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Somalie : chaque minute, un enfant est admis pour un traitement contre la malnutrition

Mère et enfant au centre de santé pour la malnutrition, Somalie
© UNICEF/Sebastian Rich
Mère et enfant au centre de santé pour la malnutrition, Somalie

Somalie : chaque minute, un enfant est admis pour un traitement contre la malnutrition

Aide humanitaire

Chaque minute, un enfant est admis pour un traitement médical contre la malnutrition en Somalie, alors que la grave sécheresse menace de provoquer « un nombre sans précédent de décès d’enfants », a alerté mardi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), la situation en Somalie semble déjà pire aujourd’hui qu’en 2011 lorsque la famine avait tué plus de 260.000 personnes dans ce pays de la Corne de l’Afrique.

« Les choses vont mal et tout indique qu’elles vont empirer », a déclaré James Elder, porte-parole de l’UNICEF, lors d’un point de presse à Genève. « Sans une action et des investissements plus importants, nous sommes confrontés à la mort d’enfants à une échelle jamais vue depuis un demi-siècle », a-t-il ajouté.

En attendant, « à chaque minute de chaque jour, un enfant est admis dans un établissement de santé pour y être traité de malnutrition aiguë sévère ». Les derniers taux d’admission du mois d’août montrent que 44.000 enfants ont été admis pour malnutrition aiguë sévère. « Cela représente un enfant par minute », a insisté le porte-parole de l’UNICEF.

La famine de 2011 avait fait 260.000 morts

À chaque minute de chaque jour, un enfant est admis dans un établissement de santé pour y être traité de malnutrition aiguë sévère - UNICEF

Or les enfants souffrant de malnutrition sévère ont jusqu’à 11 fois plus de risques de mourir de diarrhée ou de rougeole que les enfants bien nourris.

Avec de tels taux, la Somalie est au bord d’une tragédie d’une ampleur jamais vue depuis des décennies, a mis en garde le porte-parole. Bien sûr, les enfants qui se cachent derrière ces statistiques stupéfiantes et effroyables sont ceux qui parviennent à atteindre un centre de traitement », a affirmé M. Elder.

« Lorsque les gens parlent de la crise à laquelle la Somalie est confrontée aujourd’hui, il est devenu courant d’établir des comparaisons effrayantes avec la famine de 2011, qui a fait 260.000 morts », a-t-il ajouté. Cependant, tout ce qu’il entend ces derniers jours sur le terrain lors de sa mission dans ce pays - des nutritionnistes aux éleveurs - est que les choses semblent en fait « pires aujourd’hui ».

« En 2011, après trois pluies ratées, la population touchée était la moitié de ce qu’elle est maintenant, et les conditions générales - pluies et récoltes - étaient en voie de guérison. Aujourd’hui : cela fait quatre pluies manquées ; les prévisions pour les cinquièmes pluies s’annoncent plutôt sombres, et la population affectée est deux fois plus importante qu’en 2011 », a détaillé M. Elder.

Des mères et des enfants attendent de subir un dépistage de la malnutrition dans un programme thérapeutique ambulatoire soutenu par l'UNICEF à Baidoa, en Somalie.
UNICEF/Mackenzie Knowles-Coursin
Des mères et des enfants attendent de subir un dépistage de la malnutrition dans un programme thérapeutique ambulatoire soutenu par l'UNICEF à Baidoa, en Somalie.

Risques de famine

En réponse à cette crise humanitaire préoccupante, l’UNICEF a déployé des équipes mobiles pour « trouver et traiter » les enfants souffrant de malnutrition, cherchant ainsi à atteindre les enfants dans des endroits difficiles d’accès. L’agence onusienne a ainsi traité plus de 300.000 enfants cette année pour malnutrition aiguë sévère.

Mais les difficultés de financement demeurent. Ainsi, l’appel de l’UNICEF visant à aider les familles et leurs communautés à renforcer leur résilience dans la région de la Corne de l’Afrique n’est actuellement financé qu’à hauteur de 3%.

De son côté, le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) estime que 7,8 millions de personnes sont touchées par la sécheresse, dont plus de 1,1 million de personnes déplacées.

« La famine est prévue dans les districts de Baidoa et de Burhakaba, dans la région de Bay, entre octobre et décembre, si l’aide humanitaire n’atteint pas les personnes qui en ont le plus besoin », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Jens Laerke, porte-parole du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Il semblerait que la saison des pluies actuelle soit à nouveau inférieure à la moyenne. Après cinq années consécutives de pluies insuffisantes, la Somalie connaît une sécheresse sans précédent dans l’histoire. « Nos partenaires et nous-mêmes avons apporté une forme d’aide à 5,7 millions de personnes, mais des lacunes importantes subsistent, notamment dans les secteurs essentiels à la survie », a ajouté M. Laerke.

Un garçon collecte le peu d'eau qu'il trouve dans une rivière asséchée en raison de la sécheresse à Dollow, en Somalie.
© UNICEF/Sebastian Rich
Un garçon collecte le peu d'eau qu'il trouve dans une rivière asséchée en raison de la sécheresse à Dollow, en Somalie.

L’ONU revoit à la hausse l’appel 2022 s’élevant à 2,26 milliards de dollars

C’est dans ce contexte de situation humanitaire inquiétante que l’équipe humanitaire en Somalie a revu à la hausse le plan de réponse et l’appel pour cette année. L’appel humanitaire de l’ONU et de ses partenaires est maintenant 2,26 milliards de dollars, contre 1,46 milliard de dollars précédemment. Il s’agit d’une augmentation de 55% par rapport au lancement du plan au début de l’année, soit peu plus de 800 millions de dollars.

Plus de 80% de cet appel révisé est destiné à la réponse pour la sécheresse dans ce pays de la Corne de l’Afrique. Selon l’ONU, le plan de réponse vise également un plus grand nombre de personnes, passant de 5,5 millions au début de l’année à 7,6 millions aujourd’hui.

Après sa révision, l’appel est financé à environ 45%. « Bien qu’il soit tard dans l’année pour réviser un appel annuel, cette révision a été jugée essentielle car les besoins humanitaires ont fortement augmenté, alors que la demande de financement n’a pas augmenté », a fait valoir le porte-parole d’OCHA.