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En Ukraine et ailleurs, l’ONU exploite toutes les opportunités pour alléger les souffrances engendrées par la guerre

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, dont le pays préside le Conseil de sécurité en septembre, lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur l'Ukraine.
Photo ONU/Manuel Elias
La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, dont le pays préside le Conseil de sécurité en septembre, lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur l'Ukraine.

En Ukraine et ailleurs, l’ONU exploite toutes les opportunités pour alléger les souffrances engendrées par la guerre

Paix et sécurité

S’adressant jeudi au Conseil de sécurité, le chef de l’ONU a dit redouter « un cycle sans fin d’horreur et de carnage » en Ukraine, et déploré les conséquences mondiales de la guerre comme les atteintes inacceptables aux droits humains dans la zone de conflit.

Rappelant que l’ONU a déjà secouru 13 millions de personnes sur place, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a noté des signes positifs comme les échanges de prisonniers, le succès de l’Initiative céréalière de la mer Noire et l’accès aux engrais venus de Russie, obtenus avec l'aide des Nations Unies.

« La seule façon de mettre fin aux souffrances en Ukraine, c’est de mettre fin à la guerre », a déclaré António Guterres devant les quinze membres du Conseil de sécurité. Or les événements récents sont dangereux et alarmants, après sept mois marqués par une souffrance et une désolation indicibles, et ils nous éloignent de toute perspective de paix.

Le Secrétaire général de l'ONU António Guterres lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Ukraine.
Photo ONU/Loey Felipe
Le Secrétaire général de l'ONU António Guterres lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Ukraine.

Risque nucléaire

Le chef de l’ONU a particulièrement réprouvé que l’idée d’un conflit nucléaire puisse aujourd'hui être évoquée par certains Etats, et appelé tous les pays dotés de ces armes à s’engager à nouveau à ne pas les utiliser et à les éliminer progressivement de leur arsenal.

De plus, il s’est déclaré préoccupé par la perspective de prétendus « referenda » dans des régions d’Ukraine qui ne sont pas actuellement sous le contrôle de son gouvernement, des initiatives qui participent de l’annexion du territoire d’un Etat par un autre Etat par la menace ou le recours à la force et constituent une violation de la Charte des Nations Unies et du droit international. 

Alors que chaque jour, en moyenne, cinq enfants sont blessés ou tués, et que quelque 14 millions de personnes, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont dû fuir, le conflit a des répercutions mondiales, provoquant une triple crise alimentaire, énergétique et financière qui réduit à néant des années de progrès vers le développement et s’ajoute aux crises de la Covid-19 et aux conséquences néfastes du changement climatique.

Face à ce défi planétaire, le chef de l’ONU a assuré avoir exploité toutes les opportunités pour atténuer les souffrances des plus vulnérables lors de ses déplacements en Ukraine et dans la Fédération de Russie, durant ses contacts directs avec les Presidents Zelenskyy et Poutine. Il a rappelé que l’ONU, avec ses partenaires humanitaires, a déjà pu venir en aide à 13 millions de personnes sur place. Il a demandé que le personnel humanitaire puisse intervenir en toute sécurité et sans entraves pour secourir ceux qui ont en besoin, « où qu’ils soient ».

Guerre en Ukraine : Un impact inacceptable sur les droits humains

 

Un impact inacceptable sur les droits humains

Quant à l’impact de cette guerre sur les droits humains, il est inacceptable, selon les observations du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, qui mentionne un catalogue de cruautés, d’exécutions sommaires, de violences sexuelles, de tortures et autres traitements inhumains et dégradants, alors que parviennent des informations extrêmement troublantes sur des fosses communes à Izyoum.

« Ces allégations doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies pour établir les responsabilités, les victimes et leurs familles ont le droit à la justice, à la remédiation et aux réparations », a martelé le Secrétaire général, ajoutant qu’au nom de la lutte contre l’impunité, le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête sur la situation en Ukraine pour laquelle la coopération de toutes les parties est essentielle.

Alors que la Mission d’établissement des faits sur les tragiques incidents survenus à Olenivka le 29 juillet, dans un lieu de détention de prisonniers ukrainiens, est prête à se déployer, António Guterres a demandé qu’elle puisse avoir accès sans entrave aux lieux, témoins et preuves nécessaires à l’enquête. Il s’inquiète par ailleurs de la situation sur le site de la centrale nucléaire de Zaporijjia, située en pleine zone de combat, où la présence d’employés de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) joue un rôle dissuasif. 

« Tout dommage à une infrastructure nucléaire, délibéré ou pas, aurait des conséquences terribles à proximité mais aussi loin de de la centrale, et le monde ne peut se permettre une nouvelle catastrophe nucléaire », a répété António Guterres. 

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à Irpin, en Ukraine, en avril 2022.
Photo ONU/Eskinder Debebe
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à Irpin, en Ukraine, en avril 2022.

Quelques évènements encourageants

Le Secrétaire général a toutefois salué quelques évènements encourageants. D’abord l’échange de 250 prisonniers de guerre entre l’Ukraine et la Russie avec l’aide de la Turquie et de l’Arabie saoudite.

Ensuite la mise en place, depuis juillet, avec le soutien du gouvernement turc, de l’Initiative céréalière de la mer Noire. Cet accord a déjà permis d’exporter d’Ukraine 4,3 millions de tonnes de denrées vers 29 pays sur trois continents et contribué ainsi à une baisse mondiale des prix mondiaux des céréales qui restent pourtant de 8% plus élevés que l’année dernière. 

Enfin, pour garantir l’accès des exploitants agricoles aux engrais chimiques, qui font particulièrement défaut aux producteurs d’Afrique de l’Ouest, l’ONU a signé un protocole d’accord avec la Fédération de Russie pour fournir au marché mondial les produits agroalimentaires et les fertilisants russes. « Si le marché des engrais n’est pas stabilisé, nous pourrions vivre une crise alimentaire l’année prochaine, a-t-il prévenu. En clair, le monde pourrait manquer de nourriture ».