soutien au Coordinateur résident de l’ONU et à la demande des autorités ukrainiennes. Il mobilise désormais davantage de soutien pour aider à évaluer le large éventail d'impacts environnementaux.

« L'Ukraine aura alors besoin d'un énorme soutien international pour évaluer, atténuer et réparer les dégâts dans tout le pays, et atténuer les risques pour la région au sens large », a affirmé la cheffe du PNUE.

Mme Andersen a souligné que « des millions d'Ukrainiens déplacés ont besoin d'un environnement sûr et sain pour rentrer chez eux » et reprendre leur vie.

« Dès que les combats prendront fin, et ils doivent prendre fin rapidement, une opération de nettoyage colossale devra être soutenue », a pour sa part déclaré la Coordinatrice résidente des Nations Unies en Ukraine.

Selon les données du PNUE et de ses partenaires, le conflit a provoqué des dégâts dans de nombreuses régions du pays, avec des incidents dans des centrales et des installations nucléaires, des infrastructures énergétiques, notamment des pétroliers, des raffineries de pétrole, des plates-formes de forage, des installations gazières et des pipelines de distribution, des mines et des sites industriels et agro-industriels.

Le PNUE alerte qu’il en résulte de multiples incidents de pollution atmosphérique et une contamination potentiellement grave des eaux souterraines et de surface.

« Les infrastructures liées à l'eau, notamment les stations de pompage, les stations d'épuration et les installations d'assainissement, ont également subi des dommages importants, et de nombreuses installations industrielles, entrepôts et usines ont été endommagés, certains stockant une série de substances dangereuses allant des solvants à l'ammoniac et aux plastiques », a fait valoir le PNUE.

Un homme regarde les ruines d'un bâtiment détruit pendant le conflit dans l'est de l'Ukraine. (archive)
© UNOCHA/Yevegen Maloletka
Un homme regarde les ruines d'un bâtiment détruit pendant le conflit dans l'est de l'Ukraine. (archive)

Des déchets militaires aux carcasses de bétail

Des substances dangereuses ont également été libérées par des explosions dans des installations de stockage agro-industrielles, notamment des usines d'engrais et d'acide nitrique, indique le PNUE.

« On rapporte également que plusieurs grandes exploitations d'élevage ont été prises pour cible, les carcasses de bétail constituant un risque supplémentaire pour la santé publique », a également mis en exergue l’agence onusienne pour l’environnement.

Dans de nombreuses zones urbaines, le nettoyage des habitations détruites posera des problèmes particuliers, « les débris étant susceptibles d'être mélangés à des matériaux dangereux, notamment de l'amiante ».

L'imagerie satellitaire a également montré une augmentation significative des incendies dans diverses réserves naturelles et zones protégées, ainsi que dans les zones forestières.

En outre, la pollution due à l'utilisation intensive d'armes, y compris dans les zones peuplées, et les grands volumes de déchets militaires, notamment les véhicules militaires détruits, constituent un défi majeur en matière de nettoyage.