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Des experts de l’ONU dénoncent l’utilisation d’images d’enfants d’ascendance africaine dans des collectes de fonds

Dominique Day (à droite) et Catherine Namakula (à gauche), du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine.
ONU Info/Leda Letra
Dominique Day (à droite) et Catherine Namakula (à gauche), du Groupe de travail d'experts sur les personnes d'ascendance africaine.

Des experts de l’ONU dénoncent l’utilisation d’images d’enfants d’ascendance africaine dans des collectes de fonds

Droits de l'homme

Des experts indépendants de l’ONU ont dénoncé, mardi, l’utilisation d’images d’enfants d’ascendance africaine dans les campagnes de collecte de fonds et ont relevé que les enfants d'origine africaine ne sont pas du tout considérés comme des enfants.

Des images d'enfants africains « maigres, affamés et malades » sont fréquemment utilisées pour aider à collecter des fonds pour des ONG internationales.

Les experts du Groupe de travail sur les personnes d'ascendance africaine ont exhorté les Nations Unies et les autres parties prenantes à cesser d'utiliser des images d'enfants africains et d'ascendance africaine dans « des circonstances indignes, à des fins de marketing et de collecte de fonds ».

Ils les ont appelé « à s'attaquer aux stéréotypes négatifs ». « Les enfants d'ascendance africaine ne sont pas synonymes de pauvreté », a fustigé la Présidente du Groupe de travail, Catherine Namakula, lors de la présentation du rapport devant l’Assemblée générale de l’ONU.

Enfants d'ascendance africaine pas considérés comme des enfants

Selon les experts, la vie des enfants d'ascendance africaine est l'occasion pour l'humanité de mettre fin de manière décisive à des siècles de marginalisation de générations d'un des groupes de personnes les plus opprimés du monde. 

Dans un rapport présenté à l'Assemblée générale, les experts ont mis en évidence la discrimination dont sont victimes les enfants d'ascendance africaine dans des domaines tels que l'administration de la justice, l'application des lois, l'éducation et la santé.

De plus, « en raison de la discrimination raciale, des stéréotypes raciaux, de la discrimination raciale systémique et de la xénophobie, les enfants d'ascendance africaine ne sont pas du tout considérés comme des enfants », a déclaré Mme Namakula.

Pour le Groupe de travail, « l’héritage non résolu du commerce et de la traite des Africains réduits en esclavage, du colonialisme, de l'apartheid post-colonial et de la ségrégation, continue de nuire aux enfants d'ascendance africaine dans tous les domaines de la vie ».

Les faux stéréotypes raciaux

Le rapport explique en détail comment les faux stéréotypes raciaux de la criminalité, de la culpabilité et de la dangerosité influencent la prise de décision concernant les enfants et les jeunes d'ascendance africaine, notamment par le personnel du système judiciaire, comme les policiers, les procureurs, les avocats et les juges dans le monde entier.

« Dans l'ensemble de la diaspora, les enfants d'ascendance africaine sont confrontés à une police plus lourde, notamment à un plus grand nombre d'arrestations, à la surveillance policière, au profilage racial, aux fouilles à nu et à l'usage excessif de la force. Les forces de l'ordre sont en conflit avec les enfants d'ascendance africaine », indique le rapport des experts.

Plus globalement, « l'enfance des personnes d'ascendance africaine est volée par des disparités raciales persistantes dans les interventions policières et familiales, y compris le retrait des enfants et la résiliation des droits parentaux, ainsi que par des décisions et des résultats racialisés », indique le rapport.

Créer un indice de justice raciale

Face à cette déplorable situation, le groupe de travail estime qu'il était temps « d'agir pour mettre fin à l'usage excessif de la force ». Il s’agit également de mettre un terme aux « exécutions extrajudiciaires, aux disparités, au profilage racial, aux stéréotypes raciaux et aux stéréotypies, à la discrimination raciale systémique, aux discours et aux crimes haineux ».

Les experts ont demandé donc la création d'un indice de justice raciale pour mesurer les progrès accomplis. « Nous devons démanteler les structures discriminatoires et créer un espace politique pour un dialogue sur les réparations aux niveaux international, régional, national et local. Seules la vérité, la responsabilité et la justice peuvent éliminer la discrimination raciale », a affirmé Mme Namakula.

« Pour ne laisser aucun enfant de côté, il faut faire passer les problèmes des enfants d'ascendance africaine de la marge au courant dominant dans l'éducation, la santé, les services sociaux et la justice pour enfants. L'humanité doit ce qu'elle a de mieux à donner à chaque enfant sans exception », a fait valoir Mme Namakula.