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Tchad : des experts demandent la libération immédiate des manifestants détenus

Une campagne de sensibilisation du public aux dangers de la Covid-19 a lieu dans la capitale du Tchad, N’Djamena.
© UNICEF/Martina Palazzo
Une campagne de sensibilisation du public aux dangers de la Covid-19 a lieu dans la capitale du Tchad, N’Djamena.

Tchad : des experts demandent la libération immédiate des manifestants détenus

Droits de l'homme

Près d’une semaine après des manifestations violemment réprimées au Tchad, des experts indépendants de l’ONU et de l’Union africaine ont réclamé, mercredi, la libération immédiate des manifestants détenus.

« Nous exhortons les autorités à libérer rapidement ces personnes dont le seul crime est celui d’avoir exercé leur droit à la liberté de réunion pacifique, et demandons à toutes les parties de désormais faire preuve de retenue » ont affirmé dans un communiqué, Clément Nyaletossi Voule, Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association; et Rémy Ngoy Lumbu, Rapporteur spécial de la Commission africaine sur les droits de l’homme et des peuples sur les droits des défenseurs des droits humains.

Selon les experts indépendants de l’ONU et de l’Union africaine, des centaines de personnes auraient été arrêtées arbitrairement lors de ces manifestations.

Le 20 octobre, des centaines de personnes se sont rassemblées dans la capitale N'Djaména et dans plusieurs autres villes à travers le pays afin d’exprimer leur soutien pour une transition à une démocratie dans le pays. Les forces de l’ordre auraient violemment dispersé les manifestants, y compris par l’usage de gaz lacrymogènes et en tirant des balles réelles.

Appel à une désescalade des tensions

Une cinquantaine de personnes ont été tuées et près de 300 blessées. Les experts indépendants de l’ONU et de l’Union africaine ont également condamné  la répression létale des manifestations pacifiques au sujet de la période de transition politique, et appelé à une désescalade des tensions dans le pays.

« Nous condamnons fermement le recours à la force meurtrière par les forces de l’ordre, et déplorons de même des rapports faisant état d’actes violents de la part des manifestants suite à cette répression létale » ont dit les experts, exhortant N'Djaména à mener « des enquêtes impartiales, rapides et efficaces sur les violations des droits humains qui auraient pu être commises lors de la dispersion des manifestations ».

Les experts ont déjà fait part au gouvernement de leurs préoccupations concernant l’usage illégal et excessif de la force par les forces de l’ordre contre les manifestants. « Les forces de l’ordre doivent s’abstenir à tout recours excessif de la force contre des manifestants pacifiques et veiller à ce que la force ne soit utilisée que si elle est strictement nécessaire et, le cas échéant, dans le plein respect des principes de légalité et de proportionnalité », ont-ils dit.

Pour les experts indépendants, tout recours à un usage excessif de la force expose leur auteur à des poursuites conformément aux standards internationaux. Ils indiquent suivre de près la situation et exhortent les forces de l’ordre à faire preuve de retenue et à s’abstenir de recourir à une force excessive en réponse aux manifestations.

NOTE

Le Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d´association fait partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme qui correspondent à des mécanismes indépendants d'enquête et de surveillance mandatés par le Conseil. Les procédures spéciales constituent le plus grand groupe d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel des Nations unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.

Le Rapporteur spécial de la Commission africaine sur les droits de l’homme et des peuples sur les droits des défenseurs des droits humains et Point focal sur les représailles se joint à la déclaration. La Commission africaine des droits de l'homme et des peuples vise à promouvoir les droits de l'homme et des peuples ; assurer la protection des droits de l'homme et des peuples ; interpréter toute disposition de la Charte africaine ; et exécuter toutes autres tâches qui lui seront éventuellement confiées par la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Organisation de l´Union africaine.