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Un garçon de cinq ans tient son petit frère dans ses bras dans un camp de personnes déplacées à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan.

Afghanistan : le HCR déplore l’expulsion de réfugiés par le Pakistan, l’Iran et le Tadjikistan

© UNICEF Afghanistan
Un garçon de cinq ans tient son petit frère dans ses bras dans un camp de personnes déplacées à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan.

Afghanistan : le HCR déplore l’expulsion de réfugiés par le Pakistan, l’Iran et le Tadjikistan

Migrants et réfugiés

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) s’est inquiétée, mercredi, par l’intensification des expulsions d’Afghans, en quête de sécurité dans ces pays, avec des frontières fermées à la plupart d’entre eux.

« Les expulsions d’Afghans depuis le Pakistan, l’Iran et le Tadjikistan se sont intensifiées depuis le mois d’août », a indiqué le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). 

Les médias locaux citant les autorités iraniennes rapportent que jusqu’à 5.000 Afghans arrivent chaque jour en Iran. 

Parallèlement, le HCR estime qu’en moyenne 3.000 Afghans ont été expulsés quotidiennement d’Iran vers l’Afghanistan entre août et novembre.  Au Pakistan voisin, des déportations de quelque 1.800 Afghans ont été signalées en septembre et octobre. 

Depuis le début de l’année, plus de 80.000 Afghans se sont réfugiés dans les pays voisins dont près de 60% au Pakistan et plus de 30% en Iran

Au Tadjikistan aussi, vingt-trois demandeurs d’asile afghans, dont des femmes et des enfants, ont été expulsé en octobre dernier. 

« Nous appelons les autorités de tous les pays à cesser immédiatement le retour forcé des Afghans, dont beaucoup peuvent avoir besoin d’une protection en tant que réfugiés », a déclaré dans un communiqué le Directeur du Bureau régional du HCR pour l’Asie et le Pacifique Indrika Ratwatte.

Des frontières terrestres ouvertes presque exclusivement aux personnes munies des passeports et des visas

D’une manière générale, l’Agence onusienne est profondément préoccupée par l’escalade des risques auxquels sont confrontés les Afghans qui cherchent à fuir vers les pays voisins, alors que la situation en Afghanistan continue de se détériorer. 

À ce jour, les frontières terrestres de l’Afghanistan avec le Pakistan et l’Iran sont ouvertes presque exclusivement aux personnes munies des passeports et des visas requis.

Selon le HCR, un petit nombre de cas médicaux sont parfois autorisés à entrer exceptionnellement au Pakistan sans documents. Les frontières terrestres du Tadjikistan et de l’Ouzbékistan sont également entièrement fermées aux Afghans. 

« Si tous les pays ont le droit souverain de réglementer leurs frontières, des exceptions doivent être faites pour les personnes en quête de sécurité », a ajouté M. Ratwatte, insistant sur l’importance de ce « geste humanitaire qui sauve des vies et constitue la pierre angulaire du système d’asile international ».

Une mère de six enfants s'occupe de son plus jeune enfant dans la province de Khorasan en Iran.
UNICEF Iran/Mehdi Sayyari
Une mère de six enfants s'occupe de son plus jeune enfant dans la province de Khorasan en Iran.

Des Afghans ont recours à des passeurs pour quitter leur pays

Alors que les frontières officielles restent fermées à la grande majorité des Afghans, le HCR a connaissance de demandeurs d’asile qui traversent les pays voisins par des voies non officielles. Beaucoup de ceux qui entrent en Iran déclarent avoir eu recours à des passeurs pour quitter l’Afghanistan. 

« La plupart d’entre eux ont déclaré au HCR et à ses partenaires qu’ils avaient été exposés à de graves risques de protection au cours de leur voyage - notamment des extorsions, des passages à tabac et d’autres violences, en particulier à l’encontre des femmes et des jeunes filles », a détaillé le Directeur du Bureau régional du HCR pour l’Asie et le Pacifique.

Même avant la crise humanitaire actuelle, des milliers d’Afghans traversaient quotidiennement le Pakistan et l’Iran, principalement pour faire du commerce, recevoir des soins médicaux ou voir des membres de leur famille. La majorité des mouvements étaient temporaires, les personnes retournant en Afghanistan après une courte période.

Depuis le mois d’août, cependant, le HCR a reçu un nombre croissant d’Afghans vivant dans les pays voisins qui ont contacté nos bureaux et nos partenaires, indiquant leur intention de demander l’asile. D’autres personnes encore en Afghanistan déclarent espérer atteindre les pays voisins pour accéder à la protection internationale.

Une jeune fille afghane a fui en Iran avec sa famille et a vécu dans un camp de réfugiés pendant cinq ans avant de retourner en Afghanistan.
©UNICEF/Abdul Sami Malik
Une jeune fille afghane a fui en Iran avec sa famille et a vécu dans un camp de réfugiés pendant cinq ans avant de retourner en Afghanistan.

Plus 2,2 millions de réfugiés afghans dont la majorité au Pakistan et en Iran

Les obstacles persistants à l’éducation des filles et les restrictions à la liberté de mouvement et au travail des femmes continuent d’entraver la vie quotidienne de près de la moitié de la population afghane et de faire obstacle à l’aide humanitaire. 

Le ciblage des minorités religieuses et ethniques, ainsi que l’intimidation et l’assassinat de militants des droits de l’homme, mettent encore plus en évidence les risques mortels auxquels sont confrontés de nombreux Afghans. 

La détérioration de l’économie et la faim généralisée en Afghanistan pourraient contraindre des milliers d’autres personnes à quitter l’Afghanistan pour survivre.

Depuis le début de l’année, plus de 80.000 Afghans se sont réfugiés dans les pays voisins dont près de 60% au Pakistan (près de 60.000) et plus de 30% en Iran (plus de 27.000). 

Au total, il y a plus 2,2 millions de réfugiés afghans en Iran, Pakistan, Tadjikistan, Ouzbékistan, Turkménistan. Mais la majorité d’entre eux se trouvent au Pakistan (1, 4 millions) et en Iran (780.000).

Depuis le début de l’année, plus de 667.000 Afghans, dont 20 % de femmes et 60 % d’enfants, ont été également déplacés à l’intérieur du pays en raison du conflit et de l’insécurité.