L'actualité mondiale Un regard humain

Myanmar : Michelle Bachelet dénonce la condamnation d'Aung San Suu Kyi à la prison

Aung San Suu Kyi témoigne devant la Cour internationale de Justice (CIJ) des Nations Unies le 10 décembre 2019.
CIJ/Frank van Beek
Aung San Suu Kyi témoigne devant la Cour internationale de Justice (CIJ) des Nations Unies le 10 décembre 2019.

Myanmar : Michelle Bachelet dénonce la condamnation d'Aung San Suu Kyi à la prison

Droits de l'homme

La cheffe des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a dénoncé lundi la peine de quatre ans d’emprisonnement (ramenée ensuite à deux ans) prononcée au Myanmar contre Aung San Suu Kyi, à l’issue d’un « simulacre de procès » et a demandé sa libération immédiate.

« La condamnation de la conseillère d’État, Aung San Suu Kyi, à l’issue d’un simulacre de procès dans le cadre d’une procédure secrète devant un tribunal contrôlé par les militaires n’a rien d’autre qu’une motivation politique », a déclaré dans un communiqué, Mme Bachelet, relevant qu’il « ne s’agit pas seulement d’une privation arbitraire de sa liberté, mais cela ferme une autre porte au dialogue politique » au Myanmar.

L’ex-Cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi a été condamnée à 4 ans de prison pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées à la pandémie de Covid-19. Peu après, sa peine a été ramenée à deux ans. La prix Nobel de la paix, 76 ans, est assignée à résidence depuis le coup d’Etat du 1er février dernier qui a mis un terme brutal à la transition démocratique en cours au Myanmar depuis 2010.

Plus de 10.000 opposants depuis le coup d’État dont au moins 175 personnes mortes en prison

« Les militaires tentent d’instrumentaliser les tribunaux pour éliminer toute opposition politique », a fait valoir Mme Bachelet. « Mais ces affaires ne peuvent pas fournir un vernis juridique à l’illégitimité du coup d’État et du régime militaire », a-t-elle insisté.

Pour la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, la condamnation de Suu Kyi « ne fera qu’approfondir le rejet du coup d’État ». « Cette condamnation va durcir les positions alors que ce qu’il faut, c’est le dialogue et un règlement politique et pacifique de cette crise », a-t-elle fait remarquer.

Mme Bachelet a également indiqué que l’armée, connue sous le nom de Tatmadaw, avait détenu plus de 10.000 opposants depuis le coup d’État et qu’au moins 175 personnes, dont de nombreux membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Suu Kyi, seraient mortes en détention, « très probablement à la suite de mauvais traitements ou d’actes de torture ». Elle a appelé à la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement.

Un camion de l’armée fonce sur des manifestants à Yangon

Par ailleurs, la Cheffe des droits de l’homme de l’ONU a condamné ce qu’elle a qualifié d’attaque « vicieuse et tout à fait répréhensible » perpétrée hier dimanche dans le township de Kyimyindaing, à Yangon, où les forces de sécurité ont utilisé un camion pour « foncer sur des manifestants non armés et ont ensuite tiré sur le groupe à balles réelles ». Mme Bachelet estime que de tels « événements risquent d’exacerber encore les tensions et la violence ».

De son côté, le Coordonnateur résident par intérim des Nations Unies au Myanmar a condamné hier dimanche, « cette attaque avec la plus grande fermeté ». « La liberté d’expression est un droit humain fondamental et l’action des forces de sécurité est totalement inacceptable », a dénoncé dans un communiqué Ramanathan Balakrishnan, ajoutant que les responsables doivent rendre des comptes.

Selon l’ONU, « plus de 1.300 femmes, enfants et hommes ont perdu la vie dans les violences politiques au Myanmar depuis que les militaires ont pris le contrôle du gouvernement démocratiquement élu le 1er février dernier ».

« Plus de dix mois plus tard, je réitère les propos du secrétaire général des Nations unies, qui est consterné par la violence qui sévit dans le pays et qui a exhorté la communauté internationale à travailler collectivement et bilatéralement pour aider à mettre fin à la répression », a conclu M. Balakrishnan.