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Le mur de séparation en territoire palestinien occupé

Un leadership courageux est nécessaire pour transformer la dynamique israélo-palestinienne, affirme l’envoyé de l’ONU

UN News/Shirin Yaseen
Le mur de séparation en territoire palestinien occupé

Un leadership courageux est nécessaire pour transformer la dynamique israélo-palestinienne, affirme l’envoyé de l’ONU

Paix et sécurité

« Alors qu’une nouvelle année commence, un dangereux cycle de violence persiste sur le terrain, dans un contexte de tensions politiques accrues, tandis que le processus de paix est au point mort », a déclaré Tor Wennesland, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, lors d’une réunion du Conseil de sécurité le 18 janvier.

« La violence doit cesser », a-t-il réitéré devant les membres du Conseil. « Prévenir davantage de pertes en vies humaines et inverser les tendances négatives sur le terrain doit être notre priorité collective, Dans le même temps, nous ne devons pas perdre de vue l’objectif ultime : mettre fin à l’occupation, régler le conflit et parvenir à une solution à deux États ».

Cinq enfants palestiniens tués dans des affrontements

Tor Wennesland « s’est réjoui à la perspective de continuer à travailler en étroite collaboration avec le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahou » et a exhorté toutes les parties à réduire les tensions actuelles.  

Il a confirmé qu’au total, entre le 8 décembre et le 13 janvier, 14 Palestiniens, dont cinq enfants, ont été tués et 117 Palestiniens, dont trois femmes et 18 enfants, ont été blessés par les forces de sécurité israéliennes, y compris dans la zone A de la Cisjordanie occupée ; tandis que des colons israéliens ou d’autres civils ont perpétré 63 attaques contre des Palestiniens, faisant 28 blessés, dont six enfants, et endommageant des biens palestiniens.

Dans le même temps, a indiqué le Coordonnateur spécial, cinq civils israéliens, dont trois femmes, et quatre membres des forces de sécurité israéliennes ont été blessés par des Palestiniens lors d’attaques, d’affrontements, de jets de pierres et de cocktails Molotov et d’autres incidents. Au total, les Palestiniens ont perpétré quelque 89 attaques dont 57 jets de pierres contre des civils israéliens.

Tor Wennesland s’est dit « particulièrement consterné » que des enfants continuent d’être victimes de violence. Il a réaffirmé que les auteurs de tous les actes de violence doivent répondre de leurs actes et être rapidement traduits en justice, tout en appelant les forces de sécurité à montrer de la retenue et n’utiliser la force létale que lorsqu’elle est strictement indispensable pour protéger des vies.

Tor Wennesland, Coordinateur spécial pour le processus de paix des Nations Unies au Moyen-Orient
UN Photo/Eskinder Debebe
Tor Wennesland, Coordinateur spécial pour le processus de paix des Nations Unies au Moyen-Orient

Des colonies illégales

Abordant la situation des colonies de peuplement, Tor Wennesland a évoqué la polémique provoquée par l’intention du gouvernement israélien d’abroger une partie de la loi de 2005 sur le désengagement dans les territoires occupés afin de légaliser l’avant-poste de Homesh, construit sur des terres palestiniennes privées et de surcroit à l’emplacement d’une colonie détruite en vertu de cette même loi de 2005.

Il a par ailleurs réaffirmé que « toutes les colonies sont illégales au regard du droit international et demeurent un obstacle important à la paix » et s’est dit préoccupé par la démolition de 126 structures appartenant à des Palestiniens dans la zone C et sept structures à Jérusalem-Est, causant le déplacement de 127 Palestiniens dont 60 enfants. Des démolitions, a-t-il précisé, qui ont été imposées en raison de l’absence de permis de construire délivrés par Israël, presque impossibles à obtenir par les Palestiniens.

Des soldats israéliens patrouillant à Jerusalem-est.
UN News/Shirin Yaseen
Des soldats israéliens patrouillant à Jerusalem-est.

Provocations et mesures de représailles

L’envoyé de l’ONU a réitéré l’appel lancé par le Secrétaire général à toutes les parties pour qu’elles s’abstiennent de prendre des mesures susceptibles d’aggraver les tensions à l’intérieur et autour des Lieux saints, et pour que toutes respectent le statu quo.

Il a ainsi indiqué que le nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale s’est rendu dans les Lieux saints de Jérusalem, et rappelé que cette visite a été condamnée par l’Autorité palestinienne et les responsables jordaniens, entre autres, comme une provocation et d’une violation du statu quo.

Il a de plus noté qu’en réponse à la récente résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies demandant un avis consultatif à la Cour internationale de Justice (CIJ) sur la situation des territoires occupés, le gouvernement israélien a pris des mesures à l’encontre de l’Autorité palestinienne, transférant quelque 39 millions de dollars de recettes fiscales palestiniennes aux familles des Israéliens tués dans des attaques palestiniennes.

« Je suis gravement préoccupé par l’impact de telles mesures sur la situation financière de l’Autorité palestinienne», a-t-il déclaré, avant de souligner que 39 Etats membres ont fait part de leurs profondes préoccupations face à ces mesures punitives.

Gaza dans une situation économique toujours préoccupante

Tor Wennesland a aussi évoqué la situation dans la bande de Gaza, où l’ONU a déployé des efforts diplomatiques pour assouplir davantage les restrictions à la circulation des personnes et des biens à destination et en provenance de Gaza.

Malgré ces efforts, a-t-il déploré, la situation socioéconomique demeure très préoccupante, les restrictions d’accès continuant d’avoir une incidence sur la fourniture de l’aide alors que 301 membres du personnel de l’ONU se sont vu refuser un permis.

« L’aide humanitaire ou économique à elle seule ne résoudra ni la situation à Gaza ni le conflit en général.  Des solutions politiques sont nécessaires – il n’y a pas de solution miracle », a-t-il noté, ajoutant que « l’objectif ultime reste de lever complètement les blocages conformément à la résolution 1860 (2009) du Conseil de sécurité et de réunir Gaza et la Cisjordanie occupée sous une autorité nationale palestinienne unique et légitime, en tant que partie intégrante d’une solution prévoyant deux États ».

Des tractations régionales positives

Le Coordonnateur spécial a reconnu des signes encourageants dans la région, illustrés par le calme relatif dans le Golan et au Liban.  Il a souligné que les 9 et 10 janvier, de hauts responsables de Bahreïn, d’Égypte, d’Israël, du Maroc, des Émirats arabes unis et des États-Unis se sont rendus à Abou Dhabi pour la réunion inaugurale des groupes de travail du Forum du Néguev. Cette réunion a débouché sur une déclaration affirmant, notamment, que les nouvelles relations régionales « peuvent être exploitées pour créer un élan dans les relations israélo-palestiniennes, vers une résolution négociée du conflit israélo-palestinien ».

Toutefois, Tor Wennesland a regretté que les Israéliens et les Palestiniens restent sur « une trajectoire de collision » dans un contexte d’escalade de la rhétorique politique et incendiaire ainsi que d’une violence accrue en Cisjordanie. « Un leadership politique courageux est nécessaire de toute urgence pour transformer la dynamique actuelle », a déclaré le Coordonnateur spécial. « Il est impératif que les deux parties s’abstiennent de toute provocation et de toute mesure unilatérale – y compris sur les Lieux saints de Jérusalem – qui compromettent la stabilité et la capacité de parvenir à une paix négociée ».