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Climat : La Niña pourrait persister jusqu’en mars, prolongeant la sécheresse et les inondations - OMM

À partir de la mi-juin 2022, les inondations et les glissements de terrain causés par les fortes pluies de mousson ont entraîné des destructions généralisées dans tout le Pakistan.
© PAM/Saiyna Bashir
À partir de la mi-juin 2022, les inondations et les glissements de terrain causés par les fortes pluies de mousson ont entraîné des destructions généralisées dans tout le Pakistan.

Climat : La Niña pourrait persister jusqu’en mars, prolongeant la sécheresse et les inondations - OMM

Climat et environnement

Le phénomène La Niña, normalement associé à un temps plus froid que d’habitude dans le monde, devrait durer jusqu’à la fin de l’hiver dans l’hémisphère nord (fin de l’été dans l’hémisphère sud), a annoncé mercredi une agence des Nations Unies, relevant que pour la première fois du siècle, la Niña va durer trois hivers consécutifs.

Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le phénomène climatique La Niña pourrait ainsi perdurer jusqu’en février, voire mars. La Niña est notamment responsable de l’aggravation de la sécheresse dans la Corne de l’Afrique et de précipitations de mousson plus intenses et plus longues en Asie du Sud-Est.

« Le premier La Niña à [triple creux] (trois années consécutives) du XXIe siècle continuera d’affecter les régimes de température et de précipitations et d’aggraver les sécheresses et les inondations dans différentes régions du monde », a détaillé dans un communiqué l’OMM.

Selon les modèles climatiques des experts de l’OMM, il y a 75% de chance que La Niña perdure sur la période décembre-février 2022/2023 et 60% de chance pour la période de janvier à mars. C’est la première fois de ce siècle et seulement la 3e fois depuis 1950 que La Niña dure pendant trois hivers consécutifs dans l’hémisphère Nord (ou trois étés consécutifs dans l’hémisphère Sud).

Un jeune garçon se tient devant un point d'eau dans une zone de sécheresse au Bangladesh.
© OMM/Muhammad Amdad Hossain
Un jeune garçon se tient devant un point d'eau dans une zone de sécheresse au Bangladesh.

Un effet limité de refroidissement sur les températures mondiales

Le phénomène appelé La Niña provoque un refroidissement d’une partie des eaux de surface du Pacifique, influençant le cycle de précipitations et le climat de certaines régions du globe. La Niña a généralement des effets opposés sur le temps et le climat à ceux d’El Niño, qui est la phase chaude de l’oscillation australe El Niño (ENSO).

Toutefois ce phénomène naturel se produit dans un contexte de changement climatique dû à l’homme. Selon l’OMM, cela augmente les températures mondiales, rendant notre climat plus extrême et affectant les modèles de précipitations saisonnières.

Par ailleurs, le pacifique tropical est sous influence de La Niña, avec de courtes interruptions, depuis septembre 2020, mais cela n’a eu qu’un effet limité de refroidissement sur les températures mondiales.

« Les huit dernières années devraient être les plus chaudes jamais enregistrées et l’élévation du niveau de la mer et le réchauffement des océans se sont accélérés », a d’ailleurs souligné le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.

« Cet événement La Niña persistant prolonge les conditions de sécheresse et d’inondation dans les régions touchées. La communauté internationale est particulièrement préoccupée par la catastrophe humanitaire en cours pour des millions de personnes dans la Corne de l’Afrique, provoquée par la sécheresse la plus longue et la plus grave de l’histoire récente », a ajouté M. Taalas.

Des conditions météo plus sèches et des pluies de mousson plus intenses

A ce sujet, une alerte multi-agences pour la Corne de l’Afrique a récemment averti qu’une cinquième saison consécutive de sécheresse avait été déclenchée par un mauvais départ des pluies d’octobre à décembre. Des précipitations inférieures à la moyenne sont également probables pendant la saison des pluies de mars à mai 2023.

Plus de 20 millions de personnes sont déjà en situation d’insécurité alimentaire grave au Kenya, en Somalie et en Éthiopie, et certaines régions de Somalie risquent de connaître la famine d’ici la fin de l’année.

Selon le rapport provisoire de l’OMM sur l’état du climat mondial en 2022, les conditions météo ont aussi été plus sèches cette année que d’habitude en Patagonie, en Amérique du Sud et dans le sud-ouest de l’Amérique du Nord, ainsi qu’en Afrique de l’Est.

Elle a été plus humide que d’habitude en Afrique australe, dans le nord de l’Amérique du Sud, sur le continent maritime et dans l’est de l’Australie. Des pluies de mousson plus intenses et plus longues en Asie du Sud-Est sont associées à La Niña. Ainsi, le Pakistan a connu des pluies dévastatrices en juillet et en août.