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L’Ukraine, la Russie et le monde ne peuvent pas se permettre que la guerre continue, plaide l’ONU

Plus de quatre-vingt-dix pour cent du centre-ville de Borodyanka ont été détruits lors de violents combats au début de la guerre en Ukraine.
© UNICEF/Diego Ibarra Sánchez
Plus de quatre-vingt-dix pour cent du centre-ville de Borodyanka ont été détruits lors de violents combats au début de la guerre en Ukraine.

L’Ukraine, la Russie et le monde ne peuvent pas se permettre que la guerre continue, plaide l’ONU

Paix et sécurité

Alors que la guerre en Ukraine approche de son premier anniversaire, la fin des combats n’est pas en vue et pourtant l’Ukraine, la Russie et le monde ne peuvent pas se permettre que ce conflit continue, a déclaré vendredi la cheffe des affaires politiques de l’ONU au Conseil de sécurité. 

« Il n'y a aucun signe de fin des combats. La logique qui prévaut est une logique militaire, avec très peu, voire pas de place pour le dialogue en ce moment », a expliqué Rosemary DiCarlo, Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires politiques et à la consolidation de la paix. 

« Mais toutes les guerres ont une fin, et ce sera le cas aussi pour celle-ci. L'Ukraine, la Russie, le monde ne peuvent pas se permettre que cette guerre continue. Le Secrétaire général est prêt à aider les parties à mettre fin à ce conflit insensé et injustifié, sur la base de la Charte des Nations Unies et du droit international », a-t-elle ajouté devant les membres du Conseil.

Mme DiCarlo a noté qu’au cours de la période des fêtes de fin d’année, les forces russes ont poursuivi leurs frappes sur les principales villes ukrainiennes.  

Des dizaines de milliers de victimes

Suite aux combats les plus récents, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a recensé 18.096 victimes civiles depuis l'invasion russe du 24 février 2022. Ce total comprend 6.952 personnes tuées et 11.144 blessées. Les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés. 

La guerre a forcé des millions de personnes à fuir leurs foyers. 7,9 millions de personnes ont cherché protection en Europe. En Ukraine, quelque 5,91 millions de personnes, dont 65% de femmes et de filles, sont déplacées à l'intérieur du pays.

« Ce déplacement est alimenté par le ciblage délibéré et systématique des infrastructures civiles essentielles, y compris les installations énergétiques et de santé », a souligné la cheffe des affaires politiques de l’ONU. 

Suite à une demande de l'Ukraine au Secrétaire général, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a lancé une évaluation des dommages par secteur en collaboration avec la Banque mondiale. L'évaluation, qui vise à identifier les besoins les plus critiques pour la restauration des infrastructures énergétiques endommagées, est actuellement en cours, avec 90% de la collecte de données achevée, a précisé Mme DiCarlo. 

Des enfants se rassemblent dans la seule pièce chauffée de leur maison près de la région d'Ivano-Frankivsk, en Ukraine (photo d'archives).
© UNICEF/Yana Sidash
Des enfants se rassemblent dans la seule pièce chauffée de leur maison près de la région d'Ivano-Frankivsk, en Ukraine (photo d'archives).

Impact sur la santé mentale

En outre, le nombre d'attaques enregistrées contre des établissements de santé l'année dernière a été le plus élevé au monde. Il y a eu 745 incidents au 4 janvier. Dans les régions les plus touchées de l'est et du sud du pays, 15% des installations seraient partiellement ou totalement non fonctionnelles, et jusqu'à 50% à Donetsk, Zaporijjia, Mykolaïv et Kharkiv.

« Inévitablement, la guerre laisse aussi des cicatrices invisibles. Selon l'Organisation mondiale de la santé, près d'un quart de la population risquerait de développer une maladie mentale à cause de cette guerre », a déploré Mme DiCarlo. « La destruction et la fermeture des écoles auront également un impact durable sur les enfants et les jeunes. On estime que 5,7 millions d'enfants d'âge scolaire ont été directement touchés, dont 3,6 millions en raison de la fermeture des établissements d'enseignement au début du conflit ».

Elle a souligné que ces derniers mois, les organisations humanitaires ont poursuivi leurs efforts pour étendre les opérations de sauvetage à des zones auparavant inaccessibles, notamment dans les régions de Kharkiv et de Kherson. Mais elle a rappelé que la réponse humanitaire est entravée par de graves contraintes d'accès, en particulier dans les zones de l'est sous contrôle russe. « Conformément au droit international humanitaire, les parties doivent faciliter le passage rapide et sans entrave des secours humanitaires pour tous les civils dans le besoin », a-t-elle dit. 

Violations des droits humains

Mme DiCarlo a indiqué que le HCDH continuait de documenter les allégations de graves violations des droits de l'homme et d'appuyer les efforts visant à la reddition des comptes. Depuis le 24 février, le HCDH a documenté plus de 90 cas de violences sexuelles liées au conflit, réparties en deux catégories principales : la majorité en tant que méthode de torture et de mauvais traitements en détention, affectant principalement les hommes ; et la violence sexuelle impliquant le viol, y compris le viol collectif, de femmes et de filles dans les zones sous contrôle russe.

« Il est impératif que tous les auteurs de violations des droits humains répondent de leurs actes. Sur la question de la responsabilité, le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale poursuit son travail en Ukraine », a noté Mme DiCarlo. 

Sur une note positive, la cheffe des affaires politiques s’est félicitée des contacts en cours et de l'engagement des parties à poursuivre les échanges de prisonniers de guerre. Par ailleurs, l’Initiative céréalière de la mer Noire continue de contribuer à faire baisser les prix mondiaux des denrées alimentaires. Plus de 17 millions de tonnes de denrées alimentaires ont désormais été acheminées dans le cadre de cette initiative. 

Elle a précisé que l'ONU poursuivait « son engagement auprès de toutes les parties prenantes pour éliminer les derniers obstacles aux exportations russes de produits alimentaires et d'engrais, y compris l'ammoniac ». « Ces exportations sont essentielles pour maintenir les prix bas et atténuer l'insécurité alimentaire, et nous exhortons toutes les parties concernées à travailler à cette fin », a-t-elle souligné.