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Guterres salue la générosité des Moldaves qui ont ouvert leurs maisons et leurs cœurs aux réfugiés ukrainiens

Le Secrétaire général António Guterres visite un centre de réfugiés à Chisinau, la capitale de la Moldavie.
Photo ONU/Mark Garten
Le Secrétaire général António Guterres visite un centre de réfugiés à Chisinau, la capitale de la Moldavie.

Guterres salue la générosité des Moldaves qui ont ouvert leurs maisons et leurs cœurs aux réfugiés ukrainiens

Migrants et réfugiés

Rencontre avec la Présidente de Moldavie, entretien avec des réfugiés d'Ukraine et des représentants d'organisations de la société civile, et visite à une famille qui héberge des réfugiés. Tout cela s'inscrivait au programme de la deuxième journée de la visite du Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à Chisinau, la capitale moldave.

Alors qu'elle racontait son histoire au chef de l'ONU, Irina, mère de quatre enfants de la région ukrainienne d'Odessa, ne pouvait retenir ses larmes.

« Nous sommes partis presque immédiatement après le début de la guerre – nous avons vraiment eu peur pour nos enfants. Et hier, nous avons appris que notre centre commercial où nous avions toujours fait nos courses, est totalement en ruines », a-t-elle raconté.

Elle et ses enfants se sont temporairement installés dans le plus grand centre de réfugiés de Moldavie, au parc des expositions MoldExpo. Depuis le début de la guerre, ce centre d'accueil et d'autres ont accueilli près d'un demi-million de réfugiés.

Au plus fort de la crise, alors que l'Ukraine connaissait un exode massif de population, le complexe de Chisinau a abrité plus de dix mille personnes à la fois. La plupart d'entre eux ont déménagé dans différents pays, mais environ cent mille sont restés en Moldavie.

le Secrétaire général de l'ONU remercie la Moldavie pour son « grand cœur »

Besoins multiples

La crise est à plusieurs niveaux. Les gens n'ont pas seulement besoin d'un toit au-dessus de leur tête, mais aussi de nourriture, d'un soutien juridique et psychologique, d'une assistance médicale. Les enfants ont besoin d'aller à l'école.

« La nature unique de cette crise est que les réfugiés sont principalement des femmes et des enfants », a déclaré le Secrétaire général de l'ONU lors d'une conversation avec des représentantes d'organisations non gouvernementales de femmes qui travaillent avec ONU Femmes. «  Les hommes ne sont pas autorisés à quitter l'Ukraine, les femmes et les enfants sont seuls et vulnérables. Ils peuvent facilement devenir victimes de violence sexiste ou de traite des êtres humains ».

L'ONU, en coopération avec les forces de l'ordre de Moldavie et les organisations de la société civile, fait tout pour protéger les Ukrainiens de tels crimes.

« Hier, nous avons reçu une plainte », a déclaré Elena Botezatu, Directrice exécutive de l'organisation "La Strada", à ONU Info. « Nos employés sont devenus méfiants lorsqu'ils ont remarqué comment un homme traitait sa compagne de voyage, une jeune femme. Nous avons immédiatement informé l'unité spécialisée dans la lutte contre la traite des êtres humains de la police moldave ».

Selon Mariana Buruiana, Directrice du Women's Law Center, la principale arme contre de tels crimes est la sensibilisation. Les employés de ce centre travaillent à la frontière ainsi que dans les communautés d'accueil, alertant les femmes d'un danger possible.

Ce couple fait partie des Moldaves qui accueillent des réfugiés d'Ukraine.
Photo ONU/Mark Garten
Ce couple fait partie des Moldaves qui accueillent des réfugiés d'Ukraine.

Réfugiés logés par des familles moldaves

Le Secrétaire général de l'ONU a attiré l'attention sur un autre trait distinctif de cette crise migratoire : en Moldavie, il n'y a pas de camps de réfugiés, l'écrasante majorité des Ukrainiens – 95% – sont logés par des familles moldaves.

