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Une mère à Boutcha, en Ukraine, enterre son fils dont le corps a été retrouvé avec 450 autres personnes après le retrait des soldats de la ville.

Guerre en Ukraine : plus de 8.000 civils tués et aucun enfant épargné (ONU)

© UNICEF/Diego Ibarra Sánchez
Une mère à Boutcha, en Ukraine, enterre son fils dont le corps a été retrouvé avec 450 autres personnes après le retrait des soldats de la ville.

Guerre en Ukraine : plus de 8.000 civils tués et aucun enfant épargné (ONU)

Paix et sécurité

Plus de 8.000 civils ont été tués en un an de guerre en Ukraine et plus de 13.000 ont été blessés, a indiqué mardi le chef des droits de l’homme de l’ONU, déplorant le tribut « insupportable » payé par la population.

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a affirmé que ces données ne sont « que la partie émergée de l’iceberg », ces données étant probablement inférieures au chiffre réel, en raison du manque d’indications pour les vérifier ou du manque d’accès à certains territoires.

« Les chiffres, que nous publions aujourd’hui, mettent à nu les pertes et les souffrances infligées à la population depuis le début de l’attaque armée de la Russie, le 24 février de l’année dernière ; des souffrances que j’ai pu constater moi-même lors de ma visite en Ukraine en décembre », a déclaré dans un communiqué M. Türk, déplorant que « les plus jeunes comme les plus âgés ont tous été affectés ».

A Marioupol, principal port du pays sur la mer Noire, près de 2.000 civils ont été tués, a affirmé à la presse la cheffe de la Mission de l’ONU sur les droits humains en Ukraine, Matilda Bogner.

« Nous estimons qu’il y a des milliers de personnes supplémentaires que ce que nous avons déjà documenté », a-t-elle ajouté.

Des indications sur six civils tués en Crimée et 160 en Russie

Plus de 60% des victimes sont des femmes. Plus de 480 enfants ont été tués.

« Plus de 90 % des victimes civiles enregistrées ont été causées par l’utilisation d’armes explosives ayant des effets sur une vaste zone, notamment des tirs d’artillerie lourde, des systèmes de roquettes à lancement multiple, des missiles et des frappes aériennes », précise le Haut-Commissariat, soulignant que la plupart ont eu lieu dans des zones habitées.

Les mines antipersonnel ou les restes explosifs de guerre ont fait plus de 630 victimes.

« Chaque jour où les violations des droits humains et du droit international humanitaire (DIH) se poursuivent, il devient toujours plus difficile de trouver une voie, au travers des souffrances et des destructions grandissantes, vers la paix », a souligné M. Türk.

La Mission de l’ONU sur les droits humains en Ukraine a aussi des indications sur six civils tués en Crimée, ainsi que 160 victimes civiles - 30 tués et 130 blessés - sur le territoire de la Fédération de Russie.

« Les efforts pour établir les responsabilités et la justice pour les violations du droit international doivent s’intensifier », a insisté le Haut-commissaire, ajoutant que ce conflit « constitue un affront flagrant à la Charte des Nations Unies et à l’ensemble du droit international construit pour protéger les êtres humains partout dans le monde ».

Par ailleurs, près de 18 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire et environ 15 millions sont déplacées ou réfugiées.

Une fillette de 8 ans pose devant un immeuble à Irpin, en Ukraine, où sa mère et sa sœur partagent une petite chambre.
© UNICEF/Olena Hrom
Une fillette de 8 ans pose devant un immeuble à Irpin, en Ukraine, où sa mère et sa sœur partagent une petite chambre.

Une génération d’enfants au bord du gouffre, selon l’UNICEF

De son côté, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a indiqué que presque un an après l’escalade du conflit en Ukraine, le 24 février 2022, une génération d’enfants a traversé 12 mois de violence, de peur, de perte et de tragédie.

Pas un seul aspect de la vie des enfants n’a été épargné par le conflit ; des enfants ont été tués, blessés, chassés de chez eux, privés d’une éducation essentielle et privés des avantages d’un environnement sûr et sécurisé.

« Les enfants d’Ukraine ont vécu une année d’horreur », a affirmé dans un communiqué Catherine Russell, la Directrice générale de l’UNICEF.

« Des enfants ont été tués et blessés, et beaucoup ont perdu leurs parents et leurs frères et sœurs, leurs maisons, leurs écoles et leurs terrains de jeux. Aucun enfant ne devrait jamais avoir à supporter ce genre de souffrance », a-t-elle ajouté.

Selon une récente enquête du Fonds, 80% des personnes interrogées ont constaté une détérioration de leur situation économique.

« Le taux de pauvreté des enfants a presque doublé en une année, passant de 43% à 82% », a affirmé depuis la capitale ukrainienne, James Elder, porte-parole de l’UNICEF, lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève.

Pas un seul aspect de la vie des enfants épargné par le conflit

La guerre a également un impact dévastateur sur la santé mentale et le bien-être des enfants.

Environ 1,5 million d’enfants exposés à la dépression, à l’anxiété, au syndrome de stress post-traumatique et à d’autres problèmes de santé mentale, avec des effets et des implications potentiels à long terme

On estime à 1,5 million le nombre d’enfants exposés à la dépression, à l’anxiété, au syndrome de stress post-traumatique et à d’autres problèmes de santé mentale, avec des effets et des implications potentiels à long terme.

Des milliers d’enfants fuyant les conflits à travers le pays sont privés de vaccins vitaux pour les protéger de la polio, de la rougeole, de la diphtérie et d’autres maladies potentiellement mortelles.

Pour ne rien arranger, la guerre a perturbé l’éducation de plus de cinq millions d’enfants, privant les enfants du sentiment de structure, de sécurité, de normalité et d’espoir que procure la salle de classe.

L’accès limité aux écoles survient après deux années de perte d’apprentissage dues à la pandémie de Covid-19, et plus de huit années d’interruption de l’éducation pour les enfants vivant dans l’est de l’Ukraine.

A noter que l’agence onusienne a lancé, en décembre 2022, son appel annuel d’action humanitaire pour les enfants. L’UNICEF a besoin de 1,1 milliard de dollars pour répondre aux besoins immédiats et à plus long terme de 9,4 millions de personnes, dont 4 millions d’enfants, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Ukraine, qui restent profondément affectés par la guerre.