L'actualité mondiale Un regard humain

Après le retrait d'une mission de paix, l’implication des acteurs nationaux est cruciale, dit le chef de l’ONU au Conseil de sécurité

Une officiere de police chinoise déployée au sein de la Mission des Nations unies au Libéria (MINUL), parle à une jeune fille lors d'une patrouille.
UN Photo/Albert Gonzalez Farran
Une officiere de police chinoise déployée au sein de la Mission des Nations unies au Libéria (MINUL), parle à une jeune fille lors d'une patrouille.

Après le retrait d'une mission de paix, l’implication des acteurs nationaux est cruciale, dit le chef de l’ONU au Conseil de sécurité

Paix et sécurité

Même si les missions de maintien de la paix de l'ONU peuvent aider à remettre un pays sur la bonne voie après un conflit, seul un engagement des gouvernements nationaux peut préserver cet acquis, a déclaré mercredi le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, lors d'une réunion du Conseil de sécurité.

M. Guterres a partagé quatre leçons tirées de l'expérience de l'ONU en matière de maintien et de consolidation de la paix, notamment en République démocratique du Congo (RDC) et au Soudan.

Il a déclaré que le chemin vers une transition post-conflit réussie commence lorsqu'une mission arrive pour la première fois dans un pays. « Le succès dépend d'une collaboration précoce et soutenue entre les missions sur le terrain, les gouvernements hôtes, les équipes de pays des Nations Unies et les partenaires locaux et mondiaux. Et cela dépend du renforcement de la confiance avec les personnes et les communautés que nous sommes là pour servir », a-t-il déclaré.

Le Secrétaire général a placé la consolidation de la paix, le renforcement de la résilience et la prévention d'un retour à la guerre au cœur de son programme de prévention, conformément à l'initiative Action pour le maintien de la paix (A4P) lancée il y a trois ans.

La phase suivante, A4P Plus, annoncée en mars, se concentre sur des domaines clés pour aider les pays à protéger les gains durement acquis une fois que les missions de l'ONU ont terminé leur mandat.

« Le retrait des opérations de maintien de la paix de l'ONU peut être un moment passionnant pour un pays sortant d'un conflit et impatient de retrouver la paix. Mais c'est aussi un moment de risque accru », a déclaré M. Guterres. « Des années de consolidation de la paix et de gains de protection sont en jeu. L'attention mondiale peut diminuer – y compris peut-être l’attention de ce Conseil ».

Engagement soutenu

L'une des principales leçons que l'ONU a apprises est que l'engagement politique doit être soutenu tout au long de la transition et au-delà. Le Secrétaire général a déclaré que cela comprend l'intensification de la collaboration avec les gouvernements locaux et nationaux pour reconstruire les systèmes vitaux.

Le leadership national et l'appropriation du processus de transition sont également importants et essentiels à A4P Plus, a-t-il ajouté, soulignant le rôle essentiel des parties prenantes dans le maintien d'une paix durable.

« Nous voulons nous assurer que les institutions gouvernementales nationales, les partenaires et les groupes de la société civile – en particulier ceux représentant les femmes, les minorités et les jeunes – travaillent tous ensemble pour faire avancer la paix et construire des institutions vraiment représentatives, réactives et responsables », a déclaré M. Guterres.

La fermeture d'une mission de l'ONU coïncide souvent avec une diminution des flux d'aide étrangère, et cela peut mettre en péril les efforts fragiles de paix et de développement.

Alors que le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix vise à combler partiellement ces lacunes, le Secrétaire général a souligné la nécessité d'un financement accru.

La dernière leçon apprise porte sur le soutien aux autorités nationales dans la mise en place de systèmes de sécurité et de protection plus solides. « Lorsqu'une mission de l'ONU se termine, les risques pour les civils et les groupes vulnérables ne disparaissent pas tout simplement », a déclaré M. Guterres. « Nous devons nous assurer que les parties au conflit respectent leurs obligations en vertu du droit international. Et nous avons besoin de l'aide de ce Conseil pour faire face à toutes les menaces qui subsistent contre les civils ».

Des femmes Casques bleus servant au sein de la MONUSCO, en République démocratique du Congo (RDC).
MONUSCO/Kevin Jordan
Des femmes Casques bleus servant au sein de la MONUSCO, en République démocratique du Congo (RDC).

Leçons du Libéria

L'ancienne Présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, a également expliqué comment plus de 15 ans de maintien de la paix des Nations Unies ont contribué à la paix actuelle dans son pays natal.

La Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), qui a fermé ses portes en 2018, a été créée à la suite de deux guerres civiles qui ont fait près de 250.000 morts. À son apogée, plus de 180.000 casques bleus, 16.000 policiers et 24.000 civils y travaillaient, a-t-elle déclaré.

Mme Johnson Sirleaf a recommandé que les plans de transition reconnaissent les spécificités et les circonstances particulières des pays, et qu'ils soient flexibles.

Comme le Secrétaire général, elle a souligné que le processus doit être pris en charge au niveau national, ainsi qu'intégré, cohérent et durable. « Une façon pour le Conseil de sécurité de soutenir ces ingrédients importants pour le succès est de les inclure dans le mandat de la mission », a-t-elle déclaré.

« Des activités spécifiques mesurables, y compris avec les organisations de la société civile, ainsi que les groupes de femmes et de jeunes, devraient être développées, soutenues, surveillées et rapportées », a-t-elle ajouté.

Mme Johnson Sirleaf a également souligné l'importance d'un engagement précoce dans la consolidation de la paix et la résolution des conflits, à la lumière des coûts substantiels des opérations de maintien de la paix. Elle a noté que près de 8 milliards de dollars ont été dépensés au Libéria.

« On peut soutenir qu'avec un nouvel objectif, nous dépenserons probablement moins pour prévenir les conflits, par exemple au Cameroun et au Myanmar, où les signaux d’alerte deviennent de plus en plus forts », a-t-elle déclaré.