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Ukraine : aucune trace d'un programme secret d'armes biologiques, répète l’ONU

Thomas Markram, adjoint de la Haut-Représentante aux affaires de désarmement, devant le Conseil de sécurité.
Photo ONU/Eskinder Debebe
Thomas Markram, adjoint de la Haut-Représentante aux affaires de désarmement, devant le Conseil de sécurité.

Ukraine : aucune trace d'un programme secret d'armes biologiques, répète l’ONU

Paix et sécurité

Dans un contexte de nouvelles allégations par Moscou concernant un programme secret d'armes biologiques en Ukraine, un haut responsable du Bureau des affaires de désarmement des Nations Unies a affirmé vendredi que l'ONU n'était au courant d'aucun programme de ce type et n'avait ni le mandat ni la capacité opérationnelle technique d'enquêter dessus.

Ce message avait déjà été adressé au Conseil de sécurité les 11 et 18 mars par la Haut-Représentante aux affaires de désarmement, Izumi Nakamitsu. 

« Cela reste le cas aujourd'hui », a déclaré vendredi Thomas Markram, qui est l’adjoint de Mme Nakamitsu. 

La Russie, les États-Unis et l'Ukraine sont tous des États parties à la Convention de 1972 sur les armes biologiques interdisant la mise au point, la production, l'acquisition, le transfert, le stockage et l'utilisation d'armes biologiques et à toxines. 

M. Markram a expliqué que la Convention contient plusieurs mesures que les États parties concernés peuvent utiliser pour répondre aux préoccupations ou aux soupçons concernant les activités de leurs pairs. 

Par exemple, a-t-il dit, conformément à l'article V, les États parties peuvent se consulter et coopérer pour résoudre tout problème par le biais de procédures internationales, y compris sur une base bilatérale. Notant que l'une de ces procédures est la convocation d'une réunion consultative, il a indiqué que d'autres possibilités existent dans le cadre de l'Article VI. 

« J'encourage donc tous les États parties ayant des préoccupations en matière de respect à utiliser les procédures disponibles en vertu de la Convention », a déclaré M. Markram. Le Bureau des affaires de désarmement est prêt à appuyer toutes les procédures prévues par la Convention que les États parties pourraient décider d'utiliser. 

Menace présumée pour la biosécurité en Europe de l'Est 

L'Ambassadeur russe Vassily Nebenzia a déclaré que son pays avait convoqué la réunion d'aujourd'hui - la troisième sur ce sujet - parce qu'il continue de recevoir des preuves que le ministère américain de la Défense mène des projets biologiques dangereux de nature militaire secrète à la frontière occidentale avec son pays. 

« C'est une menace réelle pour la biosécurité de notre pays, de la région et, compte tenu de la nature transfrontalière de ces menaces biologiques, pour le monde entier », a-t-il déclaré. Pourtant, comme l'a confirmé M. Markram, ni l'Ukraine ni les États-Unis n'ont inclus d'informations sur cette menace dans les rapports prévus par la Convention, a-t-il déclaré. 

La prévention d'une activité aussi dangereuse n'est possible que grâce à « l'opération militaire spéciale » de son pays, a-t-il déclaré. Il a attiré l'attention sur le "Projet 3007" dans lequel des spécialistes ukrainiens, sous la supervision de collègues américains, prélèvent des échantillons d'eau du Dnipro, du Danube et d'autres voies navigables, à la recherche d'agents pathogènes, tels que la typhoïde. Les échantillons sont ensuite envoyés aux États-Unis. 

La question logique est « pourquoi ? », a-t-il dit. Un coup d'œil sur une carte des sources d'eau de l'Ukraine suffit pour comprendre que les résultats pourraient être utilisés pour créer une catastrophe biologique en Russie, à travers la mer d'Azov et la mer Noire, et en Europe de l'Est, a-t-il ajouté. 

Entre autres allégations, il a accusé l'Ukraine d'avoir tenté de répandre des bioaérosols dangereux dans toute la Russie, soulignant qu'elle avait reçu en janvier 50 drones équipés pour lancer un tel assaut, et les États-Unis de financer ces activités par le biais de sous-traitants. 

Il a déclaré qu'un autre incident biologique en 2020 utilisant de la « fausse monnaie » comme vecteur de la tuberculose à Louhansk, a mis en danger les enfants qui l'ont trouvé. « Cet argent était infecté par une tuberculose bioactive », a-t-il affirmé, confirmation d'une « tendance très inquiétante ». Il a poursuivi en affirmant que d'autres preuves impliquent des scientifiques américains dans la réalisation d'expériences sur des patients psychiatriques à l'hôpital numéro 3, à Kharkiv. 

Allégations « fantaisistes », théories du complot 

À son tour, l'Ambassadeur adjoint des États-Unis, Richard M. Mills, a déploré que le haut responsable du désarmement des Nations Unies ait été invité à se joindre à la « conversation vraiment farfelue » d'aujourd'hui. Il a reproché à la Russie d'utiliser à nouveau le Conseil comme plate-forme pour répandre des théories de désinformation et de complot sur l'Ukraine alors qu'elle poursuit son assaut brutal et inhumain contre le peuple ukrainien. 

« La Russie avilit à plusieurs reprises le Conseil par ces réunions absurdes », a-t-il déclaré. Les allégations sans fin de programmes d'armes chimiques et biologiques en Ukraine sont catégoriquement fausses et « ridicules ». En faisant des affirmations « fantaisistes » sur les billets de banque empoisonnés, les traitements secrets des prisonniers psychiatriques et les accords de non-divulgation, « c'est comme si les points de discussion de la délégation russe provenaient d'un mauvais roman d'espionnage », a-t-il déclaré. 

Ils suivent une tendance bien établie, a-t-il dit, dans lequel les autorités russes accusent les autres des violations mêmes qu'elles ont perpétrées ou ont l'intention de perpétrer. Il a mis en garde contre le fait d'accorder du crédit à ces affirmations « étranges ». 

Ce qu'il ne faut pas oublier, a-t-il dit, c'est que la Russie a une longue et bien documentée histoire d'utilisation d'armes chimiques, y compris dans les tentatives d'assassinat et l'empoisonnement des ennemis du Président russe Vladimir Poutine, dont le chef de l'opposition Alexeï Navalny.