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RD Congo : plus de 180.000 personnes déplacées par les violences depuis avril dans l’Est (HCR)

Une jeune fille et sa petite sœur dans un camp de fortune à Kalemie, dans la province du Tanganika (photo d’archive) L’est de la RDC est touché par une nouvelle vague de violences contraignant des milliers de civils à fuir leur foyer.
UNICEF/Vockel
Une jeune fille et sa petite sœur dans un camp de fortune à Kalemie, dans la province du Tanganika (photo d’archive) L’est de la RDC est touché par une nouvelle vague de violences contraignant des milliers de civils à fuir leur foyer.

RD Congo : plus de 180.000 personnes déplacées par les violences depuis avril dans l’Est (HCR)

Paix et sécurité

Plus de 180.000 personnes ont été déplacées par les violences dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) depuis avril dernier, a indiqué mardi le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), relevant que le manque de financement risque de l’obliger à réduire des programmes vitaux dans ce pays.

Selon l’agence onusienne, les combats entre l’armée congolaise et les groupes armés non étatiques dans la province du Nord-Kivu ont déplacé 160.000 personnes supplémentaires depuis avril. Aussi, le HCR et ses partenaires dans la province de l’Ituri ont enregistré plus de 800 décès dus à des attaques à l’arme à feu et des raids à la machette contre des communautés locales, qui ont chassé 20.700 personnes de leurs foyers.

Le 30 juin dernier, le HCR avait estimé que plus d’un million de personnes ont été déplacées par les violences dans l’est de la RDC au cours des six derniers mois. Ces déplacements se sont produits après une série d’attaques dans le territoire de Djougou dans la province d’Ituri, dans les territoires de Fizi et Mwenga dans la province du Sud-Kivu, et dans les territoires de Masisi et Rutshuru dans la province du Nord-Kivu.

Ces nouveaux déplacements viennent encore alourdir les pressions pesant sur les zones d’accueil de déplacés internes, qui sont à court de services essentiels, selon le HCR.  De plus, l’agence n’a reçu que 20% des 225 millions de dollars nécessaires pour ses opérations en RDC.

Le manque de fonds oblige le HCR à supprimer des programmes vitaux

Lors d’une visite dans la province de l’Ituri en RDC entre le 25 et le 28 juillet, la Directrice des relations extérieures du HCR, Dominique Hyde, a pu constater de visu la force des femmes, des hommes et des enfants déplacés de force face à l’horreur, mais aussi l’impact du sous-financement.

« Au rythme actuel, 82 % des personnes déplacées à l’intérieur du pays ne recevront pas d’aide adéquate en matière d’hébergement », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève, Mme Hyde.

Des femmes seront obligées de dormir dans des églises, des écoles et des stades, à la belle étoile, ou risqueront de retourner chez elles malgré le risque d’être prises pour cible par des groupes armés.

Le sort des exilés dans ce pays n’est guère mieux. Par exemple, seuls 16 % des enfants réfugiés sud-soudanais peuvent aller à l’école.

« Au niveau de financement actuel, le HCR ne peut pas aider un seul enfant réfugié à fréquenter l’école secondaire cette année », ajouté la responsable du HCR. 

Sans soutien supplémentaire, le HCR sera contraint de réduire les kits d’argent et de moyens de subsistance pour l’agriculture, la pêche et l’élevage.

Avec plus d’un demi-million de réfugiés et plus de 5,6 millions de personnes déplacées, la RDC compte la plus grande population de personnes déplacées sur le continent africain et l’une des plus importantes au monde.
 

Des femmes congolaises se rassemblent à un point de distribution alimentaire au Nord-Kivu, dans l'est de la RDC (archive)
OCHA/Ivo Brandau
Des femmes congolaises se rassemblent à un point de distribution alimentaire au Nord-Kivu, dans l'est de la RDC (archive)


Les agences humanitaires veulent le même élan de solidarité internationale qu’avec la crise ukrainienne

D’une manière générale, ces lacunes, combinées à de graves sécheresses en Afrique orientale et australe, auront pour conséquence que de nombreuses personnes déplacées souffriront de la faim.

« Nous lançons un appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle agisse maintenant et soutienne ceux qui en ont désespérément besoin », a insisté la porte-parole du HCR.

Alors que l’attention est concentrée sur certaines des plus grandes crises mondiales en Syrie, en Afghanistan et, plus récemment, en Ukraine - d’autres urgences, dont beaucoup en Afrique, n’ont pas réussi à attirer les mêmes niveaux d’attention, de soutien et de ressources. Or sur le terrain, les prix des denrées alimentaires et des carburants augmentent de façon spectaculaire, ce qui réduit d’autant les ressources humanitaires.

« La solidarité internationale à l’égard des personnes fuyant la guerre en Ukraine a été écrasante. Nous avons besoin d’une réponse similaire - et d’un soutien financier plus important - pour toutes les crises dans le monde », a fait valoir Dominique Hyde.