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Myanmar : un expert de l’ONU prône un renforcement des sanctions contre les militaires

Des manifestants contre le coup d'Etat militaire au Myanmar (photo d'archives).
Unsplash/Pyae Sone Htun
Des manifestants contre le coup d'Etat militaire au Myanmar (photo d'archives).

Myanmar : un expert de l’ONU prône un renforcement des sanctions contre les militaires

Droits de l'homme

Un expert indépendant des droits de l’homme a appelé, jeudi, les gouvernements et les entreprises à mieux coordonner leurs efforts pour couper le gouvernement militaire du Myanmar de ses sources de revenus et d’armes, affirmant que la vie dans ce pays d’Asie du Sud-Est est devenue ces derniers mois un « enfer » depuis la prise du pouvoir par les généraux.

Présent à Genève pour présenter son rapport annuel sur le Myanmar au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, Thomas H. Andrews, a indiqué que si de nombreux pays ont imposé des sanctions à des individus, à des entités militaires, à des institutions financières et à des sociétés d’énergie, ce qu’il faut, c’est une « action coordonnée ».

« Il est incroyablement important que le monde s’en soucie. Il est très important que les nations du monde cessent de laisser tomber le peuple du Myanmar et agissent », a affirmé l’expert lors d’une conférence de presse à Genève.

Pour l’expert indépendant onusien, l’urgence et la clé ici est d’arrêter le flux d’armes mais aussi le flux de revenus qui alimentent « les coffres de la junte ».

M. Andrews a laissé entendre qu’il était peu probable que le Conseil de sécurité de l’ONU puisse se réunir et établir un embargo sur les armes et des sanctions économiques ciblées, laissant finalement cette tâche individuelle aux Etats.

Le peuple du Myanmar est déçu

« Si le Conseil de sécurité de l’ONU ne veut pas se réunir et adopter une résolution sous le chapitre sept qui établirait des sanctions économiques ciblées, établirait un embargo sur les armes, ferait référence à la Cour pénale internationale, je veux dire, c’est ce qui devrait être fait, mais cela ne va pas être fait, évidemment, donc si cela ne peut pas être fait par le Conseil de sécurité, alors cela doit être fait par les nations qui se sont exprimées hier et qui s’exprimeront aujourd’hui pour soutenir le peuple du Myanmar », a-t-il dit.

Lors de la présentation de son rapport mercredi devant le Conseil, M. Andrews a souligné que « le peuple du Myanmar est profondément déçu par la réponse de la communauté internationale à cette crise ».

« Ils sont frustrés et irrités par les États membres qui œuvrent à soutenir cette junte militaire illégale et brutale avec des financements, du commerce, des armes et [en lui accordant] un vernis de légitimité. Mais ils sont également déçus par les nations qui expriment leur soutien mais ne parviennent pas à étayer leurs paroles par des actes », a-t-il précisé.

L’armée a pris le pouvoir en février de l’année dernière, évinçant le gouvernement démocratiquement élu d’Aung San Suu Kyi. Cette prise de pouvoir a déclenché des manifestations massives dans tout le pays, souvent réprimées par l’armée et la police. Depuis, une résistance armée s’est développée dans les villes et les campagnes.

« L’enfer que représente la vie au Myanmar en ce moment »

« Les gens n’ont aucune idée de ce qui se passe, de l’enfer que représente la vie au Myanmar en ce moment », a fait valoir l’expert indépendant.

Pour le Rapporteur spécial, les atrocités commises à l’encontre des civils se poursuivent, citant comme exemple récent l’attaque par hélicoptère, la semaine dernière, d’une école située dans un monastère bouddhiste, qui a fait au moins 13 morts, dont sept enfants. Le gouvernement a nié l’attaque.

« Une école dans un monastère, deux hélicoptères de combat, de fabrication étrangère, fournis par l’étranger, se sont abattus sur cette école tandis que des soldats entraient dans l’enceinte avec des armes automatiques en tirant ; des enfants terrifiés, courant, cherchant à se mettre à l’abri. Onze d’entre eux au moins ont été tués, littéralement explosés, et l’histoire d’un jeune garçon dont le bras avait été arraché en criant à sa mère de le tuer parce que la douleur était si forte », a fait remarquer l’expert de l’ONU.

NOTE : 

Les rapporteurs spéciaux, les experts indépendants et les groupes de travail font partie de ce que l'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme. Les procédures spéciales, le plus grand corps d'experts indépendants du système des droits de l'homme des Nations Unies, sont le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de surveillance du Conseil des droits de l’homme qui traitent soit de situations nationales spécifiques, soit de questions thématiques dans toutes les régions du monde. Les experts des procédures spéciales travaillent sur une base volontaire ; ils ne font pas partie du personnel de l'ONU et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail. Ils sont indépendants de tout gouvernement ou organisation et servent à titre individuel.