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A Istanbul, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, observe un bateau du PAM se diriger vers l'Ukraine pour récupérer une cargaison de céréales.

Accord de la mer Noire : l’ONU optimiste sur une reprise des exportations d’engrais russes

Photo ONU/Mark Garten
A Istanbul, le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, observe un bateau du PAM se diriger vers l'Ukraine pour récupérer une cargaison de céréales.

Accord de la mer Noire : l’ONU optimiste sur une reprise des exportations d’engrais russes

Aide humanitaire

Une responsable de l’ONU a salué, vendredi, la prolongation de quatre mois de l'accord céréalier de la mer Noire et s’est dite optimiste sur les conditions de reprise des exportations d’engrais russes.

« Nous sommes vraiment très heureux de l’extension de l’Initiative céréalière de la mer Noire. C’est une très bonne nouvelle pour le monde, pour la crise d’insécurité alimentaire que nous traversons et c’est une contribution importante pour résoudre le problème », a déclaré lors d’une conférence de presse de l’ONU à Genève, la Secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), Rebeca Grynspan.

Elle a affiché son optimisme quant à la possibilité pour la Russie et l’Ukraine de s’entendre sur les conditions de reprise des exportations d’engrais russes via un pipeline vers la mer Noire.

300.000 tonnes d’engrais produits en Russie bloquées dans les ports européens

« La question des engrais est inclue dans l’Initiative céréalière de la mer Noire - et est explicitement inclue dans le protocole d’accord avec la Russie, donc il ne faut pas nécessairement signer un nouvel accord pour que le pipeline d’ammoniac puisse recommencer à fonctionner », a fait valoir la cheffe de la CNUCED, très impliquée dans ces négociations.

L’Ukraine et la Russie sont de grands exportateurs de céréales. Depuis juillet, quelque 11,1 millions de tonnes de produits agricoles ont été expédiées dans le cadre de l’accord négocié sous l'égide de l’ONU et de la Türkiye, dont 4,5 millions de tonnes de maïs et 3,2 millions de tonnes de blé.

La Russie est le premier exportateur de blé au monde et un important fournisseur d’engrais sur les marchés mondiaux. « Il y a des indications qu’il y aura une ouverture (aux exportations d’engrais) », a fait valoir Mme Grynspan.

Selon la cheffe de la CNUCED, quelque 300.000 tonnes d’engrais produits en Russie sont bloquées dans les ports européens, mais certains signes indiquent qu’elles pourraient être en route, à commencer par une cargaison qui partira bientôt pour le Malawi.

Beaucoup de pays en développement ont besoin d'engrais qui sont fabriqués notamment par la Russie
© FAO/Michael Tewelde
Beaucoup de pays en développement ont besoin d'engrais qui sont fabriqués notamment par la Russie

Une cargaison de 20.000 tonnes d’engrais russe attendue au Malawi

Selon des informations parues dans la presse, le gouvernement néerlandais entend débloquer, à la demande de l’ONU, une cargaison de 20.000 tonnes d’engrais russe à destination du Malawi d’ici la semaine prochaine. « La date - le navire est en train de charger en ce moment même - et le jour qui a été établi pour le départ du navire est le 21 novembre », a confirmé la cheffe de la CNUCED.

La marchandise, qui sera acheminée via un navire du Programme alimentaire mondial (PAM), est actuellement bloquée au port de Rotterdam en raison des sanctions de l’Union européenne (UE) contre une personne impliquée dans la société russe qui possède le chargement.

Une deuxième cargaison d’engrais russes devrait être acheminée aussi depuis un port de l’Union européenne vers l’Afrique de l’Ouest après que l’ONU a réussi à surmonter les obstacles liés aux sanctions qui frappent la Russie.

Le PAM chargé d’acheminer les engrais des ports vers les pays qui en ont besoin

« Maintenant, nous avons un modèle qui fonctionne. Il s’agit d’une activité humanitaire. Le PAM est chargé d’acheminer les engrais des ports vers les pays qui en ont besoin », a détaillé cette haute responsable onusienne, ajoutant qu’il s’agit d’«un don d’Uralchem/Uralkali, une entreprise russe ».

Les Nations Unies sont l’une des quatre parties à l’accord conclu entre la Russie et l’Ukraine - sous la médiation de la Türkiye - en vue de permettre l’exportation de céréales et d’engrais par des couloirs sécurisés de la mer Noire. Cet accord est entré en vigueur en juillet dernier et vient d’être renouvelé jusqu’à la mi-février.

En évaluant les résultats obtenus jusqu’à présent, Mme Grynspan - chargée des négociations techniques au nom des Nations Unies - a souligné que l’Ukraine a pu exporter onze millions de tonnes de céréales, ce qui a permis d’amortir la hausse des prix des denrées alimentaires sur le marché international.

Toutefois, la responsable de la CNUCED a reconnu que l’accord n’a pas eu un impact similaire pour la Russie et que corriger cette situation sera décisif lorsque le gouvernement russe devra décider de prolonger l’accord au-delà de février.

Mais l’ONU reste optimiste sur la question et considère l’inspection des navires chargés d’engrais qui a eu lieu cette semaine comme un signe positif. « Il est très probable que d’ici un mois, la situation sera plus claire », a-t-elle souligné.

Quoi qu’il en soit, a-t-elle ajouté, le Kremlin n’a pas assorti l’accord initial sur les céréales de conditions supplémentaires pour accepter sa prolongation. « Nous ne sommes pas là où nous voulons être, surtout en ce qui concerne les engrais, car nous sommes en dessous du volume que nous avions en 2021, qui n’était pas non plus la meilleure année, car le prix des engrais a commencé à augmenter en 2020 », a-t-elle expliqué aux médias à Genève.

Dans tous les cas, « l’objectif est d’atténuer la douleur que de nombreux pays en développement ressentent à cause de la crise alimentaire et des engrais, de la crise énergétique et financière que nous vivons actuellement ».