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Des enfants en classe primaire à Kananga, en République démocratique du Congo.

Les enfants les plus pauvres bénéficient le moins des fonds dédiés à l’éducation (UNICEF)

© UNICEF/Gwenn Dubourthoumieu
Des enfants en classe primaire à Kananga, en République démocratique du Congo.

Les enfants les plus pauvres bénéficient le moins des fonds dédiés à l’éducation (UNICEF)

Culture et éducation

Les enfants issus des ménages les plus pauvres sont ceux qui bénéficient le moins des fonds publics nationaux dédiés à l’éducation, a signalé l’UNICEF dans un nouveau rapport publié mardi.

« Nous manquons à notre devoir envers les enfants. À l’échelle du globe, un trop grand nombre de systèmes éducatifs consacrent la part de ressources la moins importante aux enfants qui en ont le plus besoin », a déploré Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF.

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance appelle les gouvernements à investir davantage et de manière plus équitable, pour mettre fin à la crise de l’apprentissage qui touche des millions d’enfants.

Les élèves les plus riches touchent jusqu’à six fois plus des fonds publics

Le rapport, intitulé Transformer l’éducation au moyen de financements équitables, s’appuie sur les données relatives aux dépenses publiques en faveur de l’enseignement préscolaire, primaire, secondaire et supérieur issues de 102 pays.

Il indique notamment que les élèves du quintile le plus pauvre reçoivent en moyenne à peine 16% des financements publics en faveur de l’éducation, contre 28% pour les élèves du quintile le plus riche.

Dans 1 pays sur 10, les élèves issus des ménages les plus riches reçoivent une part du budget public consacré à l’éducation au moins quatre fois supérieure à celle allouée aux élèves issus des ménages les plus pauvres

L’écart se creuse encore dans les pays à revenu faible, avec des proportions s’établissant respectivement à 11% et 42%.

L’étude indique également qu’à l’échelle mondiale, les fonds publics dédiés à l’éducation ont plus de chances de bénéficier aux élèves issus de ménages aisés, et ce, dans les pays à revenu faible comme intermédiaire.

Dans plusieurs cas, les données montrent que les élèves issus des ménages les plus riches reçoivent un montant plus de six fois supérieur à celui alloué aux élèves issus des ménages les plus pauvres, dans des pays à revenu faible.

La proportion s’établit à environ 4 pour 1 en faveur des élèves les plus riches dans les pays à revenu intermédiaire, tels que la Côte d’Ivoire et le Sénégal.

Si l’écart est moins important dans les pays à revenu élevé, les dépenses publiques en matière d’éducation allouées aux plus riches sont généralement 1,1 à 1,6 fois supérieures à celles dont bénéficient les plus pauvres, la France et l’Uruguay se situant à l’extrémité haute de cette fourchette.

Des élèves lisent leurs manuels dans une salle de classe d'une école de Phnom Penh, au Cambodge.
© UNICEF/Bunsak But

Investir dans l’éducation des enfants les plus pauvres est rentable

Selon le rapport, augmenter d’un point de pourcentage les ressources publiques en matière d’éducation allouées aux 20% de ménages les plus pauvres permettrait à 35 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire de sortir de la pauvreté des apprentissages.

Investir dans l’éducation des enfants les plus pauvres est le moyen le plus économique d’assurer l’avenir des enfants, des communautés et des pays - Catherine Russell, cheffe de l'UNICEF 

« Investir dans l’éducation des enfants les plus pauvres est le moyen le plus économique d’assurer l’avenir des enfants, des communautés et des pays », a affirmé Mme Russell, soulignant qu’il importe toutefois d’investir « pour chaque enfant, partout ».

L’étude indique que les enfants vivant dans la pauvreté ont le moins de chances d’avoir accès au système éducatif, abandonnent l’école plus tôt et sont moins représentés aux niveaux d’éducation supérieurs, pour lesquels le montant par habitant des dépenses publiques est nettement plus élevé.

Enfin, ils sont plus susceptibles de vivre dans des régions rurales et isolées, généralement mal desservies et victimes de la fracture numérique.

Urgent que les ressources allouées à l’éducation atteignent chaque élève

L’UNICEF signale qu’avant même la pandémie de COVID-19, les systèmes d’éducation du monde entier ne répondaient majoritairement pas aux besoins des enfants. A l’instar des centaines de millions d’élèves scolarisés qui ne parviennent pas à acquérir les compétences de base en lecture et en mathématiques ; ou du près des deux tiers des enfants de 10 ans à travers le monde qui ne sont pas capables de lire ni de comprendre un texte simple.

Pour résoudre cette crise de l’apprentissage, l’étude précise que les gouvernements doivent investir de manière équitable et accroître en priorité les ressources publiques en faveur de l’éducation, notamment celles allouées à l’apprentissage fondamental.

Cette mesure cruciale suppose de mobiliser des financements publics pour, d’une part, garantir que tous les enfants aient accès à l’enseignement préscolaire et primaire, et d’autre part, cibler les élèves pauvres et marginalisés aux niveaux d’éducation supérieurs.

Voici quelques-uns des autres constats issus de ce rapport :

  • Au cours de la dernière décennie, l’équité des dépenses publiques en faveur de l’éducation s’est améliorée dans 60 % des pays pour lesquels des données sont disponibles.
  • Cependant, dans près d’un tiers des pays, moins de 15% des fonds publics nationaux dédiés à l’éducation sont alloués aux ménages les plus pauvres. Cette situation concerne 80% des pays à revenu faible, soit une proportion particulièrement élevée.
  • Les appels en faveur de l’éducation dans les situations d’urgence sont souvent financés à hauteur de 10% à 30% seulement, avec des disparités importantes en fonction des pays et des régions.

Le Fonds souligne qu’il est urgent de faire en sorte que les ressources allouées à l’éducation atteignent chaque élève.

Pour y parvenir, le rapport recommande de prendre les quatre mesures principales suivantes : débloquer des fonds publics propices à l’équité dans le domaine de l’éducation ; accorder la priorité des financements publics à l’apprentissage fondamental ; suivre et garantir l’équité des aides en faveur de l’éducation allouées dans les contextes humanitaires et de développement ; et investir dans des solutions innovantes pour dispenser l’enseignement.