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Syrie : le Conseil de sécurité prolonge de six mois les opérations humanitaires par la frontière turque

Une famille vivant dans un campement informel dans la ville de Raqqa, au nord-est de la Syrie.
© UNICEF/Delil Souleiman
Une famille vivant dans un campement informel dans la ville de Raqqa, au nord-est de la Syrie.

Syrie : le Conseil de sécurité prolonge de six mois les opérations humanitaires par la frontière turque

Aide humanitaire

Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté ce lundi 9 janvier la prolongation pour six mois, jusqu’au 10 juillet 2023, de sa résolution 2642 autorisant l’acheminement de l’aide humanitaire vers la Syrie par la frontière turque.

La résolution adoptée à l’unanimité par les quinze membres du Conseil indique que l’autorisation concerne « uniquement le point de passage de Bab el-Haoua ».

Le texte demande instamment aux États membres « d’adopter des mesures concrètes pour satisfaire les besoins urgents du peuple syrien, compte tenu du profond impact socioéconomique et humanitaire de la pandémie de COVID-19 sur la République arabe syrienne, pays en situation d’urgence humanitaire complexe ».

Une bouée de sauvetage indispensable

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a pris note de cette décision du Conseil de sécurité, qu’il juge essentielle pour la poursuite des opérations humanitaires transfrontalières de l’ONU, a indiqué son porte-parole, Stéphane Dujarric, dans une déclaration à la presse.

Ces opérations « restent une bouée de sauvetage indispensable pour 4,1 millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie » et la prolongation « intervient alors que les besoins humanitaires ont atteint les niveaux les plus élevés depuis le début du conflit en 2011, et que les Syriens sont aux prises avec un hiver rigoureux et une épidémie de choléra », a-t-il ajouté.

Le porte-parole du Secrétaire général a rappelé que l’ONU est « déterminée à rechercher tous les moyens de fournir aide et protection par les voies les plus sûres, les plus directes et les plus efficaces ».

« L’accès humanitaire dans toute la Syrie, y compris par le biais d’opérations transfrontalières et au travers des lignes de front doit être renforcé », a-t-il ajouté, et « les activités humanitaires étendues grâce à des investissements dans des projets de relèvement rapide ».

L’appel des humanitaires de l’ONU à la prorogation de la résolution

Une semaine avant la date d’expiration de cette autorisation, plusieurs responsables humanitaires de l’ONU avaient mis le Conseil en garde contre les conséquences « catastrophiques » d’un éventuel refus de renouvellement du système transfrontalier pour 4,1 millions de Syriens situés dans les zones non contrôlées par le gouvernement, pour la plupart d'entre eux des femmes et des enfants.

Sans ces opérations, « des millions de personnes déplacées depuis des années et à plusieurs reprises n'auraient plus accès à la nourriture et à un abri ; à l’aide pour faire face aux conditions hivernales difficiles ; aux capacités de surveillance, de traitement et de dépistage nécessaires pour contenir le choléra ; à l'eau potable ; et à la protection contre la violence sexiste ».

Faute d’un renouvellement de l’autorisation, rappelait le communiqué conjoint, signé entre autres par Martin Griffiths, Coordonnateur des secours d’urgence, Tedros Ghebreyesus, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), et Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, « le mécanisme de surveillance des Nations Unies (UNMM) cesserait de fonctionner, ce qui mettrait fin à la vérification par l'ONU du caractère humanitaire des envois à la frontière ».

En 2022, l’ONU, avec ses partenaires, a ainsi pu acheminer de l'aide de l'autre côté de la frontière turque vers la Syrie, atteignant en moyenne 2,7 millions de personnes chaque mois.

Les signataires du communiqué avaient aussi déploré la courte durée de ces autorisations d’opérations transfrontalières, ramenées de 12 à six mois seulement par la précédente décision du Conseil de sécurité en 2022. Ce changement avait, à leurs yeux, entraîné « des défis logistiques et opérationnels supplémentaires, une augmentation des coûts opérationnels et limité la capacité des partenaires humanitaires à aider ceux qui en avaient besoin ».