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Conflit du Tigré : Guterres appelle à la cessation immédiate des hostilités

Une femme amène son enfant à une clinique à Wajirat dans le sud du Tigré, en Ethiopie, pour vérifier son état de malnutrition.
© UNICEF/Christine Nesbitt
Une femme amène son enfant à une clinique à Wajirat dans le sud du Tigré, en Ethiopie, pour vérifier son état de malnutrition.

Conflit du Tigré : Guterres appelle à la cessation immédiate des hostilités

Paix et sécurité

Le Conseil de sécurité a examiné jeudi après-midi la situation en Ethiopie, où un conflit qui a commencé il y a dix mois dans la région du Tigré s’étend dans le reste du pays. Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé une nouvelle fois à la cessation immédiate des hostilités.

« Toutes les parties doivent mettre fin immédiatement aux hostilités sans conditions préalables et saisir la possibilité de négocier un cessez-le-feu durable », a déclaré M. Guterres devant les membres du Conseil.

« Les forces étrangères devraient quitter le pays. L'accès humanitaire sans restriction à toutes les zones dans le besoin doit être garanti et les travailleurs humanitaires doivent être respectés. Les services publics doivent être rétablis », a-t-il ajouté.

Il a estimé qu’il y avait une opportunité de résoudre le conflit de manière pacifique, et que les belligérants devaient la saisir dans l'intérêt de l'Éthiopie. « Les conditions doivent être créées pour le démarrage d'un dialogue politique national inclusif », a-t-il dit, précisant qu’il avait été en contact avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et avait reçu une lettre du Président de la région du Tigré en réponse à son appel de la semaine dernière.

Le Secrétaire général a déclaré que l’ONU était prête à travailler avec l'Union africaine et d'autres partenaires clés pour soutenir un tel dialogue.

Pas de solution militaire au conflit

Selon M. Guterres, toutes les parties doivent reconnaître une vérité simple : il n'y a pas de solution militaire.

« L'unité de l'Éthiopie et la stabilité de la région sont en jeu. Les lignes de front militaires du Tigré ont maintenant atteint les régions d'Amhara et d’Afar », a-t-il observé, notant que la déclaration d'un cessez-le-feu unilatéral par le gouvernement éthiopien le 28 juin et le retrait des forces de défense nationale éthiopiennes de Mekele (la capitale du Tigré) n’avaient pas conduit à un cessez-le-feu global.

Le chef de l’ONU a également prévenu qu’une catastrophe humanitaire était en train de se dérouler. Plus de deux millions de personnes ont été déplacées de leurs foyers, et des millions d'autres ont un besoin immédiat d’aide humanitaire. Au moins 400.000 personnes vivent dans des conditions proches de la famine.

L'ONU et ses partenaires humanitaires se sont mobilisés pour atteindre plus de 5 millions de personnes avec de la nourriture ou d'autres produits de première nécessité. Mais la capacité de réponse est sévèrement limitée « par l'insécurité, les retards et une multitude de restrictions arbitraires sur le travail des organisations humanitaires ».

« L'accès terrestre au Tigré dépend désormais d'une seule route, à travers la région d’Afar, ce qui implique de passer par de nombreux postes de contrôle. Les organisations humanitaires ont besoin qu’environ 100 camions d'assistance et de fournitures atteignent Mekele chaque jour. Mais, depuis la mi-juillet, moins de 10 camions par jour en moyenne ont pu passer. Aucun camion n'est arrivé depuis plus d'une semaine, alors que les entrepôts alimentaires sont maintenant vides », a dit le Secrétaire général.

Le conflit fait peser également un lourd tribut économique. « Les combats ont déjà drainé plus d'un milliard de dollars des coffres du pays. La dette monte. L'accès au crédit s'assèche. L'inflation est de plus en plus élevée. Les produits alimentaires de base commencent à manquer. Pendant ce temps. L'Éthiopie souffre de la cinquième incidence la plus élevée de cas de Covid-19 sur le continent », a constaté le chef de l’ONU.