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Soudan : plus de 125 morts et plus de 50.000 déplacés dans des violences au Darfour (OCHA)

Une vue d'Al Geneina, dans l'Etat du Darfour occidental, au Soudan, où les violence intercommunautaires auraient commencé.
MINUAD/Hamid Abdulsalam
Une vue d'Al Geneina, dans l'Etat du Darfour occidental, au Soudan, où les violence intercommunautaires auraient commencé.

Soudan : plus de 125 morts et plus de 50.000 déplacés dans des violences au Darfour (OCHA)

Paix et sécurité

Plus de 125 personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements tribaux ces derniers jours et environ 50.000 personnes auraient été déplacées à la suite de ces violences au Darfour occidental (Soudan), a indiqué mardi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

Le conflit, qui s’est déroulé entre le 6 et le 11 juin dans la localité de Kolbous, dans l’Ouest du Darfour, a entraîné la destruction de nombreuses maisons, le pillage des habitations et surtout le déplacement d’environ 50.000 personnes, dans cette localité et les localités voisines du Darfour occidental (Sirba et Jebel Moon), ainsi que dans les localités de Saraf Omra et As Serief, au Darfour septentrional.

Lundi, l’émissaire onusien Volker Perthes s’est dit « consterné » par les violences survenues à Kolbous. « Le cycle de violence au Darfour est inacceptable et met en évidence les causes profondes qui doivent être résolues », a-t-il publié sur son compte Twitter.

Des villages brulés et des habitats pillés

Le 6 juin, des affrontements ont éclaté entre les communautés Gimir et Rezeigat dans le village d’Um Hereez, dans la localité de Kolbous, au Darfour occidental. Le conflit a éclaté à la suite d’une dispute foncière entre un Gimir et un Arabe. Selon le rapport d’OCHA, les deux hommes ont été tués pendant l’échange de coups de feu et d’autres personnes ont été tuées lorsque les affrontements se sont étendus à un point d’eau et au village d’Um Tuyur.

« La communauté Gimir a rapporté que 101 de ses membres avaient été tués et 117 blessés, tandis qu’un émir arabe a déclaré que 25 Arabes avaient été tués et 16 blessés au cours des affrontements », a détaillé l’OCHA.

Dans la localité de Kolbous, 25 villages gimirs auraient été attaqués, pillés et brûlés. « Dans le Jebel Moon, les villages de Haskanita et Masterha ont été brûlés et le village de Gos Jegi a été pillé, et ses habitants ont été déplacés vers le village de Juruf à Sirba », selon l’OCHA.

Sur le terrain, la Commission d’aide humanitaire du gouvernement (HAC) a envoyé dimanche 12 juin un camion de nourriture pour 1.000 familles et le ministère soudanais de la Santé de l’Etat a envoyé des fournitures médicales à Werywery.

L’insécurité rend difficile l’accès aux populations dans le besoin

Ces conflits ont de graves conséquences humanitaires car l’insécurité rend difficile l’accès aux populations dans le besoin, tant pour les programmes humanitaires en cours que pour les personnes nouvellement déplacées.

Selon l’agence onusienne, ces affrontements communautaires ont retardé les missions d’évaluation et de réponse humanitaire prévues dans les localités de Kolbous, Jebel Moon, Sirba et Kereneik en raison de l’insécurité.

Les agences humanitaires onusiennes et leurs partenaires prévoient une évaluation intersectorielle des besoins dans les zones affectées ce mardi 14 juin, en fonction de la situation sécuritaire.

L’Etat du Darfour-Ouest, région aride frontalière du Tchad, est en proie ces derniers mois à des violences meurtrières. En avril déjà, plus de 200 personnes y ont été tuées dans des affrontements opposant communautés arabes et non arabes. La localité de Kolbous partage une frontière de 71 km avec le Tchad et borde deux localités du Darfour Nord (Saraf Omra et Sireif) et du Darfour Ouest (Jebel Moon et Kereneik). Il existe quatre itinéraires de transhumance à Kolbous, par lesquels transite environ 80% du bétail en route vers le nord pendant la saison des pluies.