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Des Etats créent un groupe pour promouvoir la reddition des comptes pour les crimes contre les Casques bleus

Des Casques bleus de la MINUSMA, au Mali, lors d'une cérémonie en mémoire à deux soldats de la paix tués par un engin explosif improvisé.
MINUSMA/Marco Dormino
Des Casques bleus de la MINUSMA, au Mali, lors d'une cérémonie en mémoire à deux soldats de la paix tués par un engin explosif improvisé.

Des Etats créent un groupe pour promouvoir la reddition des comptes pour les crimes contre les Casques bleus

Paix et sécurité

Le Groupe d'Amis sur la promotion de la reddition des comptes pour les crimes commis contre les Casques bleus a été officiellement inauguré jeudi au siège des Nations Unies en présence du Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix.

Ce Groupe d'Amis est une initiative des missions permanentes du Bangladesh, de l'Égypte, de la France, de l'Inde, du Maroc et du Népal auprès des Nations Unies. 

Plus de 1.000 Casques bleus ont été tués et plus de 3.000 blessés à la suite d'actes malveillants depuis 1948. Le taux de poursuites pour de tels crimes reste très faible en raison des graves difficultés rencontrées pour traduire les auteurs en justice. Ce faible taux de poursuites a contribué à créer un environnement d'impunité, qui enhardit les auteurs de tels crimes.

D'un autre côté, lutter contre l'impunité et promouvoir la reddition des comptes dissuaderont de tels actes.

Ce groupe d'amis est constitué en vue de coordonner et d'orienter les efforts visant à promouvoir la reddition des comptes. L'adhésion est ouverte à tous les États membres de l'ONU intéressés. 

Des progrès depuis 2019

Lors de l’événement, le chef des opérations de paix a déclaré que si très peu de responsables de tels crimes ont été traduits en justice, des progrès significatifs ont été réalisés depuis 2019. En République centrafricaine, en République démocratique du Congo et au Mali, il y a eu une augmentation du nombre d'auteurs présumés identifiés et détenus, ainsi que des cas faisant l'objet d'enquêtes nationales, a-t-il observé.

« Plus important encore, 66 personnes ont été condamnées depuis 2019 en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, au Liban et au Mali pour le meurtre de Casques bleus des Nations Unies », a-t-il ajouté.

M. Lacroix a souligné que la reddition des comptes est un élément clé des efforts globaux de l'ONU pour améliorer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix.

« Il convient de souligner ici que la responsabilité première de traduire en justice les auteurs de tels actes incombe aux États hôtes. L'ONU est, a et continuera d'entreprendre un certain nombre d'actions pour faire en sorte que les auteurs de ces crimes rendent des comptes, et nous continuons d'accorder la priorité à notre soutien à la République centrafricaine, à la République démocratique du Congo et au Mali, car ce sont les trois pays où la plupart des décès résultant d'actes malveillants sont survenus depuis le 1er janvier 2013 (268 décès sur 320 dans l'ensemble des opérations de maintien de la paix, soit 84 %) », a-t-il noté.

Des défis susbsistent

Il a toutefois estimé que malgré ces progrès récents, d'importants défis subsistent pour garantir l'obligation de rendre des comptes pour le meurtre de soldats de la paix et d'autres crimes graves commis contre le personnel de l'ONU.

« Ces crimes sont souvent commis dans des zones où l'autorité de l'État peut être limitée et où les forces de l'ordre nationales peuvent être absentes. Cela pose souvent de sérieux problèmes pour la sécurité des témoins ainsi que pour la collecte et la conservation des preuves. La rotation du personnel, qui devrait autrement être disponible pour témoigner, et la disponibilité ultérieure une fois rapatrié peuvent également être problématiques. Ces défis sont encore aggravés dans certains cas par l'absence de volonté politique de poursuivre ces affaires », a-t-il dit.

Le chef des opérations de paix a estimé essentiel que les pays accueillant des opérations traduisent en justice les auteurs de ces crimes, conformément à leurs obligations internationales.

« Deuxièmement, le soutien de la communauté internationale est indispensable pour réussir. Cela peut prendre la forme d'un soutien politique ainsi que d'une assistance aux pays hôtes par la fourniture d'une assistance technique et matérielle », a-t-il ajouté.

Enfin, il s’est félicité de la création de ce Groupe d’Amis. « Nous pensons qu'il s'agira d'un mécanisme essentiel pour promouvoir la reddition des comptes et faciliter le renforcement des capacités et l'assistance technique aux autorités des États hôtes », a-t-il dit.