António Guterres a noté que, dans de telles circonstances, le meilleur type d'aide est une aide en espèces. Cette forme de soutien est apportée aux réfugiés et aux familles qui les accueillent par des agences onusiennes.

« Nous sommes vraiment reconnaissants à la Moldavie et aux Nations Unies pour leur aide et leur soutien », a déclaré Lubov Fedorovna de Chernobayevka au Secrétaire général. « Notre village est devenu célèbre à cause de la guerre. Des roquettes volaient littéralement au-dessus de nos têtes, et l'une d'elles a touché notre jardin ». Elle ne peut retenir ses larmes en se souvenant de la maison et du jardin qu'elle a dû abandonner.

« Il est impossible de rencontrer des réfugiés et de ne pas être profondément ému par leurs histoires », a dit le chef de l’ONU aux journalistes après avoir parlé avec des réfugiés au centre d'exposition. « Cette tragédie démontre que la guerre est une chose insensée. Il faut absolument arrêter cette guerre et il faut absolument que le droit international prévale. Il n'y a pas de solution militaire ».

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (à gauche), rencontre la Présidente de la Moldavie, Maia Sandu.
Photo ONU/Mark Garten
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres (à gauche), rencontre la Présidente de la Moldavie, Maia Sandu.

Générosité des Moldaves

Il a exprimé son admiration pour l'hospitalité offerte aux réfugiés par la population et le gouvernement de Moldavie. « Les gens ont ouvert leurs maisons et leurs cœurs aux Ukrainiens », a dit António Guterres.

Le Secrétaire général a rendu visite à l'une de ces familles mardi à Chisinau. Le couple de retraités Vasiliy et Klavdia Turkanu accueillent maintenant un deuxième groupe de réfugiés ukrainiens – l'une des deux chambres de leur petit appartement est occupée par trois femmes de Nikolayev – mère, fille et grand-mère, et avant cela, ils ont hébergé deux hommes d'Odessa.

Klavdia dit que leurs invités peuvent rester jusqu'à la fin de la guerre. « Nous comprenons ce qu'ils traversent », dit-elle avec tristesse. « Nous, par exemple, nous pouvons voyager dans un endroit, puis nous avons le mal du pays. La maison est la chose la plus importante. Et ils ne peuvent pas rentrer chez eux ».

« Pourquoi les gens font-ils la guerre ? », s’est demandé Vasiliy. « Ils auraient pu vivre en paix et tout négocier à l'amiable ».

Le Secrétaire général de l'ONU a été impressioné par l’hospitalité de Vassili et de Klavdia. « C'est une expérience émotionnelle forte de communiquer avec des personnes qui ont été forcées d'abandonner leurs maisons dans des circonstances aussi dramatiques », a déclaré António Guterres. « Et en même temps j'admire la magnanimité des Moldaves. La Moldavie peut servir d'exemple de solidarité ».

Plus tôt dans la journée, le chef de l'ONU a rencontré la Présidente de la Moldavie, Maia Sandu. Il lui a dit que l'ONU ne laisserait pas la Moldavie seule avec ses problèmes. Il a exhorté la communauté internationale à soutenir ce petit pays européen qui accueille le plus grand nombre de réfugiés par rapport à la taille de sa population.

Le Secrétaire général António Guterres (à gauche) rencontre des jeunes moldaves.
ONU Info
Le Secrétaire général António Guterres (à gauche) rencontre des jeunes moldaves.

Le Secrétaire général de l'ONU a aussi rencontré des représentants de la jeunesse moldave, en particulier des membres du Groupe consultatif des adolescents et des jeunes de l'ONU en Moldavie.

Les jeunes ont soulevé un sujet important : les personnes de leur âge quittent massivement le pays à la recherche d'une vie meilleure. Afin d'arrêter l'exode, il est impératif que certaines conditions soient garanties dans leur pays d'origine – la possibilité de recevoir une éducation, de trouver un emploi et d'acquérir une indépendance financière.