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Il faut placer l’être humain au premier rang des investissements pour l’avenir, plaide le chef de l’ONU

Une femme travaille dans une usine d'électronique à Cikarang, en Indonésie.
© OIT/Asrian Mirza
Une femme travaille dans une usine d'électronique à Cikarang, en Indonésie.

Il faut placer l’être humain au premier rang des investissements pour l’avenir, plaide le chef de l’ONU

Développement durable (ODD)

Face à la crise mondiale de l’emploi, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé vendredi à placer les emplois décents et la protection sociale au cœur du développement durable, lors d’une réunion sur la mise en œuvre de l’Accélérateur mondial sur les emplois et la protection sociale pour des transitions justes.

Cette rencontre, qui s’est déroulée à New York en marge du débat général de l’Assemblée générale des Nations Unies, visait à renforcer la réponse collective à la crise mondiale de l’emploi, incarnée par cet Accélérateur qui entend créer 400 millions d’emplois et prodiguer une protection sociale à 4 milliards de personnes avant 2030.

Créé en 2021 par l’ONU, dont l’Organisation internationale du Travail (OIT), sous la forme d’un collectif de gouvernements, d’institutions financières internationales et du secteur privé, l’Accélérateur répondait directement à l’impact dévastateur de la Covid-19, qui avait causé dans le monde entier une perte d’heures travaillées équivalant à 112 millions de postes à plein temps et la disparition de 75 millions d’emplois en 2021. Mais son rôle est plus que jamais crucial.

Nécessité d'accélérer

« Aujourd’hui, la nécessité de cet accélérateur... ne fait que s’accélérer », a confirmé le Secrétaire général. Les économies qui avaient été malmenées par la pandémie sont maintenant confrontées à des crises en cascade : des retombées de la guerre en Ukraine à l’explosion des prix de la nourriture et de l’énergie, de la spirale de l’inflation au fardeau écrasant de la dette et à la réduction des marges de manœuvre fiscales.

A ses yeux, ces crises multiplient les obstacles aux mesures innovantes qu’avaient pu prendre certains Etats pendant la période de la Covid, tels le Togo qui, par exemple, avait déployé des moyens numériques innovant pour étendre la protection sociale à des milliers de citoyens difficiles à atteindre, ou l’Afrique du Sud, dont le partenariat pour une juste transition énergétique marquait une étape importante dans la lutte contre le changement climatique. D’où la nécessité de garantir un soutien, « rapide et d’envergure », pour maintenir la dynamique et l’ambition d’initiatives semblables.

« Nous avons à choisir entre deux voies, a rappelé António Guterres. L’une est celle de l’inaction. Elle conduit à l’effondrement économique et à la catastrophe climatique, à l’aggravation des inégalités et des troubles sociaux, et à vouer des milliards de personnes au cercle vicieux de la pauvreté et de la déchéance. L’autre voie, définie par l’Accélérateur, vise à rendre leur équilibre aux sociétés en plaçant des emplois décents et la protection sociale au cœur du développement durable ».

Une population de jeunes a besoin d'un nombre suffisant d'écoles et, plus tard, d'emplois pour les accueillir.
WPP
Une population de jeunes a besoin d'un nombre suffisant d'écoles et, plus tard, d'emplois pour les accueillir.

Un système financier « en faillite morale »

Le Secrétaire général a reconnu que l’on ne changera pas du jour au lendemain « un système économique actuel inique qui promeut l’inégalité et induit l’accroissement de la pauvreté », ni un système financier « en faillite morale en grand besoin d’une profonde réforme structurelle », mais il a loué le rôle transitoire de l’Accélérateur mondial comme un outil répondant dans l’immédiat aux besoins et maintenant la dynamique du changement transformateur.

Car l’Accélérateur rassemble les gouvernements, les institutions financières internationales, la société civile, les Nations Unies et le secteur privé autour d’un objectif clair : créer 400 millions d’emplois dans les économies verte et numérique et dans le secteur des soins, tout en apportant une protection sociale à 4 milliards de personnes dépourvues de couverture.

Il constitue, a dit le chef de l’ONU, un atout face aux transformations massives, numériques, climatiques et démographiques que connaitront les sociétés dans les décennies à venir. De la santé et l’éducation aux systèmes alimentaires et aux infrastructures vertes, de la protection sociale au soutien accru pour les femmes et pour la préparation des jeunes au monde changeant du travail, il contribue, selon António Guterres, « à placer l’être humain au premier rang des investissements d’avenir » et à ouvrir la voie au succès des Objectifs de développement durable.

Le Secrétaire général a donc renouvelé son appel à un soutien au système par de nouvelles politiques et stratégies nationales intégrées pour les justes transitions, par des dialogues tripartites sur l’emploi et la protection sociale et une meilleure coopération multilatérale et Sud-Sud, autant que par un apport financier vital.  Sur ce point, António Guterres, tout en précisant que la majorité du financement proviendra de sources internes aux pays, appelle les participants « à donner généreusement » à l’aide publique au développement, pour « faire une réalité des promesses de l’Accélérateur ».