L'actualité mondiale Un regard humain
Des enfants dans un camp pour personnes déplacées en Afghanistan

Afghanistan : la crise humanitaire inverse les nombreux progrès réalisés au cours des 20 dernières années (OCHA)

© UNICEF/Omid Fazel
Des enfants dans un camp pour personnes déplacées en Afghanistan

Afghanistan : la crise humanitaire inverse les nombreux progrès réalisés au cours des 20 dernières années (OCHA)

Aide humanitaire

Alors que l’Afghanistan entre dans sa deuxième année d’un « déclin économique dévastateur », deux tiers de la population afghane auront besoin cette année d’une aide humanitaire d’urgence pour survivre, a alerté lundi l’agence des Nations Unies pour la coordination humanitaire, relevant que cette crise humanitaire réduit à néant les acquis si durement obtenus au cours des 20 dernières années.

« En 2023, 28,3 millions de personnes (soit les deux tiers de la population afghane) auront besoin d’une aide humanitaire d’urgence pour survivre alors que le pays entame sa troisième année consécutive de sécheresse et sa deuxième année de déclin économique, tout en subissant les effets de 40 ans de conflit et de catastrophes naturelles récurrentes », a détaillé le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), dans son dernier rapport de situation sur ce pays d’Asie centrale.

Les niveaux élevés de chômage et l’inflation soutenue des prix des principales matières premières ont entraîné une hausse de la dette du ménage moyen. Ce qui met à l’épreuve les mécanismes d’adaptation de la population et compromet la capacité d’une économie déjà fragile à s’adapter aux chocs.

6 millions d’Afghans à deux doigts de la famine

Selon l’OCHA, la crise économique de l’Afghanistan est généralisée, avec plus de la moitié des ménages ayant subi un choc économique au cours des six derniers mois.

17 millions de personnes seront confrontées à la faim en 2023, dont 6 millions à des niveaux d’insécurité alimentaire d’urgence, à deux doigts de la famine

« L’économie est immédiatement tombée en chute libre, avec la perturbation des marchés, des mécanismes financiers et commerciaux, le gel de 9,5 milliards de dollars de réserves de la banque centrale et de prêts et la suspension soudaine de l’aide directe au développement », signale l’OCHA.

Dans ce contexte, 17 millions de personnes seront confrontées à la faim en 2023, dont 6 millions à « des niveaux d’insécurité alimentaire d’urgence, à deux doigts de la famine ».

L’agence onusienne avertit qu’il s’agit de « l’un des chiffres les plus élevés au monde ».

D’autant que la situation devrait se détériorer au cours du premier trimestre de 2023 en raison « des effets simultanés de l’hiver et de la période de soudure, de la persistance des prix élevés des denrées alimentaires, de la baisse des revenus, du chômage et de la poursuite du déclin économique ».

Il y a des besoins dans chaque province du pays, avec des besoins extrêmes dans 33 des 34 provinces et 27 des 34 grandes villes/capitales provinciales, les autres ayant des besoins sévères.

Cela qui indique « à quel point la crise est répandue dans tout le pays », a mis en garde l’agence de l’ONU, ajoutant qu’avec cette crise humanitaire sans précédent, il y a « un risque très réel d’effondrement systémique et de catastrophe humaine ».

Une nouvelle ère de la faim et de hausse de la pauvreté

« Outre des coûts humains inimaginables, cette crise humanitaire remet en cause de nombreux acquis des vingt dernières années, notamment en matière de droits des femmes », a insisté l’OCHA, rappelant que la fin du conflit armé, qui opposait depuis 20 ans les talibans aux forces de sécurité et de défense nationales afghanes en août 2021, et la prise de contrôle simultanée du pays par les talibans, ont ouvert une nouvelle ère.

Celle-ci est caractérisée « par un déclin économique rapide, la faim et le risque de malnutrition, une inflation alimentée par les chocs mondiaux sur les produits de base, une hausse considérable de la pauvreté dans les villes et les campagnes ».

Il s’agit d’un « quasi-effondrement du système national de santé publique, l’étouffement des médias et de la société civile, et l’exclusion quasi-totale de la moitié de la population - les femmes et les filles - de la vie publique ».

Plus largement, les principaux moteurs des besoins humanitaires en 2023 sont multidimensionnels : la sécheresse, le changement climatique, les menaces de protection, notamment pour les femmes et les filles, et la crise économique.

« Néanmoins, les conflits, les effets persistants de la guerre et les déplacements récents de conflits à grande échelle continuent d’empêcher les populations de renforcer leur résilience et d’avancer vers le rétablissement et les solutions », a fait valoir l’OCHA.