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Vue de la place principale de Tripoli, en Libye.

A un Sommet de l’Union africaine, Guterres appelle à mettre fin à l'impasse politique en Libye

© UN Photo/Abel Kavangh
Vue de la place principale de Tripoli, en Libye.

A un Sommet de l’Union africaine, Guterres appelle à mettre fin à l'impasse politique en Libye

Paix et sécurité

Surmonter l'impasse politique actuelle en Libye peut déclencher des progrès indispensables dans la résolution d'une myriade de crises dans ce pays, a déclaré vendredi le chef de l'ONU lors d'un Sommet de l'Union africaine dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba.

« Ce dont nous avons besoin de toute urgence, c'est de la volonté politique pour sortir de l'impasse politique prolongée et réaliser des progrès sur plusieurs fronts », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors d’une réunion du Comité de haut niveau sur la Libye, dans le cadre du Sommet.

Des progrès sont absolument nécessaires pour organiser des élections et faire progresser les gains en matière de sécurité, de réconciliation nationale et de droits de l'homme, a-t-il déclaré.

Domaines d'action prioritaires

Notant que l'ONU s'est « totalement engagée à surmonter les malentendus du passé », il a défini les domaines d'action prioritaires.

« Nous n'avons pas d'agenda ni d'objectif mais un seul : garantir le droit du peuple libyen à vivre en paix, à voter lors d'élections libres et équitables et à partager la prospérité de son pays », a-t-il déclaré.

Les défis sont énormes. Une enquête de l'ONU sur les droits de l'homme fin janvier comprenait des témoignages d'exécutions extrajudiciaires, de torture, de détention arbitraire, de disparitions forcées, de traite des êtres humains, de déplacements internes et de l'existence de sites d'inhumation de masse.

Depuis le renversement en 2011 de Mouammar Kadhafi, qui dirigeait la Libye depuis 1969, la nation riche en pétrole est aux prises avec de multiples crises et des administrations rivales - un gouvernement d'accord national reconnu par l'ONU, basé dans la capitale Tripoli, et l’Armée nationale libyenne basée à l'est du pays.

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'adresse au Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye.
© UNECA/Daniel Getachew
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, s'adresse au Comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye.

« Pas d'alternative aux élections »

En décembre 2021, des différends juridiques et d'autres défis ont forcé l'annulation d'élections présidentielle et parlementaires historiques. Pour résoudre ce problème urgent, le Secrétaire général a déclaré que son Représentant spécial avait engagé les parties libyennes et les partenaires internationaux à convenir d'une base constitutionnelle pour les élections d'ici la fin février.

« Je partage les frustrations croissantes du peuple libyen », a déclaré le Secrétaire général. « L'absence d'élections aggrave l'insécurité économique, accroît l'instabilité politique, risque de relancer le conflit et fait planer le spectre de la partition ».

Mais, en l’absence d’accord, les Nations Unies, en étroite collaboration avec les principales parties prenantes libyennes, l'Union africaine et les partenaires internationaux, devraient proposer et poursuivre des mécanismes alternatifs pour trouver des solutions, a-t-il dit. « Il n'y a pas d'alternative aux élections », a-t-il ajouté. « Elles restent la seule voie crédible vers une gouvernance légitime et unifiée ».

Pendant ce temps, l'accord de cessez-le-feu de 2020 continue de tenir, a-t-il dit, saluant les progrès sur les défis de sécurité. Les efforts comprennent le travail de la Commission militaire conjointe 5+5, convoquée par son Représentant spécial, qui représente « un instrument d'espoir pour tous les Libyens », a-t-il déclaré, ainsi que l'engagement et le soutien de l'Union africaine.

Retirer les combattants étrangers

« La prochaine priorité de la Commission militaire mixte doit être le retrait complet des combattants étrangers et des mercenaires de Libye », a-t-il déclaré, rappelant que l'ingérence extérieure avait alimenté la descente de la Libye dans le conflit.

Se félicitant de la récente réunion au Caire entre la commission militaire et les représentants de la Libye, du Soudan et du Niger, il a déclaré que la décision de créer un comité de coordination et de partage d'informations marque « une étape importante vers une plus grande stabilité et paix en Libye et dans la région ».

Les progrès vers la réconciliation nationale sont également une priorité, a-t-il dit, soulignant les efforts continus de l'Union africaine pour soutenir un processus inclusif.

Préoccupations en matière de droits de l'homme

Soulignant de graves préoccupations en matière de droits humains, le chef de l’ONU a déclaré que les migrants, les réfugiés et les demandeurs d'asile continuent de subir des abus en toute impunité. Des milliers de personnes qui tentent de traverser la mer Méditerranée sont renvoyées en Libye et détenues dans des conditions inhumaines et dégradantes avec une aide humanitaire restreinte, et des milliers d'autres sont portées disparues.

Il a réitéré son appel à tous les pays concernés pour qu'ils respectent l'intégrité du droit international des réfugiés et aux autorités libyennes pour qu'elles trouvent des alternatives à la détention fondées sur les droits humains.

« Les Nations Unies et l'Union africaine - ainsi que d'autres acteurs et organisations régionaux clés - doivent travailler ensemble pour aider le peuple libyen à réaliser ses aspirations légitimes à un avenir plus pacifique et prospère », a déclaré M. Guterres.