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La violence au Soudan du Sud prolifère, avertissent des experts des droits humains

Des femmes nourrissant leurs enfants dans un site de nutrition au Soudan du Sud.
© WFP
Des femmes nourrissant leurs enfants dans un site de nutrition au Soudan du Sud.

La violence au Soudan du Sud prolifère, avertissent des experts des droits humains

Droits de l'homme

Une violence profondément troublante s'intensifie dans tout le Soudan du Sud, ont averti lundi des experts indépendants des droits de l'homme de l'ONU.

Des femmes et des filles continuent d'être violées collectivement et les survivantes ont été décrites comme des « zombies, physiquement et émotionnellement mortes », selon la Commission des droits de l'homme des Nations Unies au Soudan du Sud.

Dans une alerte, la Présidente de la Commission, Yasmin Sooka, a déclaré qu'il était essentiel que la communauté internationale surveille l'accord de paix, ainsi que d'autres réformes, notamment des forces armées et de la Constitution.

Des organes de justice transitionnelle sont également nécessaires de toute urgence, conformément à un accord conclu il y a quatre ans par le gouvernement du pays, a noté la Commission dans un communiqué de presse.

« Sans ces mesures, nous verrons probablement des millions de Sud-Soudanais supplémentaires déplacés ou traverser les frontières, créant des ravages pour les pays voisins et les agences humanitaires », a déclaré Mme Sooka.

Selon l'accord de paix de 2018 pour mettre fin à la guerre civile, les élections ont été reportées à fin 2024.

Des menaces de mort

Mais les conditions doivent être pacifiques pour qu'un scrutin national ait lieu et les Sud-Soudanais « qui ont remis en cause le gouvernement ou dénoncé des atrocités ont reçu des menaces de mort, ont été détenus ou torturés », a expliqué la Commission.

Elle a noté qu'aucun des trois organes de justice transitionnelle convenus en 2018 n'a été créé, à savoir la Commission vérité, réconciliation et guérison, le tribunal hybride ou l'Autorité d'indemnisation et de réparation.

Le panel indépendant des droits de l'homme - qui a été créé par le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies en 2016 - a déclaré que « les femmes violées par les forces armées alors qu'elles ramassaient du bois de chauffage sont menacées de mort si elles le signalent ». Souvent, la police est trop mal équipée pour faire son travail. « Ils ne peuvent pas arrêter un soldat mieux armé et protégé », a déclaré la Commission.

Un enfant porte des jerricans vides qu'il remplit d'eau à partir d'un robinet voisin fournissant de l'eau non traitée provenant du Nil, à Juba, au Soudan du Sud
© UNICEF/Phil Hatcher-Moore
Un enfant porte des jerricans vides qu'il remplit d'eau à partir d'un robinet voisin fournissant de l'eau non traitée provenant du Nil, à Juba, au Soudan du Sud

Justice refusée

Dans une autre illustration du manque de justice pour les survivant(e)s, les enquêteurs sur les droits ont noté que dans l'État de l'Unité et les zones rurales de l'Équatoria occidental, « il n'y a pas de tribunal formel pour traiter des crimes graves comme le meurtre et le viol, seulement des tribunaux coutumiers ».

Lors d'une visite ce mois-ci en Équatoria occidental, la Commission a décrit avoir vu « de très jeunes filles avec des bébés autour de bases militaires » et entendu « de multiples récits de soldats des forces gouvernementales et de l'opposition enlevant des femmes ».

S'exprimant lors d'un forum mondial des survivant(e)s à New York ce week-end, organisé par les lauréats du prix Nobel de la paix Denis Mukwege et Nadia Murad, pour examiner les meilleures pratiques en matière de réparations pour violences sexuelles, le membre de la Commission Andrew Clapham a déclaré : « Les survivant(e)s au Soudan du Sud, en particulier ceux d’incidents répétés de violences sexuelles, nous disent encore et encore que la responsabilité pénale est le seul moyen de garantir leur sécurité et la paix pour le pays. C'est pourquoi la mise en place du tribunal hybride n'est pas négociable ».