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Soudan : la FAO intensifie sa réponse face à l’aggravation de l’insécurité alimentaire

Au Soudan du Sud, le bétail est un élément vital pour de nombreuses familles, qui les aide à mettre de la nourriture sur la table, à répondre aux besoins nutritionnels et à éduquer leurs enfants.
MINUSS
Au Soudan du Sud, le bétail est un élément vital pour de nombreuses familles, qui les aide à mettre de la nourriture sur la table, à répondre aux besoins nutritionnels et à éduquer leurs enfants.

Soudan : la FAO intensifie sa réponse face à l’aggravation de l’insécurité alimentaire

Aide humanitaire

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a indiqué mardi qu’elle intensifiait sa réponse humanitaire au Soudan pour faire face à l’insécurité alimentaire aiguë qui sévit dans ce pays.

Selon cette agence onusienne basée à Rome, cette insécurité alimentaire est le résultat « des effets conjugués du conflit armé, de la sécheresse, de la pandémie de Covid-19 ». Une situation humanitaire qui est également exacerbée par « la faible production des principales cultures de base due à l’infestation d’insectes et les maladies, mais aussi par les troubles socio-économiques au Soudan ».

Selon le Plan de réponse humanitaire 2022 de la FAO pour le Soudan, 10,9 millions de personnes, soit 30% des Soudanais, devraient avoir besoin d’un soutien vital cette année. Selon l’ONU, il s’agit du chiffre « le plus élevé de la dernière décennie ».

Mais ces données inquiétantes interviennent que la situation s’annonce « sombre pour des millions de personnes ». La guerre en Ukraine provoque « de nouvelles flambées des prix des denrées alimentaires au Soudan », note la FAO, rappelant que ce pays est dépendant « des importations de blé de la région de la mer Noire ».

Hausse de 180% du prix de la tonne de blé

Dans ces conditions, l’interruption du flux de céréales vers le Soudan entraînera une hausse des prix et rendra plus difficile l’importation de blé. Actuellement, les prix locaux du blé s’élèvent à plus de 550 dollars la tonne, soit une augmentation de 180% par rapport à la même période en 2021.

En outre, les prix élevés actuels des engrais sur les marchés mondiaux pèseront inévitablement sur la capacité du Soudan à importer. Selon la FAO, cela pourrait compromettre les récoltes en cours et à venir du pays.

Face à la situation désastreuse de la sécurité alimentaire - une situation qui risque d’être encore aggravée par les effets en cascade du conflit ukrainien - la FAO a lancé un nouveau projet financé par le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies (CERF). Le but est de lutter contre l’insécurité alimentaire des communautés agricoles et pastorales affectées par la fourniture de produits agricoles et d’élevage d’urgence.

Cette contribution vitale de 12 millions de dollars du CERF - la plus importante allocation unique à la FAO par le CERF à ce jour - soutiendra les efforts urgents visant à renforcer la résilience des agriculteurs et des éleveurs pauvres en ressources dans les 14 comtés les plus gravement touchés du Soudan.

Aide à près d’un million de personnes parmi les communautés agricoles et pastorales

Le projet couvre à la fois l’aide à l’agriculture et à l’élevage, qui vise à réduire rapidement la dépendance à l’égard de l’aide alimentaire d’urgence et constitue une base pour le redressement à moyen et long terme. Cette aide comprend la fourniture de semences certifiées de cultures, de légumineuses et de légumes, de charrues à ânes et d’outils à main, de vaccins et de médicaments vétérinaires, d’aliments concentrés riches en protéines animales et de liqueurs minérales, ainsi que de charrettes à ânes et d’animaux de production.

Elle comprend également la fourniture d’argent liquide et la réhabilitation des actifs productifs communautaires tels que les petites infrastructures d’eau, les hafirs, les pâturages et autres. Au total, le projet entend cibler 180.000 ménages, soit 900.000 personnes parmi les communautés agricoles et pastorales les plus vulnérables, notamment les personnes déplacées à l’intérieur du pays, les rapatriés, les réfugiés et les ménages résidents.

« Cela leur permettra de produire suffisamment de nourriture pour répondre à leurs besoins dans les mois à venir », a déclaré Babagana Ahmadu, Représentant de la FAO au Soudan.