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Un garçon de 16 ans se rétablit dans un centre de réhabilitation en République démocratique du Congo pour les enfants qui ont été enlevés et forcés de prendre les armes.

RDC : les enfants continuent de payer un lourd tribut de l’insécurité dans l’Est du pays

© UNICEF/Vincent Tremeau
Un garçon de 16 ans se rétablit dans un centre de réhabilitation en République démocratique du Congo pour les enfants qui ont été enlevés et forcés de prendre les armes.

RDC : les enfants continuent de payer un lourd tribut de l’insécurité dans l’Est du pays

Paix et sécurité

Près de 150 violations graves ont été recensées en mars 2022 en République démocratique du Congo (RDC), notamment des cas de recrutement d’enfants dans des groupes armés, des meurtres et des mutilations d’enfants, des violences sexuelles et des attaques contre des écoles et des hôpitaux, a annoncé mercredi la Mission de l’ONU dans ce pays.

Au cours du seul mois de mars 2022, la Section de la Protection de l’enfant de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo (MONUSCO) a documenté et vérifié exactement 157 violations graves des droits de l’enfant dans le cadre des conflits armés en RDC. Selon l’ONU, cela représente une augmentation du 39 % par rapport au mois de janvier (113).

Le recrutement des enfants est devenu la violation la plus fréquente, avec 61 abus enregistrées par les services de l’enfance de l’ONU. Suivent les enlèvements (50), les meurtres et mutilations (32), les violences sexuelles (10) et les attaques contre les écoles et les hôpitaux (4).

Les violations vérifiées ont été attribuées aux miliciens Maï Maï d’Apa na Pale (30), aux rebelles des Forces démocratiques alliées, ADF (26). Suivent aussi les des Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda, FDLR FOCA (22) ; le groupe communautaire (Maï Maï) Nyatura (21) ; les miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo, CODECO (19), les Maï-Maï Mazembe (18) ; ou les Maï Maï Malaika (4).
 

Les conflits sont devenus plus complexes, alimentés par la prolifération de groupes armés non étatiques. Sur cette photo, un ancien enfant soldat de 12 ans a retrouvé un oncle avec le soutien de l'UNICEF en RDC
© UNICEF/Vincent Tremeau
Les conflits sont devenus plus complexes, alimentés par la prolifération de groupes armés non étatiques. Sur cette photo, un ancien enfant soldat de 12 ans a retrouvé un oncle avec le soutien de l'UNICEF en RDC

71 violations ont été vérifiées au Nord-Kivu et 48 en Ituri

Dans le même temps, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) sont responsables de trois violations. Selon l’ONU, la Police Nationale Congolaise (PNC) fait l’objet d’une violation.

Par ailleurs, aucun nouveau commandant de groupe armé n’a signé la feuille de route visant à mettre fin au recrutement et à l’utilisation d’enfants et à prévenir les violences sexuelles à l’égard des enfants en mars 2022. Au total, 2,627 enfants ont été libérés.

Globalement, 71 violations ont été vérifiées au Nord-Kivu, 48 en Ituri, 30 au Tanganyika, 6 au Sud Kivu et 2 au Maniema.

Plus largement, l’ONU estime que des civils continuent de payer un très lourd tribut à cause des conflits multiformes dans l’Est du pays, entraînant des déplacements forcés ainsi que des violations du droit international humanitaire et des droits de l’Homme.

Cette insécurité « entraîne des conséquences négatives en termes de protection, d’accès aux services, de sécurité alimentaire, de nutrition, d’éducation, etc », a déclaré lors d’un point de presse à Kinshasa, Bruno Lemarquis, Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU en RDC.

Pour le Coordonnateur humanitaire et Coordonnateur résident des Nations Unies en RDC, la protection des civils, le rétablissement de la sécurité, et la stabilisation sont donc essentiels – et sont en premier ressort la responsabilité de l’Etat.

Des incidents visant aussi des travailleurs humanitaires

Pour répondre à ces besoins humanitaires et aux besoins des personnes les plus vulnérables, les défis sont nombreux, notamment en termes d’espace humanitaire, d’accès humanitaire, et de financement.

« Les acteurs humanitaires, qui sont là pour atténuer les souffrances des personnes les plus dans le besoin, doivent également pouvoir faire leur travail, ils ne doivent pas être des cibles – et vous savez qu’il y a eu trop d’incidents visant des travailleurs humanitaires, y compris récemment », a fait remarquer M. Lemarquis.

Plus globalement, « la situation humanitaire n’est qu’une indication de la température sur le thermomètre ».

« L’aide humanitaire n’étant pas la solution, il est donc essentiel de travailler, collectivement, sur les causes profondes, structurelles, que j’appelle les nœuds gordiens, qui sont à la source de l’instabilité, de l’insécurité, et des déficits de développement. », a conclu le Représentant spécial adjoint, relevant l’importance « de trouver un équilibre entre la réponse aux symptômes, et le travail sur les causes structurelles ».

La situation sécuritaire dans l’Est du pays fait de la crise humanitaire en RDC l’un des plus complexes du monde et des plus longues au monde, depuis des décennies. Le plan de réponse humanitaire pour 2022 de de 1,9 milliards de dollars  pour venir en aide à 8,8 millions de personnes parmi les plus vulnérables, a été financé à hauteur de 3,9 % (73 millions).